Il y a 150 ans mourait le Grand Marais
Paul Dändliker, inspecteur à l'office fédéral de l'environnement, nous explique les raisons et les conséquences de la correction des eaux du Jura.
Paul Dändliker, inspecteur à l'office fédéral de l'environnement, nous explique les raisons et les conséquences de la correction des eaux du Jura.
En 1868 s’ouvrait le chantier colossal de la Correction des eaux du Jura. Rappelez-nous les faits…
Autrefois, la plaine entre les lacs de Morat, Bienne et Neuchâtel, nommée Seeland, était un immense marécage : le Grand Marais. Les crues de l’Aar, de la Vieille-Thielle et de la Vieille-Broye inondaient régulièrement cette région. Un paradis pour les moustiques et la malaria. Un enfer pour les habitants qui mouraient de ces maladies et voyaient leurs cultures détruites par la montée des eaux. Le Conseil fédéral a donc donné le feu vert pour stopper cette misère.
Qu’est-ce que les ingénieurs ont proposé ?
Utiliser les lacs de Bienne, Neuchâtel et Morat comme des réservoirs tampons capables de stocker l’eau de crue. L’Aar, qui coulait librement dans le Seeland, a été déviée vers le lac de Bienne. En parallèle, les canaux de la Thielle et de la Broye ont été élargis. Ce système de plans d’eau connectés a permis de diminuer le risque d’inondation.
les marais ont cédé la place aux cultures…
Absolument! Les travaux ont abaissé le niveau d’eau des trois lacs de 2,5 m et asséché 400 km2 de zones humides en créant le plus grand potager du pays. Déjà dramatiquement affectée par ces drainages, la biodiversité a probablement encore plus souffert de la mise en culture de ces terres fertiles et de son intensification progressive.
La nature en est-elle sortie perdante ?
Probablement, mais on oublie souvent un heureux effet secondaire de l’abaissement du niveau d’eau : la naissance de nombreux autres milieux humides autour des lacs. C’est le cas de la Grande Cariçaie, de la presqu’île de Saint-Pierre ou de l’embouchure de la Broye dans le lac de Morat. De véritables havres de biodiversité.
Continuez la lecture avec le récit de Karine Devot auteure de Guêpe et paix.
En Belgique, une association rend l'accès à la nature possible à tous.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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