La rosalie des Alpes en 4 informations étonnantes
Comment la rosalie des Alpes se reproduit-elle ? D'où vient son nom ? Où vit-elle ? L'insecte lui-même répond à nos questions.
Comment la rosalie des Alpes se reproduit-elle ? D'où vient son nom ? Où vit-elle ? L'insecte lui-même répond à nos questions.
Rosalie, qu’est-ce qui te rend unique ?
Ma beauté atypique ? Jugez vous-même : élégante tenue de velours bleu et noir, longues antennes assorties qui portent chacune quatre à cinq pompons de poils sombres. J’ai aussi une taille impressionnante, bien que très variable
(14 à 40 mm juste pour le corps) et 26 cousines Rosalia, principalement en Asie. Moi, Rosalia alpina, je suis la seule représentante de mon genre en Europe. Impossible de me confondre avec qui que ce soit sur le continent ! Hormis des formes rarissimes toutes bleues ou entièrement noires, j’ai en général trois paires de taches dorsales, la plus grande au centre. Ces dernières forment un motif unique, tout comme la robe du lynx ou vos empreintes digitales, ce qui permet de nous reconnaître individuellement ! Ainsi, un logiciel d’identification photo a été développé en Italie pour faciliter le suivi de mes populations. Enfin, remarquez que tout mon corps est couvert de poils duveteux : en forme de tuiles sur les zones sombres, ils captent la chaleur comme des panneaux solaires. Ailleurs, un duvet plus léger agit comme un climatiseur. Malin, non ?
Rosalie, comment aimes-tu ?
Quand je deviens enfin adulte, je n’ai que quelques jours devant moi et il faut faire vite question reproduction ! Le speed dating, vous connaissez ? Déjà, rejoindre au plus vite un lieu de rendez-vous collectif, un arbre accueillant pour la descendance. Ensuite, attirer les partenaires grâce à notre subtil parfum volatil. On détecte ces phéromones non pas à l’aide d’un nez, mais de nos antennes géantes qui atteignent la longueur du corps chez les femelles et près du double chez les mâles. Ces messieurs sont, en général, les premiers à sortir. Ils défendent un territoire – une portion de tronc ensoleillée – contre tout concurrent. Les lutteurs se coursent et se repoussent, mandibule contre mandibule, parvenant parfois à catapulter l’adversaire dans le vide. Quand vient une femelle, le gagnant monte sur son dos pour une étreinte qui dure quelques heures. Peu de temps après, celle-ci tâte le bois pour en évaluer la qualité avec son organe de ponte situé à l’arrière de l’abdomen. A chaque craquelure d’écorce ou de bois nu détectée, cette tige télescopique s’allonge sur plusieurs millimètres. Parcourue de spasmes, elle dépose un à un de petits œufs blanc nacré, allongés et collants. Bonne chance, la descendance !
Rosalie, pourquoi ce nom ?
C’est ici, dans la vallée de la Tamina (Saint-Gall), que le naturaliste J. J. Scheuchzer a collecté la rosalie qui a servi de modèle à Linné, le père de la classification du vivant, pour décrire l’espèce.
N’étant ni une fleur, ni de couleur rose, allez savoir ce qui s’est passé dans la tête de celui qui a baptisé mon genre Rosalia en 1833, l’entomologiste français Audinet-Serville. Je m’amuse à penser que c’était en hommage à une femme aimée...
Et pourquoi diable les savants de l’époque m’ont-ils qualifiée d’alpine, moi qui fréquente également volontiers les hêtraies ensoleillées des Pyrénées, du Jura et du Massif central ? La faute au célèbre Linné. Quand il m’a décrite en 1758, il s’est basé sur un spécimen collecté dans la vallée de la Tamina, au cœur des Alpes suisses (> voir carte). Loin d’être une montagnarde pure souche, je monte rarement à plus de 1 500 m et j’apprécie localement les bocages et zones humides de plaine, comme le Marais poitevin. Là, j’adopte les frênes et saules têtards. Ainsi, on me rencontre en Europe centrale et méridionale, sur une large bande qui part de la chaîne Cantabrique à l’ouest pour s’étendre jusqu’à l’Oural et au Caucase à l’est.
Rosalie, es-tu en danger ?
Eh oui, je suis menacée d’extinction, classée vulnérable par l’IUCN. Car au fil des siècles, les humains m’en ont fait voir de toutes les couleurs. Vous avez d’abord ratiboisé mon habitat pour la production de bois de chauffage. En me capturant au passage pour ma beauté. Puis, les forêts sont revenues, mais vous les avez nettoyées, disiez-vous. Heureusement, vous avez compris, il y a cinquante ans, l’importance du bois mort pour la santé du milieu forestier. Enfin, vous avez remplacé certaines hêtraies par des cultures denses de résineux sans intérêt.
Heureusement, ces dernières décennies, mon déclin et ma beauté m’ont attiré de la sympathie. La preuve, je figure sur les timbres postaux de douze pays ! Classée espèce prioritaire au niveau européen, je me porte mieux par endroits. Mais mes habitats restent très fragmentés et mes populations isolées ont peu de chances de s’agrandir vu mes capacités de dispersion limitées, à peine plus de 1,5 km pour un adulte en vol. Sans compter que mes chers hêtres souffrent avec les bouleversements climatiques. Alors… à l’action !
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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