A la découverte du Petit Ballon dans les Vosges
Dans le massif des Vosges, l’hiver sublime chaque détail du paysage. Balade frissonnante sur les hauteurs de Colmar, entre forêts d’épicéas, empreintes dans la neige et chaos granitique.
Dans le massif des Vosges, l’hiver sublime chaque détail du paysage. Balade frissonnante sur les hauteurs de Colmar, entre forêts d’épicéas, empreintes dans la neige et chaos granitique.
« Il faut prévoir des vêtements chauds, la température sera glaciale ! », prévient Sophie Picou, chargée de mission Natura 2000 au parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges. En effet, le mercure restera sous les -10 °C toute la journée autour du Petit Ballon. Culminant à 1 272 m, ce sommet est directement exposé aux vents d’ouest. « Ici, le climat est proche de celui qu’on retrouve à environ 2 000 m d’altitude dans les Alpes », avance mon accompagnatrice. Gants, écharpe, bonnet et grosse veste, nous entamons notre balade bien emmitouflés. Le ciel est d’un bleu azur et le paysage immaculé, quel spectacle ! La moindre brindille est comme enveloppée d’un velours blanc, brillant de mille feux sous les rayons du soleil.
Nos pas crissent dans la neige tombée la veille. Parsemée de nombreuses traces, elle révèle l’intense vie nocturne des mammifères, moins actifs en journée. Des empreintes de lièvre brun croisent par endroits celles de chevreuils. Ici, ils ont gratté le manteau neigeux pour atteindre quelques herbes sèches peu nourrissantes.
Hécatombe silencieuse
Dès nos premiers pas dans la forêt, nous remarquons certains résineux dont le tronc est écorcé sur un bon mètre. « Ces épicéas sont morts sur pied, ils ont été attaqués par les scolytes », précise Sophie Picou. Ces coléoptères de quelques millimètres se nourrissent du bois tendre sous l’écorce. Ils bénéficient d’hivers de plus en plus doux, tandis que les mécanismes de défense des arbres, affaiblis par des sécheresses répétées, sont moins efficaces. Même si les cumuls annuels de précipitations restent importants, les étés secs se multiplient et le mince sol vosgien retient peu l’eau.
De son cri nasillard, un cassenoix moucheté vient rompre le silence forestier. En s’envolant, il emporte une myriade de minuscules flocons scintillants.
Défis d’hiver
Pour la faune, cette saison est critique. Chaque déplacement provoque une importante dépense d’énergie. Quant à la nourriture, elle est rare et difficile d’accès.
« Pour les espèces les plus vulnérables, la période sensible s’étend de décembre à juin. Car après la saison froide vient le moment de la reproduction, tout aussi délicat », explique ma guide. Le grand tétras est l’un de ces amateurs de grand calme qu’il faut à tout prix laisser en paix.
Notre parcours passe à proximité d’une zone de tranquillité. Ces espaces ont été délimités pour que mammifères et oiseaux n’aient pas à subir des dérangements répétés. Elles sont recensées sur le site quietudeattitude.fr créé dans le cadre du programme de sensibilisation Quiétude attitude : sauvagement responsables, initié par le PNR en partenariat avec de nombreux acteurs locaux. Un tableau y synthétise également la réglementation qui s’applique dans les aires protégées.
Les pelouses du Petit Ballon
Les hautes chaumes, mosaïques de landes et de prairies situées au-dessus de 1 000 m, couvrent les hauteurs du Petit Ballon. « Le PNR travaille avec les agriculteurs pour préserver cet habitat », souligne la chargée de mission. « Ici, le pâturage est extensif et la plupart des vaches sont des vosgiennes. Cette race typique de la région a bien failli disparaître dans les années 1970 », ajoute-t-elle en se faufilant dans une chicane en bois pour franchir la clôture. Seuls ces quelques poteaux et le fil de fer qui les relie, transformé en une épaisse guirlande neigeuse, indiquent que des ruminants sont présents durant l’été.
Le Grand Ballon, au sud, est facilement identifiable, coiffé de l’imposante coupole du radar installé à son sommet. Au nord-est, la crête des Vosges et le Hohneck, cachés par une écharpe nuageuse, ne se laissent entrevoir que par moments.
Plus bas, le surprenant chaos granitique du Steinberg n’est pas sans évoquer des menhirs. Certains sont fièrement dressés, un peu à l’écart, d’autres sont groupés comme s’ils avaient été déposés là pour magnifier les lieux. Ces colosses sont recouverts de lichens jaune-vert mis en valeur par un paysage tout de blanc et de bleu.
Perchées bien en évidence, des grives draines et litornes se font remarquer par leurs trilles et leurs jacassements. Au loin, dans la pente, trois chevreuils avancent maladroitement. Bien que le manteau neigeux n’excède pas 20 cm, il suffit à entraver leurs déplacements. Nous sommes aussi, il faut bien l’admettre, moins à l’aise que sur un sol ferme. Une raison de plus pour ne pas quitter les sentiers.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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