Une abeille sauvage squatte la coquille vide de l’escargot
Les coquilles d'escargots abandonnées ne sont pas perdues pour tout le monde. Quelques abeilles fascinantes y dissimulent leur descendance.
Les coquilles d'escargots abandonnées ne sont pas perdues pour tout le monde. Quelques abeilles fascinantes y dissimulent leur descendance.
Jolies abeilles solitaires poilues, les osmies ont un gros souci. Qu'elles pondent leurs œufs dans l'épaisseur d'un bambou, dans la fissure d'un mur ou dans un trou qu'elles ont creusé dans le sol, cela n'y change rien. Dès qu'elles ont le dos tourné, une guêpe métallisée vient parasiter leur nid en pondant un petit œuf qui est une véritable bombe à retardement : la larve qui en sortira dévorera les jeunes abeilles. Trois ou quatre espèces d'osmies ont trouvé une parade en construisant de solides cellules dans des coquilles d'escargots. La championne du genre est l'osmie bicolore, interprète d'une prodigieuse pièce en huit actes.
1) L'abeille localise une coquille abandonnée à sa taille. Elle vérifie qu'elle peut facilement la faire tourner. puis s'arrange pour en orienter l'ouverture vers le bas pour éviter toute inondation.
2) Elle découpe des morceaux de feuilles qu'elle mâchouille longuement. Puis elle applique cette peinture de camouflage sur la coquille jusqu'à la recouvrir entièrement.
3) Elle visite des centaines de fleurs de pissenlit, de coronille ou de bugle pour amasser au fond de la spirale une importante réserve de nectar et de pollen : des vivres pour son futur bébé.
4) Elle prépare une provision d'un mortier de feuilles mâchées. Puis elle pond un œuf unique contre le garde-manger et le pro
5) Elle entasse dans la coquille d'escargot des dizaines de gravillons et de petits bouts de bois.
6) Elle rajoute à l'extérieur une seconde, voire une troisième cloison de mortier.
7) Elle retourne la coquille ouverture contre terre, puis l'enfonce en creusant pour en boucher complètement l'accès.
8) L'osmie bicolore cache finalement entièrement la coquille sous une pyramide végétale faite de centaines de brindilles et d'aiguilles qu'elle va chercher à dix mètres à la ronde.
Deux jours de travail ininterrompu, c'est ce qu'il faut au minimum à l'osmie bicolore pour aménager la demeure d'une seule larve. Durant sa vie courte et sportive, l'abeille pondra au maximum six ou sept œufs. Son pari ? Investir toute son énergie dans une descendance extrêmement peu nombreuse mais quasiment inparasitable.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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