Algues bleues, futur noir ?

Les cyanobactéries, plus connues sous le nom d'algues bleues peuvent poser problèmes si elles prolifèrent, les explications de Francesco Pomati.

Les cyanobactéries, plus connues sous le nom d'algues bleues peuvent poser problèmes si elles prolifèrent, les explications de Francesco Pomati.

Cyanobactéries, des algues bleues pour un futur noir ? - La Salamandre
Francesco Pomati Microbiologiste au Département d’écologie aquatique de l’Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux (Eawag) à Dübendorf (ZH)

Vous avez étudié l’évolution des cyanobactéries des lacs suisses au cours du dernier siècle en analysant leurs sédiments. Quels sont vos résultats ?

Nous avons constaté que la proportion d’espèces de cyanobactéries rares et caractéristiques de chaque lac a reculé depuis 1950, tandis que les espèces fréquentes et peu spécialisées ont doublé. Globalement, la diversité de ces algues bleues a augmenté dans certains lacs mais leurs communautés s’uniformisent dangereusement à l’échelle du pays.

Pour quelles raisons ?

Principalement à cause du réchauffement climatique et de l’utilisation excessive de fertilisants agricoles ou de lessives phosphatées dans les années 1960 et 1970. L’augmentation des températures et la forte disponibilité en nutriments dans de nombreux lacs ont favorisé le développement d’espèces jusque-là absentes. Dolichospermum lemmermannii, par exemple, était surtout présente dans les lacs du nord des Alpes mais progresse aujourd’hui au sud.

Comment ces bactéries peuvent-elles se déplacer d’un lac à un autre ?

Elles dérivent avec les courants, voyagent dans les rivières ou sont emportées par les vents et parcourent facilement des centaines de kilomètres. La coque d’un bateau, des bottes de pêcheur ou les pattes d’un oiseau font aussi l’affaire.

Cyanobactéries, des algues bleues pour un futur noir ? - La Salamandre
© Ambroise Héritier

Cela pose-t-il un problème ?

Beaucoup de ces nouvelles venues sont potentiellement dangereuses. Plus que la présence, c’est l’abondance de certaines cyanobactéries qui peut être problématique. Dans le lac de Zurich notamment, on surveille la concentration de Planktothrix rubescens car elle produit de puissantes toxines qui peuvent potentiellement contaminer la principale source d’eau potable de la ville.

En France, une abeille invasive s’incruste.

Couverture de La Salamandre n°245

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 245  avril - mai 2018
Catégorie

Sciences

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