© Mathieu Foulquié

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Planète algue

Les algues vertes flirtent avec la surface terrestre

Apparues il y a 540 millions d'années, les algues vertes verdissent le littoral, pour le meilleur comme pour le pire.

Apparues il y a 540 millions d'années, les algues vertes verdissent le littoral, pour le meilleur comme pour le pire.

Et ces filaments verts dans les piscines ou ces feuilles de laitue qui s’échouent sur la plage ? Bienvenue aux algues vertes ! Ce nouveau grand groupe naît près de la surface, dans les eaux superficielles longtemps impropres à la vie car bombardées d’ultraviolets. Heureusement, l’oxygène rejeté par les algues bleues et rouges renforce toujours davantage la couche d’ozone qui filtre le rayonnement solaire. Voilà qui permet il y a 540 millions d’années le développement de ces nouvelles venues. Baignées de lumière, elles n’ont plus besoin de colorant rouge ou bleu pour renforcer l’efficacité de la chlorophylle. L’illustre pigment vert suffit pour capter l’énergie solaire… et c’est lui évidemment qui colore tous ces végétaux.

Comme les algues rouges, les vertes doivent leur succès à un tour de passe-passe. Elles aussi ont séquestré des cyanobactéries douées de photosynthèse. Aujourd’hui, on peut parfaitement les voir au microscope dans toutes leurs cellules. Ces petits sacs verts appelés chloroplastes ont conservé leur membrane bactérienne et un peu d’ADN, mais ils ne peuvent plus vivre de manière indépendante. Ce sont eux à qui ces plantes doivent la production de sucres à partir de lumière, d’eau et de gaz carbonique.

Plancton microscopique, simples filaments, délicats éventails ou frondes composées… la diversité des algues vertes dans les océans est admirable. Elles n’ont pourtant pas bonne presse : en Méditerranée, deux algues exotiques Caulerpa ont successivement provoqué un désastre écologique suite à leur introduction accidentelle (> L’algue tueuse). Et sur la côte bretonne, c’est Ulva armoricana qui forme chaque été depuis trente ans des marées pestilentielles. La faute aux nitrates produits par l’agriculture industrielle qui saturent les nappes phréatiques et les rivières bretonnes. Ces fertilisants dopent le développement de cette algue qui pourrit à marée basse en empoisonnant le littoral (35 000 t). Les gaz toxiques qui s’en dégagent provoquent régulièrement des accidents mortels. Une raison de plus pour changer de modèle agricole.

Au bonheur d’un canard

Les characées ont quitté les océans pour vivre en eau douce. Ces algues aiment les bassins chauds, peu profonds et bien oxygénés. Dans le lac de Neuchâtel, l’amélioration de la qualité des eaux à partir de 1990 a permis la reconstitution de vastes herbiers aquatiques… des garde-manger plébiscités par un canard coloré et relativement rare : la nette rousse. Chaque hiver, 20 000 nettes hivernent sur ce lac, soit un tiers de la population européenne.

L’algue tueuse

En 1984, la jolie Caulerpa taxifolia s’échappe de l’aquarium de Monaco. Très vite, cette algue australienne prolifère en détruisant toute la végétation locale. Caulerpa pousse très vite et produit des substances toxiques qui dissuadent les herbivores. Heureusement, vingt ans plus tard, de manière mystérieuse, l’envahisseuse régresse. Soulagement ! Hélas, d’autres espèces exotiques dont sa cousine Caulerpa cylindracea déferlent à grande vitesse sur l’écosystème méditerranéen.

35 000 t

Algue verte Ulva armoricana
© Idealink Photography / Alamy

C’est la quantité d’algues vertes pourrissantes collectées sur les côtes bretonnes en 2019. Malgré plusieurs plans d’action, Ulva armoricana continue d’envahir chaque printemps le littoral. Pas étonnant : la quantité de lisier, de fientes et de fumier produite chaque année dans les quatre départements de la région Bretagne équivaut aux déjections de 50 millions d’habitants.

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Planète algue

Couverture de La Salamandre n°260

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 260  Octobre-Novembre 2020, article initialement paru sous le titre "Les vertes flirtent avec la surface"
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Sciences

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