Un amour de Marguerite
Au fond du jardin, dans les friches et au bord des chemins, elle s'épanouit en indisciplinés bouquets bicolores. Plutôt que la cueillir, observons la marguerite.
Au fond du jardin, dans les friches et au bord des chemins, elle s'épanouit en indisciplinés bouquets bicolores. Plutôt que la cueillir, observons la marguerite.
Proie innocente des amoureux qui l'effeuillent en rêvant, la marguerite est souvent négligée des botanistes et boudée par les jardiniers. Trop commune, trop banale. Et pourtant ! Chaque curieux de nature trouvera dans ses corolles blanches et or des merveilles inattendues. Il admirera sa capacité à s'installer dans chaque recoin de friche abandonnée, chaque bord de pré ou de chemin. Résistante, opiniâtre mais aussi généreuse pour un vaste cortège de pollinisateurs.
Comme les autres plantes de la famille des astéracées, la marguerite produit des fleurs groupées en capitules. Au centre, les petites fleurs ont des corolles jaunes en tube, tandis que, sur le pourtour, entre 15 et 30 fleurs arborent une grande ligule blanche, un appendice formé par la fusion de cinq pétales.
Fin de floraison. La marguerite abandonne sa robe colorée pour se concentrer sur la production de graines. Chaque plant produit entre 1000 et 26'000 semences. Contrairement à celles du pissenlit, elles ne possèdent pas d'appendice aérien. Du coup, elles dépendent d'événements accidentels tels les inondations ou le transport par un animal pour s'installer dans un endroit propice. Patientes, ces graines sont capables de survivre dans le sol une quarantaine d'années.
La marguerite produit des toxines activées par la lumière. Seuls quelques escargots se risquent à grignoter les jeunes pousses, tandis que de petites larves de papillon minent les feuilles de l'intérieur, bien à l'abri du soleil.
La marguerite colonise facilement les milieux ouverts où elle s'installe durablement grâce à ses rhizomes persistants et la production de stolons. Les capitules attirent une large faune de butineurs. Pour les admirer, il suffit de s'installer à proximité et d'éviter les gestes brusques qui pourraient les éloigner. Comme la plupart des insectes ne restent pas longtemps sur la même fleur, des photos pourront faciliter leur identification. Attention aux ressemblances trompeuses !
Si les syrphes sphaérophores ressemblent à des guêpes, elles n'en sont pas moins des diptères. Amatrices de pollen et de nectar à l'âge adulte, elles consomment des pucerons pendant leur vie larvaire.
Les éristales font penser à des abeilles. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce sont des mouches.
Les petites abeilles masquées ont des allures de guêpes. Mais on les reconnaît bien à leur face marquée de blanc et au bout de leurs pattes marquées de jaune.
Les oedémères sont de petits insectes qui se nourrissent de pollen. Ils possèdent de longues antennes et arborent souvent des reflets métalliques. Les mâles de plusieurs espèces se différencient facilement des femelles par leurs cuisses postérieures renflées.
Longicorne élégant, la lepture tachetée affiche une prédilection pour les fleurs de couleur claire qu'elle butine avidement avant de s'envoler vers d'autres agapes.
Les oedémères n'ont pas le monopole des cuisses hypertrophiées. Chez le sténoptère roux, mâles et femelles arborent des fémurs renflés à chaque paire de pattes.
Pas besoin de toile : l'araignée thomise chasse à l'affût. Sa robe claire peut adopter des coloris allant du jaune au blanc rosé. Véritable caméléon, elle est capable de modifier sa couleur en changeant d'environnement. Toutefois, cette performance semble avoir peu d'influence sur le succès de ses chasses. L'araignée se camouflerait plutôt pour éviter les prédateurs et les parasites. Astuce
Il ne faut pas seulement observer la surface des capitules : certains animaux se tapissent à l'ombre des ligules, soit pour se protéger du soleil et des prédateurs, soit pour guetter leur proie.
La mort guette parfois l'imprudent amateur de nectar. Le clairon des ruches apprécie le pollen, mais ce n'est pas sa seule nourriture. Il chasse activement sur les fleurs de petits insectes comme les oedémères. Ses larves s'en prennent aux abeilles dont elles parasitent les nids.
Des coccinelles ? Non, ce sont des anthrènes. Les élytres de ces petits coléoptères présentent des motifs géométriques aux tons gris, ocre, noir et blanc. Ils sont formés par de fines écailles qui couvrent la carapace. Beaucoup d'espèces consomment du pollen, mais aussi la matière organique sèche des nids d'oiseaux ou la poussière des maisons.
Identifier et participer
En France, une grande opération de recensement des insectes pollinisateurs est en cours. Pour participer ou simplement pour apprendre à reconnaître ces animaux : www.spipoll.org
Plus d'infos
Insectes de France et d'Europe occidentale, M. Chinery, Ed. Arthaud
La Hulotte n°84, Frissons d'ombelles
Guide des araignées et des opilions d'Europe, D. Jones, Ed. Delachaux et Niestlé Guide photo des araignées et arachnides d'Europe, H. Bellmann, Ed. Delachaux et Niestlé
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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