Astuces de rosiériste
Rencontre avec Alain Tschanz, rosiériste vaudois spécialiste des roses anciennes.
Rencontre avec Alain Tschanz, rosiériste vaudois spécialiste des roses anciennes.
Naissance d'une inédite
En théorie, il suffit de croiser deux rosiers en déposant le pollen du premier sur les stigmates du second, de récolter les fruits du pied mère, de semer les graines et, enfin, de voir ce que cela donne. La nature peut d'ailleurs très bien se charger de l'hybridation toute seule ! « En pratique, c'est quand même plus compliqué », tempère Alain Tschanz. « Il faut réaliser de multiples croisements et des centaines de semis avant d'obtenir une rose inédite ou portant les caractères souhaités. » Le rosier devra également être soumis à une batterie de tests de résistance au froid, au chaud ou aux maladies qui prennent en général plusieurs années. Passé ces différentes épreuves, la nouvelle rose pourra enfin être baptisée. En la matière, les rosiéristes n'ont jamais manqué d'imagination... ou de fantasmes : « Château de la Juvénie », « Cuisse de nymphe émue », « Ghislaine de Féligonde », « Glory d'Edzell », « Pénélope », « Pompon de Paris »...
Pour les professionnels, la dernière étape avant la commercialisation est la brevetisation : « Celle-ci se pratique surtout dans le monde de la rose moderne, car il y a un énorme enjeu économique. Plus le brevet est étendu, plus il coûte cher , précise Alain Tschanz. Lui-même a baptisé quelques-unes de ses créations, mais il s'est contenté de les protéger à l'échelon national.
En mai ou en juin, choisir quelques fleurs en bouton. Couper les pétales et les étamines avec des ciseaux, pour exclure l'autofécondation. Recouvrir les fleurs d'un cornet en papier ou d'un voile afin d'éviter l'entremise des insectes pollinisateurs.
Récolter en automne les fruits avant qu'ils ne soient blets et les stocker au frais et au sec. Entre décembre et mars, extraire les graines et les semer dans un endroit frais mais à l'abri du gel.
La germination débute en avril-mai. Repiquer les jeunes rosiers en pleine terre au début de l'été... et patienter jusqu'à l'apparition des premières roses.
En parallèle, prélever des étamines sur le rosier « père » et les garder dans une boîte jusqu'à ce qu'elles lâchent du pollen. Après 1 à 3 jours, déposer délicatement le pollen à l'aide d'un pinceau sur le pistil des fleurs « mères ». Remettre la protection.
Jargon de rosiériste: la fleur
Fleur simple : rose dont la corolle ne compte que 5 pétales, comme le type sauvage.
Fleur semi-double : la corolle compte 2 à 5 rangs de pétales.
Fleur double : la corolle a plus de 5 rangs de pétales, mais on voit encore les étamines.
Fleur pleine : elle a tant de pétales qu'on ne voit pas les organes reproducteurs... ou alors il n'y en a plus !
Fleur turbinée : les pétales nombreux s'imbriquent de façon à former un bouton serré et pointu, qui s'évase à la floraison.
Fleur en quartiers : les pétales paraissent assemblés en quatre groupes distincts.
Jargon de rosiériste: la rose
Roses botaniques : Ce sont les roses sauvages par excellence, dont il existe quelque 150 espèces de par le monde. Originaires des régions tempérées du globe, beaucoup d'entre elles s'acclimatent facilement dans nos jardins.
Roses anciennes : Ces roses-là sont cultivées depuis des temps immémoriaux. Elles sont issues de croisements naturels ou dirigés par l'homme entre des espèces sauvages originaires d'Europe ou du Moyen-Orient.
Roses modernes : Aussi appelées hybrides de thé, ces roses sont issues du croisement entre des rosiers originaires de Chine et des hybrides remontants, c'est-à-dire à floraisons multiples, datant du début du XIXe siècle.
Roses anglaises : C'est le fruit du travail de David Austin, dans les années 50, désireux de créer des roses modernes ayant l'apparence de roses anciennes. La remontance était le principal caractère recherché.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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