© SOS LRC

Au secours des rivières jurassiennes

Le collectif SOS Loue et rivières comtoises alerte l’opinion sur la terrible pollution qui touche les cours d’eau régionaux. Rencontre.

Le collectif SOS Loue et rivières comtoises alerte l’opinion sur la terrible pollution qui touche les cours d’eau régionaux. Rencontre.

Des années de dialogue et de réunions n’ont pas suffi, SOS Loue et rivières comtoises (SOS LRC) passe désormais en mode lanceur d’alerte. « J’ai rejoint ce collectif en 2015 et je fais tout ce que je peux pour que les projecteurs se braquent sur ce drame peu visible. » Mais de quel drame parle Manon Silvant, cette enfant du pays qui semble très affectée ?

Derrière la carte postale verdoyante des plateaux jurassiens se cache une grave réalité : les rivières se meurent, polluées par les eaux usées, l’exploitation forestière et l’élevage. « L’épuration des eaux domestiques a beaucoup progressé, mais il reste d’énormes défis, notamment pour l’agriculture », déplore la militante. Pourtant, ici pas de labours aspergés de pesticides, l’ennemi n° 1 des rivières c’est la pollution organique liée aux déjections du bétail. Les charmantes vaches montbéliardes sont de plus en plus nombreuses pour répondre à la popularité des fromages de la région et aux ambitions internationales de la filière.

Mais qui dit vache dit lisier. Ce mélange d’urine et de bouse accumulé pendant l’hiver est épandu sur les prairies pour les enrichir en azote. Est-ce si grave ? « Cela le serait beaucoup moins si le sol calcaire n’était pas karstique, c’est-à-dire fissuré et perméable », explique cette fille d’agriculteurs. Dans ce contexte géologique, des milliers de litres de matières fécales atteignent rapidement les cours d’eau.

La quasi-totalité de nos sentinelles sont des pêcheurs.

Doubs, Loue, Dessoubre et autres affluents sont incapables d’encaisser un choc si radical. Les eaux deviennent propices aux algues qui bouleversent drastiquement le fragile écosystème aquatique : composition chimique et substrat du lit de la rivière sont modifiés. Adieu truites, ombres et écrevisses qui ont fait la réputation des cours d’eau jurassiens. « C’est triste de voir que le sort des poissons et des eaux intéresse si peu de monde, même parmi les naturalistes. La quasi-totalité de nos sentinelles de terrain sont d’ailleurs des pêcheurs », regrette Manon Silvant.

Des raisons d’espérer ? « Grâce à la couverture médiatique et aux réseaux sociaux, de plus en plus de jeunes rejoignent notre collectif qui s’essoufflait un peu, se réjouit cette amoureuse des paysages comtois. Une opportunité pour faire reconnaître enfin la situation auprès des autorités et du grand public, puis trouver les solutions avec les parties concernées. » Pour SOS LRC, le consommateur devrait aussi faire ses choix en conscience, privilégier le bio et témoigner de son inquiétude auprès des producteurs locaux. Le dynamisme d’un terroir gastronomique repose sur le patrimoine naturel d’une région, il ne devrait pas le menacer.

Découvrez d'autres opérations de sauvegarde de la biodiversité dans notre rubrique écologie.

Couverture de La Salamandre n°265

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 265  Août-septembre 2021, article initialement paru sous le titre "Au secours des rivières jurassiennes"
Catégorie

Écologie

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