Avril, mon amour

Certains matins, en écoutant les nouvelles à la radio, franchement j’ai juste envie de vomir de rage et de dégoût. Comment se fait-il, malgré toutes les mises en garde et prises de conscience, que la destruction du vivant continue et s’accélère un peu partout sur Terre ?

Dans ces moments-là, une seule chose à faire. Sortir à tout prix, imprégner dans les alvéoles de ses poumons l’air frais du beau mois d’avril. Purifier son âme avec le chant du merle le long de la haie. Nettoyer ses yeux avec l’aurore et la petite tortue, ces papillons miraculeux qui se réveillent en lisière. Se glisser enfin dans la forêt aux chênes tortueux. Là, dans un recoin sauvage, je peux crier ma colère au pied d’un arbre compréhensif.

Gros bêta, je viens de faire détaler un chevreuil ! Un peu penaud, je m’assieds sur un tapis de violettes. Et tout à coup, l’indicible grâce de cette forêt me coupe le souffle. Mille flammes vertes éclosent des branches nues. Mille tiges fraîches se dressent à travers les feuilles mortes. Mille bourdons et capricornes reviennent à la vie. Et partout les oiseaux s’appellent et se répondent.

Apaisé, je redescends de la colline plein d’amour pour la beauté du monde. Vite, il est temps que j’aille faire avec tant d’autres ma modeste part de colibri.

Découvrez en ligne tous les articles de ce numéro de la Revue Salamandre.