A la découverte du baguage des oiseaux migrateurs
Rendez-vous dans une station de baguage des oiseaux migrateurs dans les Alpes suisses. Découvrez pourquoi on bague les oiseaux et leur incroyable migration.
Rendez-vous dans une station de baguage des oiseaux migrateurs dans les Alpes suisses. Découvrez pourquoi on bague les oiseaux et leur incroyable migration.
A la fin de l'été, des petits oiseaux migrateurs entament une incroyable migration. Jusqu'où vont-ils et comment font-ils ? Le baguage des oiseaux a apporté des réponses à ces questions. Je vous emmène au col de Jaman où l'ornithologue Lionel Maumary étudie les oiseaux migrateurs.
Cette vallée est le lieu d'un important phénomène de la nature, pourtant quasiment impossible à voir. Chaque nuit, des dizaines de milliers d'oiseaux sont canalisés dans ces montagnes, passent la crête et redescendent ver le lac Léman. Ils pourront ensuite continuer leur migration vers le sud-ouest. Cette crête est donc un endroit stratégique pour les oiseaux migrateurs, mais c'est aussi un endroit idéal pour mieux comprendre l'impact de nos actions sur leur vie. C'est pour cela que des ornithologues y ont créé une station de baguage en 1991.
En longeant le col, on voit d'immenses filets. Un petit panneau prévient les randonneurs de leur utilité "études ornithologiques merci de nous toucher ni aux filets ni aux oiseaux". J'approche de la station de baguage.
Je rejoins Lionel Maumary, ce naturaliste est une référence dans le domaine de l'ornithologie en Suisse romande. Président du Cercle ornithologique de Lausanne, il est l'initiateur de l'île aux oiseaux de Préverenges. Il a aussi fondé cette station de bagage d'oiseaux avec Jean Lehmann et Laurent Vallotton.
Depuis quand cette station de baguage existe-t-elle ?
"Ca fait 32 ans qu'on a fondé cette station c'était en 1991."
Vous baguez les oiseaux toute l'année ?
"Non, on commence autour du 1er août et on termine la dernière semaine d'octobre, pendant la migration de retour des oiseaux."
Combien d'oiseau avez-vous capturé ?
"En 32 ans, on a bagué 230 000 oiseaux de 135 espèces."
Les oiseaux arrivent donc sur le col et se prennent dans le filet, et vous faites vos mesures et posez une bague le plus vite possible. Mais, est-ce que ça ne les perturbe pas trop pendant leur migration ?
"Bien sûr que c'est un moment de stress pour eux, mais ça ne dure que quelques dizaines de minutes. Ils oublient très vite cette mésaventure. D'ailleurs, il arrive qu'ils se reprennent dans le filet quelques minutes plus tard."
Mais pourquoi vous baguez les oiseaux ?
"C'est principalement pour étudier la migration. C'est comme ça qu'on a compris que certains oiseaux migraient. Avant les premières campagnes de baguage il y a 120 ans, on ne comprenait pas pourquoi certains oiseaux disparaissaient en automne et réapparaissait au printemps. On a compris ce phénomène de la migration assez récemment."
C'est encore utile de baguer les oiseaux aujourd'hui ?
"On apprend toujours des choses sur les oiseaux en les baguant. On n'obtient pas que des informations sur la migration, mais aussi sur la longévité et la dynamique des populations. Sur cette station de baguage, on utilise le même protocole au même endroit depuis plus de 30 ans. On peut donc voir les évolutions de population des différentes espèces."
En 32 ans, sur les 230 000 oiseaux bagués, combien ont été repris ailleurs ?
"En moyenne, on en reprendre seulement un pour 1000. Donc l'effort de l'effort de bagage est énorme par rapport au retour."
Les étapes du baguage d'un oiseau
J'accompagne Lionel le long des filets. On remarque vite un pouillot fitis. Lionel démaille l'oiseau du filet avec toute la précaution requise. Avec ses 35 années d'expérience, ce geste si complexe semble fluide et rapide. Une fois libéré, l'oiseau est glissé dans un sac en tissu. Ainsi plongé dans le noir, le passereau reste tranquille. De retour à la cabane de la station de baguage, Lionel me décrit les étapes que tous les bagueurs suivent pour recueillir des données et baguer un oiseau.
"D'abord, on le pèse. Ensuite, on choisit une bague dont la taille correspond à celle des pattes de l'oiseau. A l'aide d'une pince spéciale, on pose la bague en la serrant suffisamment pour qu'elle tienne, sans pour autant entraver les mouvements de l'oiseau. Une fois la bague posée, je mesure la troisième rémige, la plus longue plume de l'aile. On regarde aussi l'état général de l'oiseau puis les réserves de graisse qu'il a au soufflant légèrement au niveau de l'espace interclaviculaire. Si un oiseau a beaucoup de réserves de graisses, et des muscles alaires développés, c'est bon signe pour la longue migration qui l'attend."
Migrateurs transsaharien
Lionel est en train de baguer un pouillot fitis, ce passereau pèse seulement 9,6 grammes. Il va pourtant effectuer une migration de plus de 7000 km. "Ces passereaux passent la majeure partie de leur vie en migration", m'explique Lionel. Cette nuit, ce pouillot va voyager, il va parcourir environ 150 km. Ils entreprennent ces migrations seuls, leurs parents ne leur apprennent pas. Après avoir traversé les Alpes, il va rencontrer un deuxième obstacle, la Méditerranée. Il va ensuite de voir traverser le Sahara pour ensuite s'établir au Sahel, cette cette bande de savanes qui est au sud du Sahara. Ils reviendront au mois de fin mars début avril l'année prochaine.
Station de baguage et de vulgarisation
Après une nuit à baguer les oiseaux, jusqu'à 4h du matin avec une ronde toutes les demi-heures, une deuxième équipe prend le relais. La station de baguage du col de Jaman accueille beaucoup de bénévoles qui viennent découvrir le baguage des oiseaux et parfois une vocation. La station se trouve sur un sentier de randonnée assez fréquenté. Les ornithologues bénévoles ont donc aussi une mission de vulgarisation scientifique importante pour sensibiliser le public à la protection des oiseaux.
Les recherches menées sur ce col le confirment, beaucoup d'espèces d'oiseaux déclinent. Le côté positif des choses c'est qu'on peut tous agir, par nos choix de consommation, par la manière d'aménager son jardin ou même son balcon, en militant et en soutenant des ONG.
Migrations, les voyages du vivant
Les oiseaux ne sont pas les seuls à vivre des migrations incroyables. Il y a aussi des papillons, des poissons, des libellules, des grenouilles et même des petites mouches rayées qui font des voyages incroyables. Retrouvez tous ces grands voyageurs dans le dernier hors-série de la revue salamandre, Les voyages du vivant. 148 pages de reportages, d'enquêtes parfois en bande dessinée, de témoignages et d'images à couper le souffle. Commandez le hors-série dès maintenant.
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