© Karine Poitrineau

Chemin de contrebande

Balade dans le Chablais valaisan, le long de l’arête de Berroi, sur les pas des contrebandiers qui se jouaient de la frontière comme les oiseaux migrateurs.

Balade dans le Chablais valaisan, le long de l’arête de Berroi, sur les pas des contrebandiers qui se jouaient de la frontière comme les oiseaux migrateurs.

On s’imagine mal quel était, il y a seulement un siècle, le dénuement des habitants de Champéry. Avec son paysage idyllique et ses chalets aux « toits en sifflets » qui forment une avancée en coin, l’endroit paraît paradisiaque. Pourtant, en montagne, la vie n’était pas facile : rudes hivers, prairies pentues et éloignées, foin descendu sur des luges aux premières neiges... La contrebande avec la France voisine permettait d’améliorer l’ordinaire, mais il fallait porter à dos d’homme jusqu’à 30 kilos de marchandises.

C’est le rude chemin de ces Champérolains que suivent aujourd’hui nos pas, heureusement de manière plus légère. Ce matin, dans les prés à l’herbe odorante, le rose tendre des colchiques annonce l’automne. Bientôt, accompagné par la musique du torrent, le sentier s’enfonce dans la fraîcheur du sous-bois.

Photo de saxifrage faux aïzoon
La saxifrage faux aïzoon, aux fleurs jaunes finement ponctuées d’orange. / © Karine Poitrineau

Montée en alpage

Au milieu des rochers, un fouillis d’arbres et de mousse compose un tableau aux douces tonalités de gris, de brun et de vert velouté. Les mésanges huppées, invisibles, se répondent. La montée se fait bientôt plus raide et plus aride. Dans les éboulis, la vie s’accroche. Plantes chétives aux vives couleurs : linaires des Alpes, saxifrages et hippocrépides… Un criquet à ailes rouges fait sursauter en s’enfuyant dans un bruit de crécelle. Mais rien à craindre : aucun douanier caché, à guetter notre passage. D’un coup le paysage s’ouvre en une verte vallée : l’alpage de Barme. Au milieu, le torrent chante toujours, accompagné cette fois par un concert de clarines et de sifflets de marmottes.

Sur le fil

Un effort encore et voici une nouvelle récompense : un vallon miniature, paradis humide suspendu au départ de l’arête de Berroi. Tout autour, des sorbiers chargés de fruits d’un rouge orangé éclatant. Quittant les bosquets pour une arête plus dépouillée, les contrebandiers risquaient là un passage à découvert. Enfin visibles au loin, les cols de Cou et de Bretolet, seuils tant convoités. Même si l’on n’a rien à passer en fraude, une dernière grimpée jusqu’à la frontière permettra d’accompagner les innombrables oiseaux migrateurs qui, eux, ne craignent pas les douaniers.

Photo de cicindèle
Petit bijou vivant, la cicindèle laisse rarement le temps de l’admirer. Ce chasseur véloce arpente les zones rocailleuses à la recherche de proies. / © Karine Poitrineau
Photo d'un bagueur avec un rougegorge
Le numéro de la bague que porte ce rougegorge permettra d’en savoir plus sur ses déplacements et sur la biologie de cette espèce. / © Station ornithologique suisse - Markus Jenny

Oiseaux de passage

Aujourd’hui, c’est surtout à tire-d’aile qu’on traverse la frontière. Chaque automne, des millions d’oiseaux, mais aussi des chauves-souris, des libellules, des papillons et des syrphes, défilent par le col de Bretolet, haut lieu migratoire de renommée internationale. Depuis 1958, les scientifiques de la Station ornithologique suisse capturent et baguent chaque année plus de 10’000 oiseaux. Ce suivi scientifique permet d’évaluer l’état des populations, et montre d’ores et déjà une évolution des dates de migration liée au réchauffement climatique : les rougequeues noirs migrent 10 jours plus tard qu’il y a 40 ans alors que les gobemouches noirs ont pris une avance d’une semaine.

Itinéraire

Accédez à la carte détaillée de cette balade dans le PDF en bas de page.

Balade 1

Gare > Grand Paradis > croix d’Increne > Arête de Berroi

durée: 5 h30

  • Monter dans le village depuis la gare.
  • (1) Au niveau de la fontaine, emprunter à gauche le « chemin des Poussettes »
  • (2) Traverser ensuite le parking du télésiège « Grand Paradis », puis le pont de la Vièze et le camping.
  • Suivre à partir d’ici les panneaux « Barme » (3).
  • Continuer à gauche le long du torrent, direction « col de Cou ».
  • Après la Cantine des Dents Blanches (4) prendre à droite pour rejoindre le « sentier des Oiseaux » (5).
  • Depuis l’arête de Berroi en direction des cols de Cou et de Bretolet, on peut redescendre sur Barme par l’alpage de Berroi (6).

Balade 2

Gare > Grand Paradis > Barme > planafraîche

durée: 6 h00

  • Après la montée sur le « sentier des Oiseaux », prendre le chemin forestier direction « les Creuses » (7).
  • Après avoir traversé une route forestière, on suit le fléchage rouge le long de la Vièze (8).

Accès en train

Gare de Champéry, depuis Aigle. cff.ch

L’idée week-end

Au col de Bretolet, on peut observer le passage de nombreux migrateurs. Se renseigner sur les visites et sorties organisées à la station ornithologique.

Infos-hébergement

Camping du Grand Paradis +41 (0)24 479 19 90

Cantine des Dents Blanches +41 (0)24 479 12 12

Office du tourisme de Champéry +41 (0)24 479 20 20

Couverture de La Salamandre n°199

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 199  Août - Septembre 2010
Catégorie

Balades

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