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Au fil des saisons, ou comment redécouvrir votre sentier préféré…
Juin, odeur de foin et chants de grenouilles sur le sentier
Jeudi 7 juin, départ à 5 h, 16 °C - Une aube encore, la brume et toujours le renard. Nous avons bien fait de partir de nuit.
Jeudi 7 juin, départ à 5 h, 16 °C - Une aube encore, la brume et toujours le renard. Nous avons bien fait de partir de nuit.
Un léger brouillard couvre la lune. Nous quittons le village en piaffant d’impatience. Aujourd’hui, les odeurs s’imposent et c’est en abordant la haie, dont les métamorphoses successives mesurent si finement la ronde des semaines, que nous dégustons les premiers parfums du jour.
Après l’explosion de l’épine noire, du merisier, puis du cornouiller, voici les grands pétales en cœur de l’églantier qui tombent dans l’herbe les uns après les autres. L’odeur délicate, subtile, du rosier sauvage cède peu à peu la place à l’arôme fruité du sureau, distribué loin à la ronde par de grandes ombelles prolifiques. Dans les prés, les foins viennent d’être coupés et exhalent un bouquet vanillé.
Sur la butte
Point de cloches et sonnailles ce matin. Les vaches sont parties à la montagne pour tout l’été. En revanche, un incroyable tintamarre de grenouilles s’amplifie au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’étang.
Et le renard est assis à sa place, sur la butte. Un renard, notre renard ? Celui que nous avons aperçu au même endroit à plusieurs reprises ? Peut-être… Le face-à-face dure près d’une minute puis, comme il était apparu, par enchantement le renard s’est effacé.
La ronde des cultures rythme la vie de la campagne. Le colza mûrit, les blés grandissent, les pois fleuris seront bientôt gousses.
Le Bois sauvage produit des nuées de moustiques. L’herbe en lisière de forêt des nuages de pollen. Parfums encore avec le capiteux chèvrefeuille. Et voici la cressonnière. Après les populages, le marais disparaît sous un fouillis d’orties et de jeunes sureaux.
Dans l’étang
Pèlerinage habituel à la rivière, puis retour en repassant au bord de l’étang. Les grenouilles se font face joues gonflées et se chevauchent dans une étourdissante agitation. Peau lustrée, orbites globuleuses, elles flottent magnifiques entre deux eaux, tout absorbées par leurs vocalises, insensibles aux libellules qui volent au-dessus d’elles. Aux jumelles, nous jouons à nous perdre dans un dédale d’algues et de joncs, de laîches et de massettes. Savourons mille trésors : oh ! une petite épeire suspendue à son fil au coin d’une feuille... tiens ! quelques gerris qui pagayent par à-coups à la surface de l’eau. Là un couple de demoiselles qui survolent l’étang arrimées l’une à l’autre… Et soudain le gros, l’énorme joyau doré d’un œil de grenouille extatique.
Crocodiles de poche
La grenouille verte porte bien son nom allemand de Wasserfrosch. Contrairement aux grenouilles rousses ou aux crapauds, qui ne se rassemblent que quelques jours dans les mares pour s’y reproduire, elle passe la plus grande partie de sa vie dans l’eau ou au bord de celle-ci. Souvent, elle va même jusqu’à hiberner sur place, dans la vase.
Les palmures très développées de cette grenouille en font une excellente nageuse. C’est elle qui a servi de modèle à l’homme pour la brasse. Ses yeux saillants, ainsi que ses narines qu’elle peut fermer hermétiquement, sont placés sur le haut de sa tête. Yeux et narines, c’est tout ce qui affleure de l’eau quand l’animal se tient allongé à l’affût comme un petit crocodile. Il lui arrive aussi d’attendre le passage d’une proie en se postant sur un perchoir ensoleillé, tout près de la rive.
Puissamment aidés par leurs sacs vocaux, les mâles forment de véritables chorales de mai à septembre. On comprend leur assiduité : les femelles choisissent, dit-on, les meilleurs chanteurs…
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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