Au loin, le Mont-Saint-Michel
Entourée de falaises et de marais, l’immense baie du Mont-Saint-Michel foisonne de vie… Cherchons les bernaches et les phoques autour de l’un des plus célèbres monuments d’Europe.
Entourée de falaises et de marais, l’immense baie du Mont-Saint-Michel foisonne de vie… Cherchons les bernaches et les phoques autour de l’un des plus célèbres monuments d’Europe.
Le vent est aux abonnés absents en cette douce matinée de février. La brume recouvre l’étendue sableuse que nous pensions découvrir en arrivant par le Grouin du sud. « La baie du Mont-Saint-Michel change de visage chaque jour. Ce matin, surprise, on ne voit presque rien ! », s’amuse l’ornithologue Sébastien Provost. Tendons l’oreille en attendant. Sur le pré côtier, les trilles des alouettes et des pinsons déjà cantonnés sonnent le prélude du printemps, tandis qu’au loin, les notes flûtées des courlis invisibles annoncent peut-être la levée du brouillard.
Le peuple de l’estran
Le voile teinté de rose par le soleil levant se dissipe peu à peu, laissant pointer le proche îlot de Tombelaine. Ciel et sable finissent par se fondre dans un camaïeu pastel. « Ecoutez, elles arrivent ! », alerte le guide toujours sur le qui-vive. Elles, ce sont les bernaches cravants, des petites oies sauvages venues de la lointaine toundra sibérienne. « Profitons de leur présence, elles vont bientôt remonter vers le Grand Nord. » Selon Sébastien, la baie du Mont-Saint-Michel est le premier site normand pour l’hivernage de ces voyageuses au long cours. Jusqu’à 5 000 individus s’y reposent de novembre à mars, des effectifs qui augmentent depuis une dizaine d’années. Sans compter les énormes contingents qui transitent en période de migration, en provenance ou à destination du bassin d’Arcachon et du golfe du Morbihan.
Rrok rrok keukk, un long fil d’oiseaux parfaitement alignés fend le ciel monochrome comme un lent pointillé de crayon sur une feuille. « Elles se dirigent vers les prés salés de Saint-Léonard pour brouter. » Quelques tadornes de Belon se joignent au mouvement. D’un gabarit proche des bernaches, ils sont beaucoup plus bigarrés. A l’horizon, le colossal Mont-Saint-Michel émerge à son tour de la ouate.
Ça patauge plein pot
L’ambiance côtière est multiple. Il suffit de passer la dune pour découvrir de vastes marécages. « C’est le meilleur moment pour observer les marais de Claire-Douve. En fin d’hiver, les fossés et les petits cours d’eau débordent et inondent les prairies », explique l’ornithologue, l’œil déjà rivé sur sa longue-vue. Au milieu des sarcelles, barges à queue noire, canards pilets et autres chipeaux, il détecte un groupe de spatules blanches endormies. « Il y en a une qui est baguée. Sûrement une hollandaise, comme la plupart de celles qui passent chez nous. »
Un peu à l’écart, deux grands échassiers de couleur pourpre métallique fouillent le sol imbibé de leur long bec courbe. Des ibis falcinelles ! Mais que font ces oiseaux méditerranéens au bord de la Manche ? « C’est exceptionnel, ces oiseaux se sont égarés au nord de leur aire de répartition. Mais cette espèce est en pleine expansion, il faut se préparer à ce qu’elle devienne régulière et finisse même par nicher dans la région », prévoit Sébastien Provost.
Un balcon sur la baie
Et si on prenait de la hauteur ? Le guide naturaliste est fier de la vue qui s’ouvre sur les derniers mètres du sentier menant à la Cabane Vauban. « Voilà les falaises de Champeaux et de Carolles ! » La côte granitique parsemée d’ajoncs, bruyères, genêts et prunelliers domine la baie d’environ 80 m. « L’orientation nord-sud avec un petit cap fait de ce site un haut lieu français pour l’observation de la migration des passereaux, explique l’ornithologue. Un million d’entre eux défilent ici en automne ! »
Pour l’heure, le spectacle est en contrebas : des groupes de macreuses noires survolent les flots bruns de la marée montante. Ces canards marins friands de coques fréquentent la côte en hiver. Ils repartent nicher au printemps dans l’Arctique avant de revenir dès l’été dans la baie pour la mue de leur plumage.
L’enfant du pays balaie le panorama aux jumelles et s’arrête net. « Il y a un groupe de phoques sur le banc de sable ! » Une centaine de ces veaux-marins trouvent ici leur territoire de reproduction le plus méridional d’Europe, profitant des grands espaces sableux et de l’abondance de poissons comme le mulet.
Sur le « plus beau kilomètre de France » – proclamé par le général Eisenhower après le débarquement de Normandie –, les yeux des très nombreux touristes sont accaparés par le célèbre mont. Sébastien Provost se donne pour mission d’enrichir leur regard en révélant le patrimoine naturel du lieu.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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