© Laurent Geslin

Cet article fait partie du dossier

L’évolution sous nos yeux

Comment les animaux évoluent-ils pour s’adapter à la ville ?

Pour vivre en ville, le renard, le merle et les grenouilles rousses changent de stratégie… mais aussi de forme.

Pour vivre en ville, le renard, le merle et les grenouilles rousses changent de stratégie… mais aussi de forme.

S’il est un lieu où la pression des activités humaines est extrême, c’est bien l’environnement urbain. Cela n’empêche pas certaines espèces, en nombre restreint certes, de persister avec succès dans cet écosystème altéré. Des scientifiques avancent même que l’évolution y serait plus rapide qu’ailleurs. En tout cas, en ces temps de confinement où les expéditions lointaines sont empêchées, les études sur les espèces qui vivent près de nous foisonnent. Que nous apprennent-elles sur l’évolution ?

Pizzas à domicile

Prenez les renards roux par exemple. En ville, ils changent complètement leurs habitudes, se cachant dans des abris de fortune plutôt que dans de profonds terriers ou agrémentant leur menu de restes de pizzas. Dans le sud de l’Angleterre, à Birmingham, Bristol ou Londres, les renards urbains récupèrent plus du tiers de leur alimentation sans avoir à chasser. En conséquence, leur domaine vital est bien plus réduit qu’à la campagne, jusqu’à seulement 0,4 km2.

Curieusement, les renards citadins ont aussi tendance à avoir un museau plus court et plus large ainsi qu’un cerveau de taille réduite. Pour les chercheurs, ces différences morphologiques font penser aux changements survenus au cours de la domestication du loup en chien… ou dans des domestications expérimentales du renard roux.

Comme des chiens ?

La sélection d’un comportement plus docile s’accompagne souvent d’une réduction de la taille des dents et du cerveau, d’une persistance du comportement juvénile et d’une morphologie crânienne raccourcie. Avec la sélection opérée par les éleveurs, les chiens ont subi des modifications morphologiques spectaculaires donnant, par isolement ou par croisement, quelque 500 races modernes, y compris avec un allongement ou un raccourcissement extrême du museau. C’est par la transmission et la stabilité des caractères recherchés que les chiens obtiennent un pedigree.

Fort bien… mais si les renards urbains vivent à proximité des humains, ils ont toutefois peu d’interactions avec nous. C’est exagéré de les considérer comme domestiqués. En revanche, il est fort possible que ces changements morphologiques résultent de l’urbanisation et qu’ils se transmettent génétiquement. Car on sait par des recherches menées à Zurich que les renards citadins sont vite isolés génétiquement de leurs congénères ruraux.

Complétez votre lecture avec notre dossier sur le renard campagnard et urbain.

Merle urbain

Ville : comment le merle noir a-t-il évolué pour s'adapter à la vie urbaine ?
© Markus Varesvuo

Le merle noir s’est installé depuis plus de 200 ans dans nos villes. Comparativement aux forestiers, les individus urbains ont développé un bec plus court et plus trapu. Ils chantent plus fort et bien avant le lever du soleil, parfois même en pleine nuit, quand le bruit des transports est au plus bas. Ils sont plus sédentaires et se reproduisent un mois plus tôt qu’en forêt. Mais de là à dire qu’il s’agit d’une nouvelle espèce, c’est aller un peu vite en besogne…

Grandir en ville

Ville : comment la grenouille rousse a-t-elle évolué pour s'adapter à la vie urbaine ?
© Alex Hyde

Un suivi comparatif sur 150 ans entre des grenouilles rousses établies en pleine ville et à la campagne dans la région berlinoise a fourni un étonnant résultat. Après la Seconde Guerre mondiale, les grenouilles urbaines étaient devenues plus grandes qu’avant guerre, alors qu’aucun changement de taille n’a été observé dans le Brandebourg rural. Sans qu’on élucide les causes de cette évolution, cette étude a aussi montré que les populations d’amphibiens se sont de plus en plus fragmentées à la campagne, alors qu’en ville, un plan de gestion des espaces verts a favorisé la connexion des différents habitats dès les années 1960.

Cet article fait partie du dossier

L’évolution sous nos yeux

Couverture de La Salamandre n°262

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 262  Février - Mars 2021, article initialement paru sous le titre "Museau court, petite cervelle"
Catégorie

Sciences

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Salamandre newsletter
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur