Histoire des insecticides anti-moustique
Le combat dure depuis des milliers d’années. La dernière arme utilisée par les hommes contre les moustiques, la chimie, est d’une efficacité variable.
Le combat dure depuis des milliers d’années. La dernière arme utilisée par les hommes contre les moustiques, la chimie, est d’une efficacité variable.
Après avoir asséché des marais, endigué et drainé nombre de terres engorgées, l’homme a profité des développements de la science. Il s’est emparé de l’arme chimique contre l’Attila des eaux croupissantes. Surfant sur le succès du DDT, les laboratoires ont imaginé moult cocktails répulsifs. Hydrocarbones chlorés, produits organophosphorés, carbamates, pyrèthres et autres pyréthrinoïdes synthétiques. Ajoutons le pétrole et les huiles minérales, aux propriétés asphyxiantes, et l’arsenal est complet.
Durs à cuire
Mais, sans même parler de l’impact sur l’environnement, il y a un hic : certains moustiques résistent. Ils développent face aux insecticides des mutations leur permettant de survivre et de transmettre le bagage génétique résistant à leur descendance. La solution, longtemps préconisée : augmenter les doses de produits pour parvenir au même objectif et effectuer des rotations en utilisant successivement trois ou quatre substances. Evidemment pas une panacée.
Nouvel axe de travail : trouver des méthodes de lutte plus écologiques. De nombreuses pistes sont exploitées aujourd’hui, de l’introduction de poissons dévoreurs de larves à la modification de l’ADN des moustiques, en passant par l’utilisation de bacilles tueurs comme le BTI, une bactérie naturelle du sol (plus d'informations à la fin de cet article)
De gros efforts sont engagés pour développer d’autres bio-insecticides de ce type, même si ceux-ci comportent plusieurs inconvénients. Leur fenêtre d’utilisation est courte – uniquement durant le stade larvaire –, les formules doivent être adaptées au lieu et à l’espèce et, enfin, leur épandage, parfois par hélicoptère, est limité au domaine public. Raison pour laquelle les instituts de recherche misent désormais beaucoup sur la formation, afin que les scientifiques de demain soient prêts à répondre à de futures invasions.
DDT, l’insecticide banni
Créé en 1939, le DDT est le premier insecticide moderne. A peine inventé, le dichlorodiphényltrichloroéthane aura pour tremplin la Seconde Guerre mondiale et permettra d’éradiquer paludisme et typhus. En 1948, le Prix Nobel de médecine revient au Suisse Paul Hermann Müller, alors considéré comme l’inventeur officiel de ce produit miracle. Abondamment dispersé dans le monde entier, il est bon marché, mais aussi très polluant et dangereux pour la santé.
Dès les années 1960, on établit des liens entre la mortalité accrue chez les rapaces et la présence de DDT dans leurs dépouilles. Un mouvement de contestation s’amplifie dès les années 1970 jusqu’à l’interdiction généralisée de cette molécule de synthèse. En 2001, 158 pays décident de reléguer l’insecticide aux oubliettes. Les autres, principalement des Etats du Sud au portefeuille moins garni, s’en servent encore aujourd’hui. L’OMS espère son abandon total en 2020.
BTI, le larvicide écolo
La résistance des insectes, la dangerosité des produits chimiques et leur coût ont conduit les scientifiques à trouver de nouvelles recettes pour contrer les moustiques. La recherche s’est orientée vers des substances naturelles comme des hormones bloquant la mue ou des micro-organismes infectieux.
La découverte du BTI – Bacillus thuringiensis israelensis – est une avancée importante. Dès 1982, on utilise ce larvicide partout dans le monde en le répandant sur l’eau contenant des larves de moustiques. Celles-ci – et elles seules – ingèrent les bactéries, qui se dissolvent dans leur estomac. Des protéines toxiques détruisent les parois stomacales et la larve meurt. L’activation de ces toxines n’étant possible qu’en présence de conditions stomacales spécifiques à certains diptères, le produit est écologiquement acceptable. Autre avantage : après déjà 30 ans d’utilisation, aucun phénomène de résistance au BTI n’a été observé.
La teinture et le filet
Les pêcheurs de l’Egypte ancienne utilisaient aussi leurs filets pour se protéger des piqûres, inventant ainsi la moustiquaire. Les Amérindiens de Terre-Neuve se badigeonnaient de teinture de rocou, fruit du rocouyer. La coloration de leur peau, due à cette plante au fort pouvoir tinctorial, a donné leur nom aux « Peaux-Rouges ».
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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