La pollinisation des plantes par les insectes expliquée
Comment les fleurs ont recours à un insecte entremetteur pour conquérir leurs belles.
Comment les fleurs ont recours à un insecte entremetteur pour conquérir leurs belles.
Il était une fois un coquelicot qui vivait dans un grand pré d'herbes folles. Son pistil mûr attendait l'arrivée d'un prétendant. Son stigmate humide était enfin nubile, prêt à procréer, mais le prince tant espéré viendrait-il ? Les organes femelles de toutes les fleurs subissent le même sort : l'attente, la soumission immobile aux caprices du destin végétal.
Ce jour-là, la belle fleur rouge avait reçu la visite de nombreux scarabées et de quelques mouches. Ils avaient tous apporté quelques grains de pollen mais aucun n'avait la forme espérée, celle qui s'emboîtait parfaitement avec le moule de son stigmate. Que faire du pollen des bleuets et du blé tendre ? Elle, désirait celui de Papaver rhoeas. Lui seul possédait la clé qui pouvait pénétrer sa délicate serrure.

A une centaine de mètres de là, un minuscule grain de pollen vint à se coller à l'antenne d'une abeille. Son enveloppe poisseuse le rendait hyperadhésif. Adieu la corolle écarlate qui l'avait vu naître. Il survolait à présent la prairie à 30 km/h au gré du vol souple et ondoyant de l'insecte. Sans ce dernier, jamais il ne se serait détaché de l'anthère, cette partie renflée de l'étamine qui l'avait produit. Peu avant son départ, une division cellulaire s'était produite sous son enveloppe. Si bien qu'il renfermait non pas un mais deux anthérozoïdes.
Posée sur une nouvelle corolle rouge, l'abeille complétait soigneusement sa cargaison de pollen amassé dans deux corbeilles fixées à ses pattes. En passant, l'ouvrière effleura le stigmate de la fleur avec ses antennes. Notre microhéros se colla aussitôt à cette surface lubrifiée.
Le stigmate accueillait enfin un soupirant qui lui correspondait. Mais serait-il à la hauteur chimiquement ? La fleur femelle attendait un génome aussi étranger que possible. Elle avait déjà rejeté des soupirants importuns nés de ses propres étamines.
Le temps était compté. Car d'autres grains de pollen issus de fleurs concurrentes débarquaient en même temps de la toison de l'abeille. Une véritable course de vitesse venait de commencer entre les prétendants qui déployaient leur arme : une excroissance appelée tube pollinique faite pour pénétrer le stigmate puis se glisser le plus rapidement possible à l'intérieur du style, en s'amincissant petit à petit. A ce stade, certains autres pollens se trouvèrent rejetés pour cause d'incompatibilité. Mais heureusement, notre grain réussit le test.
Voilà qu'il était dans l'ovaire. La tête du tube pollinique se désintégra pour libérer deux anthérozoïdes qui s'engouffrèrent dans le saint des saints. Arrivé à l'intérieur du sac embryonnaire de l'ovule, l'un d'entre eux fusionna avec l'oosphère pour former le futur embryon. Et le second s'unit à deux autres noyaux du sac embryonnaire pour produire le tissu nourricier de la future graine. La double fécondation, typique des plantes à fleurs, venait d'avoir lieu.
Quelques jours plus tard, l'ovaire femelle deviendra capsule. Et c'est le vent, nouvel entremetteur, qui dispersera les graines nombreuses et légères produites chacune par l'aventureuse rencontre d'un grain de pollen et d'une oosphère...
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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