© nito / stock.adobe.com

Cet article fait partie du dossier

Graines de génie

Graines : portraits de célèbres influenceuses

Elles ont infléchi le cours de l’Histoire, brassé les cartes géopolitiques et modifié la face du monde. Pour le meilleur, comme pour le pire… Tour d’horizon de quelques graines de star.

Elles ont infléchi le cours de l’Histoire, brassé les cartes géopolitiques et modifié la face du monde. Pour le meilleur, comme pour le pire… Tour d’horizon de quelques graines de star.

© Jean-Luc Wisard

Déesse vénérée

Theobroma cacao, « nourriture des dieux »… Environ 4 000 ans avant notre ère, les Mayas, les Aztèques et d’autres peuples mésoaméricains vouèrent un véritable culte au cacaoyer. Ses graines, les fèves de cacao, étaient utilisées à des fins rituelles, médicinales, alimentaires et comme monnaie. Aujourd’hui, la star se cultive partout dans la ceinture du cacao entre les deux tropiques pour sa transformation en chocolat. Hélas, la divine fève est victime d’un commerce en général peu reluisant : déforestation, climat, travail forcé des enfants, pesticides...

© Jean-Luc Wisard

Étoile montante du capitalisme

De nombreux industriels lorgnent sur le caroubier, petit arbre méditerranéen, et sur ses cousines légumineuses des contrées arides aux graines similaires. Elles ont la particularité d’accumuler de l’énergie sous forme de glucides à chaînes très ramifiées, qui ont une capacité ahurissante à retenir l’eau. Extraite, broyée et hydratée, cette matière devient gomme de caroube, de guar ou de tara.

Saviez-vous que ces épaississants, en plus d’être utilisés comme additifs alimentaires, entrent dans la composition des liquides de fracturation hydraulique ? Une technique polluante qui consiste à extraire du gaz de schiste en injectant des fluides sous haute pression dans le sous-sol.

© Jean-Luc Wisard

Phénomène mercantile

Le coton a tiré malgré lui les ficelles de la révolution industrielle, de la mondialisation et de l’esclavagisme. Filée à la main depuis des millénaires en Inde, en Égypte ou encore au Brésil, cette matière textile a rapidement séduit l’Occident. Au XVIIIe siècle, l’Angleterre mécanise le processus. Durant plus de cent ans, les manufactures sont alimentées en coton par le commerce triangulaire, qui relie les plantations américaines, les usines britanniques et l’Afrique pour la traite d’esclaves. La plus grande migration forcée de l’humanité a été un moteur d’enrichissement de l’Europe, puis des États-Unis. Aujourd’hui, le coton est la deuxième fibre textile la plus utilisée après le polyester.

© Jean-Luc Wisard

Prince héritier

C’est grâce au petit pois que Gregor Mendel a découvert les lois de l’hérédité. En 1856, le moine moravien se lance dans un travail colossal de culture et d’observation de plus de 10 000 plants. Ses fameux tableaux de croisement des pois lisses et ridés révèlent que certains traits, dits récessifs, sont transmis de manière invisible d’une génération à l’autre et se manifestent seulement quand ils sont fournis par les deux parents. Cette découverte posa les fondations de la génétique à l’origine de formidables avancées en médecine ou en biologie. Mais aussi d’histoires à l’éthique douteuse comme l’eugénisme, le développement d’OGM ou le brevetage du vivant.

© Jean-Luc Wisard

Égéries révolutionnaires

Et si les céréales étaient les actrices principales de notre civilisation ? La culture de ces graminées est au cœur de la révolution néolithique, processus multimillénaire à l’origine de la sédentarisation, de l’économie de production et d’une explosion démographique. Blés anciens dans le Croissant fertile il y a plus de 10 000 ans, riz en Chine, maïs en Amérique, sorgho et millet en Afrique… Bien plus tard, leur pénurie a précipité des soulèvements populaires majeurs : Révolution française, révolution russe ou plus récemment Printemps arabe. Désormais, ces denrées fournissent plus de la moitié de nos calories et leur culture monopolise près des trois quarts des terres arables du globe.

© Jean-Luc Wisard

Créateur d’idées

Avec deux milliards de tasses consommées chaque jour dans le monde, la popularité du café n’est plus à démontrer ! La caféine qu’il contient, un insecticide naturel, s’avère stimuler le cerveau humain. Rendant les bipèdes plus énergiques et productifs, doué pour réunir les gens dans des cafés, ce grain originaire d’Éthiopie a joué un rôle culturel et social majeur dès le XVIIIe siècle. Il aurait facilité le développement des idées des Lumières, et donc de la révolution industrielle qui en a découlé. Il a accompagné la naissance des banques, assurances et Bourses. Aujourd’hui, ce fidèle compagnon du travail acharné stimule encore la frénésie du monde.

© Jean-Luc Wisard

Idoles parfumées

Muscade, poivre, cardamome, vanille… la plupart des épices sont des graines. Aux siècles passés, le commerce de ces matières convoitées a donné lieu à de nombreuses guerres et voyages d’exploration. Magellan et beaucoup d’autres navigateurs y ont laissé leur vie. L’un des rares coffres à trésors de pirate exhumé ne contenait pas de pièces d’or, mais de la muscade et des clous de girofle. En 1492, c’est la recherche d’une nouvelle route maritime pour les épices qui poussa Christophe Colomb à accoster en Amérique, qu’il prit pour l’Inde, ce qui marqua le début de la colonisation.

© Jean-Luc Wisard

Maîtresses de nos vies

Certaines graines ou fruits toxiques ont créé les plus dangereux poisons et sont à l’origine d’assassinats célèbres, telles que la cigüe qui condamna Socrate ou le ricin qui terrassa le dissident communiste Markov. D’autres sont utilisées comme stupéfiants, notamment l’opium tiré des capsules du pavot somnifère. Durant le XIXe siècle, il fut au cœur d’un narcotrafic international sans précédent entre Asie du Sud-Est et Europe. À plus faibles doses, beaucoup de ces substances toxiques entrent dans la composition de traitements contre des maladies graves. Ricine ou gui pour le cancer, haricot noir pour le VIH, vesce pour Parkinson…

Cet article fait partie du dossier

Graines de génie

Couverture de La Salamandre n°283

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 283  Août-Septembre, article initialement paru sous le titre "Célèbres influenceuses"
Catégorie

Nature d’ici

Vos commentaires

Réagir

Pour commenter sans créer de compte, il vous suffit de cliquer dans la case « nom » puis de cocher la case « je préfère publier en tant qu’invité ».

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Salamandre newsletter
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur