Certaines guêpes pondent leurs œufs dans des pucerons
Inertes, déformés et décolorés, les pucerons succombent les uns après les autres. Quand de minuscules guêpes font le ménage.
Inertes, déformés et décolorés, les pucerons succombent les uns après les autres. Quand de minuscules guêpes font le ménage.
Sur un balcon en pleine ville, quelques bacs à fleurs font office de mini-potagers. Un haricot s’est égaré de son tuteur et ses vrilles ont atteint la gouttière. Sur sa tige grimpante, une belle colonie de pucerons du pois est installée. Verts, les minuscules suceurs de sève se confondent parfaitement avec la plante légumière. Enfin presque, car quelques individus jaunâtres et gonflés se font remarquer. A bien y regarder, ils sont immobiles et contiennent une petite tache noirâtre.
Si nous étions dans un film, la musique d’ambiance basculerait à cet instant précis en staccato fort et dissonant. Car la peau d’un puceron se fend et deux antennes noires en surgissent. Puis, une tête tout entière et un corps noir de… guêpe !
Aphidius ervi est l’une des milliers de guêpes minuscules spécialisées dans l’endoparasitisme, c’est-à-dire dont les progénitures se développent à l’intérieur du corps de leur victime. Sa larve dévore lentement le puceron avant de se transformer en chrysalide, protégée par la peau de son hôte. Une fois adulte, la guêpe laisse derrière elle la carcasse vide. Pas de panique, du haut de ses 2 mm, la minuscule guêpe ne représente un danger que pour ses cibles attitrées.
Mais les pucerons n’ont pas dit leur dernier mot ! Pour déjouer ces redoutables parasites, certains ont recours à des fourmis gardes du corps. D’autres ont acquis une certaine immunité. S’ils survivent à une première attaque, leurs descendants seront comme vaccinés. De leur côté, les guêpes tentent en permanence de déjouer ces stratégies défensives. Elles développent des molécules chimiques qui empêchent les attaques de fourmis ou contrecarrent l’immunité des pucerons… Une course aux armements apparemment sans fin.
Poupées russes
C’est l’histoire d’une plante qui, dévorée par une chenille, diffuse des signaux chimiques pour attirer la guêpe parasite de son bourreau. Et ça marche, l’hyménoptère paralyse la gloutonne végétarienne. Seulement voilà, il arrive que le message soit aussi capté par une guêpe hyperparasitoïde, c’est-à-dire qui va pondre dans la larve de la guêpe qui se trouve déjà dans la chenille… vous suivez ?
Auxiliaires officiels
Les guêpes parasitoïdes sont utilisées comme auxiliaires contre les insectes qui s’en prennent aux cultures. C’est le cas de Trichogramma contre la chenille de piéride du chou. Des entreprises élèvent ces prédateurs en laboratoire pour les vendre aux agriculteurs. Heureuse alternative aux pesticides, cette lutte biologique pose hélas problème quand elle aboutit à l’introduction d’insectes exotiques.
Galleuses
Les larves des guêpes cynips sont végétariennes. La plante qui héberge l’une d’entre elles continue mystérieusement à produire du tissu là où elle est dévorée. Jusqu’à former un excès de matière végétale appelée galle. A l’intérieur de sa chambre privée, la larve jouit de tout le confort possible : nourriture et protection contre la plupart des prédateurs. Une fois mature, elle se transforme en chrysalide avant d’émerger sous forme de guêpe adulte. Parmi les galles les plus faciles à observer, celle du cynips du rosier provoque chez les églantiers des pompons très caractéristiques.
Découvrez en vidéo la ponte des guêpes parasitoïdes dans le corps des pucerons (jusqu’à 2’45).
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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