Cigognes en capitale
L’unique colonie romande de cigognes a choisi l’ancienne capitale romaine d’Helvétie. Visite au haras national d’Avenches avec leur gardien passionné, Robert Schoop.
L’approche par l’autoroute est énigmatique. Entre les Alpes fribourgeoises et le lac de Neuchâtel, beaucoup de cultures, peu d’arbres et pas l’ombre d’une cigogne. Je vois bien des points blancs dans les labours mais ce sont des grandes aigrettes et des goélands. Je prends la sortie Avenches, puis la direction du haras national. Le soleil est radieux dans l’enclave vaudoise, il fait un peu plus de zéro degré.
Elles sont toutes là
En arrivant sur le parking de l’établissement, quel accueil ! Une première cigogne est en train de picorer avec conviction sur un talus. Aussitôt, une seconde me frôle en vol et se pose sur un tas de compost végétal en lisière du petit bois. Elle y dérobe un amas d’herbe sèche et décolle aussitôt. En fond sonore, des craquètements promettent un spectacle réjouissant. Me voilà plongé dans l’effervescence du printemps naissant. Avec une mine satisfaite et les jumelles au cou, Robert Schoop vient à ma rencontre. Après quelques pas et un réglage linguistique entre suisse allemand et français, nous entrons dans le cœur du haras. Entre les écuries, on chouchoute de superbes chevaux. Sur les toits et les cheminées, d’autres stars sont choyées : les cigognes. « Il y a 24 couples installées cette année, il peut encore en arriver un ou deux mais normalement tout le monde est là ». Cet ancien chef de pénitencier à la retraite est aujourd’hui le gardien des cigognes d’Avenches. Chaque année il y en a davantage. Des jeunes nés ici s’installent, d’autres venus d’Alsace, d’ailleurs en Suisse et même des Pyrénées ont immigré dans le domaine prestigieux du haras. Elles ne s’installent pas autour mais s’agglomèrent sur ce site, exploitant chaque cheminée, chaque rebord de toit et chaque bouleau accueillant.
Le bastion romand
Ailleurs en Suisse romande, la cigogne blanche n’est représentée que par un couple en Ajoie. Ici à Avenches, la plaine de la Broye, les prairies et l’absence de lignes électriques offre un cadre favorable. « L’autoroute pouvait poser un problème de sécurité pour les automobilistes et pour les cigognes, précise Robert Schoop, nous avons donc fait planter des arbres déjà grands de 6 mètres en bordure pour obliger les oiseaux à passer en hauteur ».
Alors que nous contemplons l’activité de construction d’un nid, un homme s’approche. C’est le chef de la sécurité. Il interpelle Robert à propos d’un nouveau nid construit au bord d’un toit et qui parait dangereux pour les employés qui vont et viennent en dessous. L’ornithologue expert inspecte la nouvelle construction à la longue-vue et conclut : « pas de souci, c’est du solide, il faut laisser se dérouler la nidification 2016 dans ce nid ». Le Suisse Allemand a son traducteur habituel parmi les employés du Haras pour assurer de bons échanges garants de la cohabitation entre les cigognes et la vocation première du lieu. « La plus âgée a 13 ans et est née ici. Je le sais grâce à sa bague. Le baguage est ce que je préfère de mon travail bénévole ici ». Il les connait bien ses protégées, il leur rend visite ici plus de 10 fois par an depuis 1983!
Au moment de repartir, nous observons un accouplement acrobatique dans un bouleau. En arrière-plan, flotte un drapeau rouge à croix blanche. Pas de doute, la démographie de la cigogne en Suisse est en marche.
Mieux connaître et soutenir les cigognes en Suisse.
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