© Jérôme Gremaud

Cet article fait partie du dossier

La migration des oiseaux

Des oiseaux par millions en Mauritanie

Carnet de route - Les oiseaux d’eau se donnent chaque année rendez-vous pour une pause migratoire au Banc d’Arguin, sur la côte mauritanienne.

Carnet de route - Les oiseaux d’eau se donnent chaque année rendez-vous pour une pause migratoire au Banc d’Arguin, sur la côte mauritanienne.

Cinquième étape d'un voyage en suivant les oiseaux migrateurs - La Salamandre carte
Cinquième étape à vélo entre Erg Chebi et Iwik.

Iwik, Mauritanie

31 décembre

Marée basse. Lumière fraîche du soir. Au loin, l’île d’Echakcher suspendue sur des eaux d’un bleu profond. Ça sent bon le couscous et le mérou offerts par Mohammed, un pêcheur imraguen. Les lanches, barques traditionnelles à voile latine, sont échouées sur le sable. Au village, tous sont affairés à réparer les filets pour la pêche du lendemain. Rires des gamins, chant du grand-duc et cris d’amour du chacal.

Le soleil qui a écrasé la terre toute la journée souligne maintenant de lisérés blancs le plumage des sternes pierregarins. Les oiseaux arpentent la plage, bec pointé fixement vers le bas, en suivant cette simple ligne d’écume entre deux océans, celui des sables et celui de l’eau, le Sahara et l’Atlantique. Les sternes, c’est la première fois que je les retrouve depuis Genève.

Le Banc d’Arguin! Ici, les sables du Sahara s’aventurent dans la mer en dessinant un dédale d’îles et de hauts-fonds. Cet endroit magnifique abrite chaque hiver l’un des plus impressionnants rassemblements d’oiseaux aquatiques de la Planète.

Ce matin, les migrateurs dessinaient des nuages ronds et mouvants au-dessus des vasières bruissantes de vie. J’ai vu les bécasseaux sanderlings improviser par centaines une valse malicieuse sur les plages. J’ai vu des milliers, des millions de bécasseaux, le peuple des terres du Nord avec, pour chacun d’entre eux, une histoire et un parcours ponctué d’étapes. La toundra, les rivages de la mer ou de nos lacs, puis la côte africaine, infinie. Et peut-être - qui sait ? - la Suisse entre deux.

Cinquième étape d'un voyage en suivant les oiseaux migrateurs - La Salamandre dessin pêcheur
"Au village, tous sont affairés à réparer les filets pour la pêche du lendemain." / © Jérôme Gremaud

La journée s’écoule au rythme de la marée. Basses eaux, et les échassiers arpentent les herbiers de zostères. Marée haute, et tous se concentrent sur les derniers bancs de sable émergés. Bécasseaux, pluviers argentés, petits et grands gravelots, huîtriers pies, barges rousses et courlis corlieus côtoient ici les premières espèces tropicales, mouette à tête grise et aigrette des récifs au plumage violacé.

Trois maigres buissons se dressent un peu plus loin sur la plage. Des palétuviers défient le désert gigantesque qui vient buter contre l’océan. Dans cette avant-garde de la mangrove retentit le « puuit » d’un pouillot véloce en escale. Le passereau se réjouit probablement, comme moi, de retrouver les arbres après le Sahara. Cap plein sud sur Nouakchott, la capitale mauritanienne, puis, plus loin, sur le Sénégal et Saint-Louis.

La suite du carnet de route ici.

Cinquième étape d'un voyage en suivant les oiseaux migrateurs - La Salamandre dessin limicole
Limicole / © Jérôme Gremaud

Longues pattes

Gravelots, bargettes ou chevaliers, les petits échassiers ou limicoles sont de grands migrateurs. Leurs ailes puissantes permettent à certains d’entre eux de traverser les océans. Des tournepierres américains passent l’hiver sur les côtes bretonnes. Des barges rousses de Sibérie orientale hivernent chaque année en Nouvelle-Zélande...

Arpenteurs des vasières, des grèves et des plages, l’écrasante majorité des limicoles nichent dans le Grand Nord. Là-bas, l’été est court mais la nourriture extrêmement abondante, et surtout disponible 24 heures sur 24 grâce au jour permanent. Mais il faut faire vite et élever ses poussins sans tarder. A peine les œufs pondus, les mâles de combattants variés abandonnent leurs familles pour le Sud. Chez les chevaliers culs-blancs, c’est l’inverse: les femelles quittent la Scandinavie en juillet alors que ce sont les mâles qui élèvent les jeunes.

Voyageurs au long cours, les limicoles ont impérativement besoin d’escales pour faire le plein. Leur migration et leur survie dépendent d’une chaîne de milieux humides. Protéger les marais tout au long de leur itinéraire, c’est œuvrer à la sauvegarde de ces oiseaux magnifiques.

Retrouvez tous les articles du dossier sur la migration : Voyager avec les oiseaux.

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La migration des oiseaux

Couverture de La Salamandre n°182

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 182  Octobre - Novembre 2007, article initialement paru sous le titre "Des oiseaux par millions"
Catégorie

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