© Lubomir Hlasek

Comment apparaît une nouvelle espèce dans la nature  ?

La réponse de Pierre-Alexandre Gagnaire, Directeur de recherche à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (ISEM).

La réponse de Pierre-Alexandre Gagnaire, Directeur de recherche à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (ISEM).

«Une nouvelle espèce apparaît grâce à un mécanisme qu’on appelle la spéciation, qui conduit à la formation de deux **espèces***, parfois plus, à partir d’une. Il se produit généralement lorsqu’un isolement arrive entre des groupes de populations. Cette séparation peut être géographique, comportementale ou due à des adaptations aux conditions locales. Ces groupes perdent ainsi la capacité de se reproduire et donc d’échanger des gènes.

Pourquoi certaines espèces peuvent-elles pourtant s’hybrider ?

Parce que la spéciation est un processus dynamique qui se déroule progressivement au cours du temps. Il passe nécessairement par des étapes intermédiaires où l’isolement reproductif est seulement partiel. Durant ce laps de temps, des croisements hybrides peuvent se produire, formant une descendance viable et féconde. Ils participent ainsi aux échanges de gènes entre les différentes espèces naissantes. La taxonomie – la ­classification du vivant – a parfois nommé espèces des entités biologiques qui étaient plutôt des liens évolutifs qui n’avaient pas encore acquis un isolement reproductif complet. Des échanges de gènes étaient donc encore possibles entre individus.

Il est quand même possible d’hybrider des lignées en fin de processus, comme l’âne ou le cheval, non ?

Il est possible de créer ces hybrides en captivité. Pour cela, on a donc dû retirer les barrières qui existent dans la nature, ainsi que le choix du partenaire sexuel. À l’état sauvage, un animal d’une espèce choisit de se reproduire avec un congénère. Un hybride né en captivité ne sera pas ou peu fertile, et potentiellement rejeté par les deux espèces d’origine.

Le changement climatique bouscule-t-il le mécanisme de spéciation ?

Oui, le rythme auquel les aires de distribution des espèces changent est inédit. Des lignées évolutives qui n’avaient pas complètement achevé leur spéciation sont remises en contact, alors qu’elles n’étaient pas suffisamment éloignées génétiquement pour ne plus pouvoir s’hybrider. Certaines étaient séparées depuis des millions d’années comme Ciona ­intestinalis et Ciona robusta, des organismes marins originaires de l’Atlantique et du Pacifique. Quand deux lignées se recroisent, quelques gènes sont parfois échangés. Dans d’autres cas, il y a une fusion génétique complète des deux entités qui perdent finalement la différenciation qui s’était accumulée sur le long terme.»

*Espèce

nom f. Groupe d’individus qui se ressemblent et qui sont capables de produire une descendance fertile. Il représente un segment généalogique unifié, qui est isolé reproductivement. Une espèce possède un nom scientifique composé de deux mots : le premier est le genre, le deuxième est l’espèce : Homo sapiens.

Le vison d’Europe s’hybride dans la nature avec le vison d’Amérique, échappé des visonnières au XXe siècle. / © Lubomir Hlasek

Retrouvez les réponses à vos questions dans notre rubrique Questions nature.

Couverture de La Salamandre n°285

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 285  Décembre 2024 - Janvier 2025
Catégorie

FAQ nature

Ces produits pourraient vous intéresser

Agir pour la nature au jardin

24.00 €

Le grand livre de la nature

69.00 €

Les plantes sauvages

49.00 €

Agenda de la nature au jardin 2024

6.00 €

Découvrir tous nos produits

Poursuivez votre découverte

La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille

Découvrir la revue

Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous

8-12
ans
Découvrir le magazine

Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature

4-7
ans
Découvrir le magazine

Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique

Salamandre newsletter
Nos images sont protégées par un copyright,
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur