© Jim Cumming

Pourquoi la cohabitation avec le loup est-elle meilleure en Italie ?

Le retour du loup est un sacré défi. C'est difficile pour les bergers et les éleveurs qui multiplient les nuits blanches. C'est compliqué également pour les vaches et les moutons qui se font attaquer. La vie n'est pas simple non plus pour les loups qui se font liquider par meutes entières. Alors, que faire ? Ce nouvel épisode de la Minute Nature nous fait voyager en Italie, à la rencontre de bergers et d'éleveurs, où les loups n'ont jamais disparu.

Le retour du loup est un sacré défi. C'est difficile pour les bergers et les éleveurs qui multiplient les nuits blanches. C'est compliqué également pour les vaches et les moutons qui se font attaquer. La vie n'est pas simple non plus pour les loups qui se font liquider par meutes entières. Alors, que faire ? Ce nouvel épisode de la Minute Nature nous fait voyager en Italie, à la rencontre de bergers et d'éleveurs, où les loups n'ont jamais disparu.

Julien Perrot, fondateur de la Salamandre, se rend dans les Abruzzes, un territoire protégé où subsiste encore une cinquantaine d'ours et une centaine de loups répartis dans sept ou huit meutes, qui cohabitent avec une centaine d'éleveurs. C'est de ces montagnes que les loups ont reconquis tout l'arc alpin et sont arrivés chez nous.

Dans ce parc national où il n'y a plus de chasse depuis cent ans, beaucoup d'animaux sauvages n'ont plus peur de l'humain, comme les cerfs.

Julien témoigne : C'est incroyable de voir tous ces animaux sauvages qui n'ont pas peur de l'Homme. Je me dis qu'ailleurs on a quand même perdu quelque chose ! C'est beau de pouvoir les voir de tout près sans leur faire peur.

© Antoine LAVOREL

Pour voir les loups, c'est beaucoup plus compliqué. Il faut faire des affûts le matin et le soir. Avec de la patience, les loups apparaissent. Les Abruzzes sont un refuge de faune sauvage, mais aussi une terre pastorale ancestrale. Pour en savoir plus sur la cohabitation, Julien est accompagné de la guide et accompagnatrice en moyenne montagne, franco-italienne, Sophie Collantoni, pour interroger les éleveurs.

Rencontre avec Dino Silla, éleveur

Cela fait combien d’années que vous exploitez ce domaine et combien d’animaux avez-vous au total sur l’exploitation ?

Je travaille ici depuis que j'ai 10 ans. Cela fait donc 35 ans. Nous avons 1 500 moutons, 100 chèvres et 50 vaches.

Les chiens que vous avez sont des bergers d'Abruzzo ? Vous en avez combien ?

Oui, j'en ai 40. Nous avons 4 troupeaux de moutons et dans chaque troupeau, il y a une meute de 6 à 10 chiens.

Comment ça se passe avec les loups ?

Nous sommes ici au cœur du Parc National des Abruzzes.

Les loups ont toujours vécu ici. C'est nous qui avons envahi leur territoire. Nous savons qu'ils sont là et nous nous protégeons avec des chiens de protection qui permettent d'éviter de nombreuses attaques.

En général, les chiens les plus jeunes vont au-devant du troupeau et quand ils sentent un prédateur, ils reculent prévenir les autres chiens. Les chiens qui sont derrière viennent en renfort, mais ceux qui sont au milieu du troupeau restent sur place. Parce que les loups attaquent souvent par trois ou quatre. Pendant qu’un détourne l’attention des chiens, les autres essayent d'attaquer le troupeau.

© Antoine LAVOREL

Quand un loup tue des animaux, est-ce que vous êtes dédommagé par l'État ?

Sophie traduit : Alors si l’attaque a eu lieu dans le pâturage entre la date du 15 juin au 15 octobre, ils ont l’indemnisation du Parc. Si cela advient avant ou après ces dates-là, l’indemnisation, ils l’auront seulement si ça s’est passé autour de l’exploitation même.

Certaines personnes pensent qu'on devrait simplement tuer les loups pour résoudre les problèmes. Qu'en pensez-vous ?

Nous savons que le loup constitue une menace pour tous nos animaux domestiques. Si nous avons la possibilité d'éviter de tuer le loup grâce à des chiens de protection ou des clôtures électrifiées, donnons-lui une chance de vivre.

Si on abat tous les loups présents sur un territoire, il y aura une augmentation du nombre d'autres animaux sauvages comme par exemple les cerfs qui pourraient manger toute l’herbe des pâturages de la région.

Il s'agit donc de respecter un équilibre entre le nombre de loups et le nombre d'animaux sauvages herbivores. En fait, la principale chose à faire est de ne pas laisser le loup manger un de vos animaux. Si on arrive à l’arrêter la première fois, la deuxième fois, c'est sûr que ce loup ne reviendra pas attaquer le troupeau.

© Jean-Michel Bertrand

Rencontre avec Pietro et Italia D'Annessa, éleveurs et bergers

Vous faites du fromage ? Combien avez-vous de chèvres ?

Oui, nous fabriquons du fromage et nous avons 243 chèvres.

Pourquoi vous avez choisi de vous installer dans la région d'Italie où il y a le plus de loups ?

Parce qu’avant même de parler de loups, les Abruzzes est une terre de pastoralisme. J'étais déjà passionné lorsque j'ai eu la chance de rencontrer Italia. Nous avons créé cette ferme dans une région marquée par l'héritage des bergers et des chèvres.

Comment vous faites pour ne pas avoir d'attaques ?

Avec une bonne meute de chiens. Et le troupeau est toujours surveillé par le berger que je suis. Chaque matin, nous partons au pâturage à 9h30. Chaque soir, nous revenons à 17h30 avec un groupe de dix chiens de " Bergers des Abruzzes " et deux chiens de conduite. Les chèvres ne sortent jamais seules. Nous sommes toujours dans les pâturages avec elles. Elles sortent ou rentrent avec nous.

Notre présence soutient le travail des chiens. Pour que le loup décide d'attaquer, il doit être sûr de lui à 100 %. Avec dix chiens en face, ce n'est pas évident pour lui et cela le dissuade d'attaquer.

© Antoine LAVOREL

Cette année, vous avez eu des attaques ?

Oui, en mars, en avril, et deux attaques en septembre. Nous n'avons pas eu de chèvres tuées, mais un chien blessé.

Est-ce que le loup rend votre métier plus difficile ?

Non, car je considère que le pâturage doit toujours être accompagné pour une bonne gestion environnementale et aussi pour bien surveiller les animaux. Si vous voulez aussi travailler sur la génétique des chiens, il faut les observer en train de garder le troupeau. Si vous n’êtes pas là pour voir comment ils fonctionnent, vous aurez du mal à les comprendre. Il faut toujours être attentif.

Est-ce que vous auriez un conseil à donner pour les agriculteurs, en France ou en Suisse, qui sont en souffrance avec le retour du loup ?

Un conseil que je peux donner est de commencer par élever un bon chien de protection. Le travail qu'un chien accomplit pour nous, même 20 personnes ne peuvent pas le faire !

Il ne faut jamais prendre un seul chiot, mais plutôt deux frères d’une même portée. Depuis leur naissance, ils forment une équipe. Ils auront déjà compris par eux-mêmes quel est le rôle de l'un par rapport à l’autre. Et il faut leur consacrer du temps. Nous sommes disponibles pour toute personne qui voudrait avoir de l’aide sur le sujet.

© Jean-Michel Bertrand

Julien conclut : " Tirer les grands prédateurs préventivement, y compris par meute entière, n'est pas la solution. D'autres loups occuperont très vite les territoires libérés. Souvent, en désorganisant les meutes, cela ne fait rien d'autres que d'augmenter les dégâts sur les troupeaux. Toutes les études le prouvent. Le nombre d'attaques sur les troupeaux dépend plus des mesures de protection que de la densité des loups ".

Les associations de protection des alpages

  • OPPAL : Pour un amélioration de la coexistence entre les activités humaines et les grands carnivores.
  • FERUS : Association nationale pour la conservation de l’ours, du loup et du lynx en France
© Nos Amis Sauvages

Pour aller plus loin...

Ne manquez pas le 5ème épisode de la saison 5 de Nos Amis Sauvages, consacré aux loups et tourné dans le Jura Suisse.

Samedi 14 décembre à 18h45 sur RTS1 puis en replay dès 19h30 sur notre plateforme salamandre.tv.

Retrouvez tous les épisodes de La Minute Nature sur salamandre.org ou en vous abonnant à la chaîne YouTube de Julien Perrot

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