Les couleurs dans l’histoire de l’humanité
Les couleurs occupent une place centrale dans notre culture. Lesquelles se détachent du lot pour former nos incontournables ?
Les couleurs occupent une place centrale dans notre culture. Lesquelles se détachent du lot pour former nos incontournables ?
Il y a quelques dizaines d’années, des anthropologues se sont livrés à une célèbre expérience. Ils ont présenté à des sujets de toutes langues et de toutes origines une carte avec 329 cases présentant autant de couleurs différentes en dégradés ordonnés par teinte, saturation et clarté. La consigne était simple : pointer des aires sur cette carte en désignant la couleur correspondante. Puis dessiner l’étendue du nom de cette couleur sur la carte. L’ensemble des données a fait ensuite l’objet d’analyses très poussées.
Les conclusions de cette étude sont fascinantes. La plupart des langues s’accordent sur l’existence de six couleurs primaires : noir et blanc, jaune et bleu, rouge et vert… Comme par hasard, c’est sous la forme de contrastes entre ces trois paires d’antagonistes que les informations visuelles pré-analysées par notre rétine sont envoyées au cerveau. Autrement dit, notre perception culturelle des couleurs s’accorde précisément à la manière dont nos neurones intègrent la lumière.
Ici ou là, quelques langues primitives nomment moins de couleurs mais il subsiste toujours au minimum le noir et le blanc, puis le rouge. Comme le résume le physicien Libero Zuppiroli, auteur d’un magistral Traité des couleurs, « ces trois-là constituent véritablement la trilogie de base. Le blanc pour la lumière. Le noir pour l’obscurité. Et le rouge, couleur des couleurs par excellence. La couleur des premiers ocres préhistoriques, des sépultures. La couleur du sang ».
Les travaux de l’historien médiéviste Michel Pastoureau vont exactement dans ce sens. Rouge, noir et blanc, c’est en quelque sorte l’origine des couleurs. A travers l’Antiquité et jusqu’au Moyen Age, les systèmes symboliques et les codes sociaux de l’Occident se sont articulés autour de ces trois couleurs. Vêtements, emblèmes, liturgies sont organisés sur l’opposition du blanc et du noir et sur celle du blanc et du rouge. Tout y est entre le clair et le sombre, le plein et le vide, le froid et le chaud ou encore le propre et le sale… Le bleu, le vert et le jaune sont inexistants, honteux ou de mauvais goût. Ces nouvelles couleurs n’émergent qu’à partir du XIIe siècle dans les vitraux, les parchemins et les étoffes. Aujourd’hui, on les retrouve partout, y compris sur tous ces écrans qui saturent nos yeux.
La préhistoire des couleurs
Le rouge est la plus ancienne de nos couleurs. Qu’emportaient pour tout bagage nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ? Du silex… et de l’ocre ! Avec ce pigment qu’ils savaient moduler en le réchauffant, ils peignaient des animaux dans des grottes, enduisaient leur visage et ornaient leurs sépultures. Puis sont venus le noir du charbon et le blanc du kaolin, une argile immaculée qu’on utilise pour confectionner des porcelaines.
Du rouge au violet
Comme dans l’expérience de Newton, l’arc-en-ciel révèle la totalité du spectre visible. Mais combien présente-t-il de bandes colorées ? Sept, huit, douze ? Autant que vous voulez car c’est un dégradé continu.
Cette image fugace survient quand les rayons de lumière blanche du Soleil rencontrent de minuscules gouttelettes en suspension dans l’air. Chacune d’entre elles agit comme un prisme miniature qui décompose le rayon lumineux une première fois quand celui-ci la pénètre… et une seconde fois quand il en ressort. Voilà pourquoi nous pouvons voir un double arc du rouge au violet en passant par l’orange, le jaune, le vert et le bleu.
Apprenez tout sur les couleurs dans la nature dans la suite du dossier.
Découvrez notre dossier complet sur la reine des couleurs, le rouge.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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