Le mois d’octobre au jardin
Quand vient le mois d'octobre, les araignées déclinent, les larves de cétoines grandissent et les rougegorges chantent. Récit d'Aino Adriaens, une fine observatrice.
Quand vient le mois d'octobre, les araignées déclinent, les larves de cétoines grandissent et les rougegorges chantent. Récit d'Aino Adriaens, une fine observatrice.
9 octobre
La vigne vierge a donné le signal. Elle a troqué sa robe verte contre une élégante tenue de soirée rose. Puis, peu satisfaite du résultat, elle s’est fardée de rouge carmin et d’un soupçon de khôl. La bise a pris la relève. Elle a débarqué sans prévenir et s’est déchaînée pendant plusieurs jours. Froide et pénétrante. Les tomates s’en souviennent encore. Elles se sont mises à noircir, à défaut de chaleur pour les rougir à bloc.
Mais le soleil n’a pas dit son dernier mot. Ce matin, il brille généreusement. J’ai sorti les grands paniers d’osier de la remise. Les enfants se sont emparés du cueille-pommes, leur papa a sorti le pressoir. C’est sûr, il y aura du jus frais et une tarte aux poires tout à l’heure au goûter.
Pour les oiseaux aussi, c’est la fête. Le rougegorge chante comme au printemps. Peut-être pour saluer le passage des voyageurs à destination du sud. Un rougequeue à front blanc a fait escale au bord de l'étang, histoire de prendre un bain et de faire le plein de chenilles avant de reprendre la route. La journée a passé trop vite, raccourcie d’un cran par le grand jeu des astres et de la Terre. Le froid est tombé brusquement. Il est temps de rentrer. Le poêle à bois va ronfler. Il reste encore des pommes à sécher.
Toiles et cocons
L’automne serait-il la saison des araignées ? Au jardin, leurs toiles semblent tout à coup omniprésentes, scintillantes d’humidité ou perlées de givre après les premières gelées. Pour beaucoup d’espèces pourtant, c’est le déclin. A défaut de proies à se mettre sous la dent, elles meurent ou se cachent pour hiverner. L’épeire fasciée, une belle araignée reconnaissable à ses zébrures jaunes et noires, a d’autres priorités. Pour elle, la saison des amours touche à sa fin. Il est plus que temps d’assurer sa descendance.
Après l’accouplement, qui a lieu de fin juillet à fin août, la femelle se nourrit énormément. En septembre, elle pond ses œufs sous un cylindre de soie, puis les entoure d’un épais matelas tissé et d’une enveloppe parcheminée. Le cocon achevé prend la forme d’une montgolfière retournée. Après avoir épuisé tout son fil et son énergie dans la confection de ce berceau, la femelle se laisse tomber au sol et meurt. Les jeunes araignées éclosent avant l’hiver. Elles restent à l’abri dans le cocon jusqu’au printemps.
Reconnaître 20 araignées parmi les plus communes de nos régions avec le Miniguide n° 63 de La Salamandre.
Pattes poilues
A l’intérieur des maisons, cela bouge aussi du côté des araignées. Immense, noire et poilue, la tégénaire en balade fait hurler les âmes sensibles et frissonner les plus courageux. A la nuit tombée, on la voit courir le long des murs. On la retrouve au matin, piégée au fond de la baignoire. Précisons qu’elle est incapable de monter par les siphons : la tégénaire s’aventure simplement par en haut et ne parvient pas à remonter les bords lisses des cuvettes.
Ces apparitions portent à croire que les araignées rentrent dans les maisons à l’automne pour passer l’hiver au chaud. Faux ! En réalité, les tégénaires vivent toute l’année dans nos appartements, en toute discrétion. En été, les mâles atteignent leur maturité sexuelle et se mettent en quête des femelles, qui restent à l’affût au fond de leur tunnel de soie. Il arrive que le mâle en rut, reconnaissable aux gros pédipalpes qu’il porte devant lui, fasse de mauvaises rencontres au cours de ses pérégrinations : la semelle de la maîtresse des lieux ou le souffle d’un aspirateur…
Epargnons les vers blancs
Il y a encore des fleurs au jardin, mais plus grand monde pour s’en délecter. Grande amatrice de nectar et de pollen, la cétoine dorée a tiré sa révérence dès les premiers froids. Pourtant, on rencontre facilement sa grosse larve blanche en remuant le tas de compost. Profitant depuis le printemps de la chaleur de fermentation et de nourriture en abondance, la larve y atteint en quelques mois son dernier stade de croissance. Elle passera tout l’hiver sous cette forme avant de se confectionner au printemps une coque de terreau, lisse en dedans, rugueuse au dehors. Le bel insecte vert métallisé en émergera à l’automne ou au printemps suivant, selon la météo.
Les larves de cétoines souffrent beaucoup de la confusion avec les larves de hannetons, plus connues sous le nom de « vers blancs ». Ces derniers grandissent exclusivement dans le sol, où ils se nourrissent surtout de racines et de tubercules. Les larves peuvent causer des dégâts dans les pelouses et les potagers, tandis que les hannetons adultes se nourrissent de feuilles tendres. Autrefois, les invasions de hannetons pouvaient être spectaculaires et ruiner localement des récoltes, si bien que les vers blancs ont acquis une très mauvaise réputation. Notre courroux n’a plus lieu d’être aujourd’hui : les hannetons se sont fortement raréfiés avec la mécanisation de l’agriculture, car les larves, très fragiles, ne supportent pas le travail du sol.
En septembre-octobre, c'est le bon moment pour... Retrouvez une liste non exhaustive dans notre guide pratique.
Retrouvez tous les articles du dossier: L'autre jardin
Cet article fait partie du dossier
Un jardin au fil des saisons
-
JardinJardin
Les oiseaux migrateurs au jardin en hiver
Abonnés -
JardinJardin
Le printemps du jardin
Abonnés -
JardinJardin
Les événements se précipitent
Abonnés -
JardinJardin
Plein soleil au jardin en juillet
Abonnés -
JardinJardin
Le mois d’octobre au jardin
Abonnés -
JardinJardin
Le temps du repos
Abonnés -
JardinJardin
Plantez des fleurs sauvages au jardin
Abonnés -
JardinJardin
Planter une haie
Abonnés -
JardinJardin
S’offrir un arbre
Abonnés -
JardinJardin
Créer une mare
Abonnés -
BricolagesBricolages
La saison des nichoirs
Abonnés -
BiodiversitéBiodiversité
Nichoirs de bon augure
Abonnés -
ÉcologieÉcologie
Ces petits aménagements qui font la différence au jardin
Abonnés -
JardinJardin
Guide pratique: A chaque saison sa bonne action
Abonnés
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur