Tous les poussins du milan noir ne survivent pas
Les poussins milans noirs sont nés des mêmes parents, ils se sont partagé le même nid. Au début à trois, tout va. Puis cela se gâte.
Les poussins milans noirs sont nés des mêmes parents, ils se sont partagé le même nid. Au début à trois, tout va. Puis cela se gâte.
Après le calme de la couvaison, la cité des milans se réveille. Des deux côtés du fleuve, le rythme des nourrissages s'intensifie. Sur le nid du grand saule, les jeunes sont délicatement nourris par leur mère. Ils dressent leur cou vers elle, bec ouvert, mais fatiguent vite. Elle tient sa proie dans une patte, la dépèce et leur distribue de tout petits morceaux. Pendant ce temps, le mâle bat la campagne, pêche des poissons à la surface du fleuve, ramène des rats énormes et des quartiers de viande.
Agonie
Au début, il n'y a guère de différence entre les trois jeunes, mais plus le temps passe, plus les deux aînés monopolisent les nourrissages. Maintenant, le cadet paraît presque chétif. La femelle a-t-elle conscience du drame qui se prépare ? Cherche-t-elle à l'éviter ? Ou à le provoquer ? En tout cas, il lui arrive d'écarter le plus gros poussin manifestement repu pour nourrir le plus petit.
Chocolat à la crème
Le 27 mai, des plumes brunes percent le duvet des deux aînés. Le cadet encore tout blanc ne fait que de brèves apparitions. Le 6 juin, il ne donne plus signe de vie sans qu'il soit possible de savoir si son cadavre pourrit au fond du nid ou s'il a été dévoré. Ce jour-là, les deux jeunes rapaces sont entièrement couverts de jolies plumes brun chocolat auréolé de crème. Finie, la becquée : ils se nourrissent de proies entières qui sont jetées sur le nid.
La femelle les laisse de plus en plus souvent seuls pour aller chercher de la nourriture. Toujours affamés, ils réclament bruyamment.
A partir du 10 juin, le duo aux allures d'aiglons commence à battre des ailes. Tous deux entraînent leurs muscles et s'aventurent sur la grosse branche qui porte le nid. Ils halètent sous le soleil, ils ont l'air nerveux, impatients. On aimerait être là le jour J, assister au grand saut. A vrai dire, il n'y a pas vraiment de jour J. L'émancipation est progressive. Les premiers vols malhabiles ne sont que des sauts de branche en branche, ailes battantes.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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