Le daltonisme, une anomalie qui touche principalement les garçons
Non, nous ne voyons pas tous les couleurs de la même façon. Les garçons sont vingt fois plus touchés par le daltonisme que les filles.
Non, nous ne voyons pas tous les couleurs de la même façon. Les garçons sont vingt fois plus touchés par le daltonisme que les filles.
En 1794, à l’âge de 28 ans, le physicien anglais John Dalton se fait remarquer pour ses difficultés à choisir des toges adaptées à son rang lors des cérémonies universitaires. Ces mésaventures, aggravées par des débats sans fin avec des botanistes sur la teinte de certaines fleurs, l’amènent à prendre conscience de son incapacité à distinguer le vert du rouge. Constatant que son frère souffre du même handicap, Dalton suppose une origine génétique à cette curieuse maladie qui porte désormais son nom : le daltonisme.
On l’a vu, notre vision des couleurs repose sur trois types de cônes distincts, on dit qu’elle est trichromatique. Que l’un de ces trois types de neurones spécialisés manque ou dysfonctionne et nous ne sommes plus que bichromates avec un univers coloré réduit à celui d’un chat par exemple. Une personne sur 33 000 est même entièrement achromate, c’est-à-dire insensible aux couleurs en raison de l’absence complète de cônes dans sa rétine.
Chez Dalton, c’est le cône récepteur du vert qui ne fonctionnait pas. On le sait parce qu’il avait demandé que ses yeux soient conservés pour des études ultérieures. Cent cinquante ans après sa mort, il a suffi d’en extraire un peu d’ADN pour confirmer la mutation coupable parmi les différentes formes de daltonisme.
Les gènes codant les photorécepteurs du rouge et du vert sont situés sur le chromosome X, autrement dit celui qui détermine notre sexe masculin ou féminin. Ces anomalies génétiques se transmettent de génération en génération. Chez les femmes porteuses de deux chromosomes X, elles ne s’expriment généralement pas puisque la probabilité que les deux exemplaires du même gène aient le même souci est extrêmement faible. En revanche, pour les hommes porteurs d’un seul X, toute mutation se manifestera forcément. Pas étonnant que les daltonismes rouge-vert touchent 8 % de la population masculine contre seulement 0,4 % des femmes.
Sous sa forme la plus répandue, le daltonisme affecte partiellement la distinction du vert et du rouge, pas de manière intégrale comme chez Dalton. On connaît aussi une insensibilité entre le jaune et le bleu provoquée par une mutation d’un gène du chromosome 7.
Et les insectes, comment perçoivent-ils les couleurs ?
La part du cerveau
L’œil est l’organe qui perçoit les couleurs, mais c’est ensuite le cerveau qui les analyse et les pondère suivant le contexte, parfois de manière étonnante. Démonstration en trois temps.
Regardez ce cercle, plus foncé en bas et plus clair en haut ?
- Eh non, c’est juste le fond dégradé tout autour qui vous induit en erreur.
Et maintenant, ces bandes orange. Lesquelles sont les plus colorées ?
- Elles sont de teinte identique à gauche et à droite. Le cerveau interprète par erreur celles de gauche comme plus colorées.
Et ces boules en relief, combien de couleurs présentent-elles ?
- Regardez à la loupe, elles sont toutes de même couleur. Si vous pensez différemment, ce sont les bandes horizontales qui vous ont induit en erreur.
Daltonien ou non ?
Le test le plus connu pour dépister les diverses formes de daltonisme a été imaginé en 1917 par l’ophtalmologue japonais Shinobu Ishihara. Les 38 planches à visionner sont composées d’une mosaïque de points de couleurs différentes, disposées de façon aléatoire, au sein desquelles apparaît une forme sur un fond. Parce qu’elles sont très belles, voici cinq de ces planches, mais n’en tirez pas de diagnostic hâtif…
Apprenez tout sur les couleurs dans la nature dans la suite du dossier.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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