Dans les Pyrénées, une association fait découvrir les sons de la nature
L’association Ana-Conservatoire d’espaces naturels Ariège teste une approche expérimentale pour sensibiliser à la biodiversité via ses sons.
L’association Ana-Conservatoire d’espaces naturels Ariège teste une approche expérimentale pour sensibiliser à la biodiversité via ses sons.
Poser les jumelles, fermer les yeux et prendre le temps d’écouter. L’approche de l’ANA-CEN Ariège invite à appréhender le vivant sous une autre dimension. « L’idée est d’enregistrer le paysage sonore de dix milieux naturels que l’on retrouve dans le département, témoigne Hélène Lopez, animatrice et coordinatrice du projet «Biodiversité sonore» à l’association. Le but est de sensibiliser le public à travers la réalisation de cartographies audio valorisant le territoire. »
“Il y a davantage une vision sensible que naturaliste.
„

Depuis 2020, ces écoutes composent l’illustration sonore du livre Ariège grandeur nature, en partenariat avec l’audionaturaliste Marc Namblard et des bénévoles : les guetteurs de sons. Les murmures des forêts, montagnes, milieux humides ou grottes seront ainsi enregistrés par ces mélomanes de la nature jusqu’en 2024. Sur trois des sites enregistrés, cet inventaire a mobilisé l’ACIRENE, une association experte en étude acoustique. Un grand nombre de volontaires ont également participé au projet sur un site participatif dédié lors de rendez-vous réguliers. « Chaque écoute donne lieu à une retranscription écrite et à une carte postale sonore qui permettent d’entendre les caractéristiques du site », précise Hélène. La force de cette approche est la prise de conscience des sons qui nous entourent. L’ANA-CEN Ariège développe aussi des projets pédagogiques. « Il y a davantage une vision sensible que naturaliste. Il s’agit d’adopter une posture par rapport à la nature via une écoute un peu plus naïve qui marche bien avec les enfants. »

Mais cette approche bénéficie aussi aux adultes. Ils témoignent prendre conscience des sons environnants, mais aussi de la pollution sonore « notamment due au trafic aérien, même en altitude, selon Hélène. J’ai parfois compté une vingtaine d’avions en une heure sur mes enregistrements». Même si cette approche semble encore novatrice en France, elle ne date pas d’hier. C’est à la fin des années 1960 que le musicologue canadien Murray Schafer a inventé le concept de paysage et d’écologie sonores. Le but était de prendre en considération l’environnement acoustique et d’en faire un objet d’étude pour sensibiliser la population face à ce qu’il décrivait comme le « vacarme de nos sociétés modernes ».

Fort de cette démarche, l’ACIRENE a travaillé sur cette thématique et a par exemple réussi à faire intégrer des pictogrammes sur les cartes IGN, dans le Haut-Jura. Un travail qui inspire en Ariège, où Hélène souhaite notamment prolonger ces écoutes sur le très long terme afin de documenter l’évolution des paysages sonores.

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur