Chouettes chevêchette, Tengmalm et hulotte, portrait de famille
Portrait croisé de deux chouettes forestières parfois au menu de leur grande cousine.
Portrait croisé de deux chouettes forestières parfois au menu de leur grande cousine.
Pas de doute, la chevêchette d'Europe et la chouette de Tengmalm sont des Nordiques ! Ces deux oiseaux sont originaires de l'immense forêt qui court de Scandinavie jusqu'au Kamtchatka, péninsule à l'extrême est de la Russie. On les trouve aussi plus au sud, isolées dans des massifs montagneux, comme des îlots dont le climat rigoureux et les conifères rappellent le nord du continent : Alpes, Jura, Carpates, Caucase, Tian Shan… Pour les spécialistes, ce sont ce qu'on appelle des reliques glaciaires arrivées chez nous lors de périodes froides.
Pour survivre dans des conditions climatiques parfois extrêmes, toutes deux ont l'habitude de faire des réserves de proies. Pour le reste, hormis leur petite taille qui en fait des proies potentielles pour la hulotte, elles ont des stratégies de vie complètement différentes. Démonstration.
Hulotte
La grande nocturne
- taille d'une petite corneille ou d'un pic noir
- forestière : polyvalente limitée par climat froid
- strictement nocturne
- capture surtout des petits mammifères mais aussi des proies plus grosses : belettes, geais, merles
- niche dans des loges de pic noir ou des trous de bâtiment
- sédentaire et très territoriale
Tengmalm
La nocturne spécialiste
- taille d'un merle rondouillard avec une très grosse tête
- forestière : grands conifères et idéalement vieux hêtres
- strictement nocturne (sauf dans le Grand Nord)
- spécialisée sur les petits mammifères qu'elle détecte grâce à un système auditif très perfectionné
- niche dans une cavité de pic noir ou exceptionnellement de pic vert
- mâle sédentaire, femelle opportuniste se déplaçant selon les pullulations de rongeurs
Chevêchette
La diurne polyvalente
- petite comme un étourneau
- forestière : vieux conifères et petites clairières
- active au crépuscule et en plein jour
- capture des petits mammifères, mais aussi beaucoup d'oiseaux ainsi que des lézards et des invertébrés en cas de disette
- niche dans une cavité de pic épeiche ou de pic tridactyle
- sédentaire, le couple défend son territoire de manière très agressive
Chouette ou pas chouette ?
Chevêchette souligne la très proche parenté de cette espèce avec la chevêche d'Athéna, plus grande et aussi assez diurne. Quant à Tengmalm, ce qualificatif rébarbatif rappelle le nom d'un ornithologue suédois. Il n'y a pas si longtemps, on parlait donc de chouette chevêchette et de chouette de Tengmalm. Puis les termes de nyctale de Tengmalm et de chevêchette d'Europe ont été proposés pour souligner le fait que ces deux oiseaux appartiennent à des genres différents. Et aussi parce qu'il existe une trentaine d'espèces de chevêchettes dans le monde, de la Patagonie à Cuba en passant par le Sahel. Dans ce dossier, pour simplifier, nous parlerons simplement de chevêchette et de Tengmalm.
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C'est la puissance d'amplification des sons produite par le disque de plumes qui recouvre la face de la Tengmalm. Cette antenne parabolique concentre les ondes sonores vers les organes auditifs situés derrière l'œil. Une modification du squelette oriente le conduit auditif gauche vers le bas et le droit vers le haut. Ainsi, même dans la nuit la plus noire, les proies sont localisées par analyse des différences de temps et d'intensité sonore reçus par les deux oreilles. La chevêchette dépourvue de ce dispositif est incapable de chasser de nuit, sauf par bonne lune.
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plus sensible à la lumière que l'œil humain, telle est la peformance visuelle de la chouette de Tengmalm. Cet exploit s'explique par la grande taille de l'œil mais aussi de la pupille qui peut s'ouvrir tout grand. Pour capter et analyser la plus faible lumière, le fond de la rétine est extrêmement riche en bâtonnets dédiés à la détection des contrastes. De jour, la chouette voit bien en réduisant le diamètre de ses pupilles mais reste peu sensible aux couleurs. A l'inverse, la chevêchette aux yeux plus petits a une vision nocturne probablement moins bonne que nous. Mais les cônes de sa rétine, très sensibles aux couleurs, font des miracles pour repérer rongeurs et petits passereaux en plein jour. Leur sensibilité aux UV lui permettrait aussi de voir sur le sol les traces d'urine des micromammifères.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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