Des bunkers pour le rhinolophe
Dans les Préalpes fribourgeoises, d’anciens forts militaires se transforment en refuges d’hiver pour le rhinolophe, une chauve-souris menacée.
Dans les Préalpes fribourgeoises, d’anciens forts militaires se transforment en refuges d’hiver pour le rhinolophe, une chauve-souris menacée.
Chauve-souris autrefois répandue, le petit rhinolophe a failli disparaître de Suisse dans les années 1970, notamment à cause de l’usage massif des pesticides. Aujourd’hui, les Préalpes fribourgeoises sont une des premières régions qu’il recolonise. Ici, des installations militaires abandonnées ont été adaptées spécialement pour qu’il puisse hiberner à l’abri du gel. Et ça fonctionne ! « L’hiver passé, un des forts aménagés a été occupé », s’enthousiasme Jérôme Gremaud du Groupe fribourgeois pour l’étude et la protection des chauves-souris (FRIbat-CCO Fribourg), à l’origine du projet.
Depuis 2018, cinq sites des communes de Gruyères et de Val-de-Charmey ont fait l’objet de travaux pour donner un coup de pouce à cette espèce. « L’idée est née quand on a découvert que le fort des Marches abritait plusieurs individus, se souvient le biologiste. Ce type d’endroit répond bien à leurs besoins, assez précis quant à la température et à l’humidité de l’air. »
Débute alors une tournée des infrastructures militaires désaffectées pour juger leur potentiel d’accueil. « Nous sommes en lien avec des communes et des privés, à qui appartiennent maintenant ces constructions, et le canton qui fournit la majeure partie des financements, précise le chiroptérologue. L’avantage, c’est que ces lieux sont inutilisés et les travaux peu coûteux. » La seule opération nécessaire consiste à modifier la grille d’entrée pour permettre aux rhinolophes de la franchir en vol. Ils refusent en effet de se glisser dans leurs refuges en rampant, comme certaines autres chauves-souris. « L’intervention n’est pas compliquée, mais c’est toute une aventure d’apporter du matériel de soudure jusqu’aux forts, parfois cachés au fond des bois », s’amuse Jérôme.
“L’avantage, c’est que ces lieux sont inutilisés et les travaux peu coûteux.
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Quelques mois seulement après son aménagement, un des sites a été utilisé cet hiver. Une arrivée rapide qui prouve le passage régulier du petit rhinolophe dans le secteur. « Les individus communiquent probablement entre eux pour s’indiquer les abris intéressants, note le biologiste. On espère que l’info se propagera et que les effectifs augmenteront dans les années à venir. »
En attendant, FRIbat diversifie ses opérations de protection des chauves-souris : conseils auprès du canton, aménagement de combles en gîtes de reproduction, travaux pour sécuriser le franchissement des routes et des chemins de fer… « Sans oublier la sensibilisation du public aux menaces qui pèsent encore sur ces animaux fragiles et peu connus », conclut Jérôme. Un engagement sans faille pour les rhinolophes, murins et autres pipistrelles.
Visitez un fort aménagé pour les chauves-souris dans La Minute Nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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