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Bestiaire bizarre
Desman des Pyrénées, un étrange mammifère
Pattes palmées, profil d’ornithorynque, nez à rallonge… Qui est donc le très surprenant desman des Pyrénées ?
Pattes palmées, profil d’ornithorynque, nez à rallonge… Qui est donc le très surprenant desman des Pyrénées ?
Nous sommes en 1811. Un pêcheur pyrénéen attrape dans un torrent une drôle de bestiole qui finit entre les mains du naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Pattes de canard, trompe d’éléphant, queue de rat… l’animal atypique est d’abord classé parmi les musaraignes. Mais en réalité, c’est à une taupe semi-aquatique que nous avons affaire ! Cette boule de poils d’environ 60 g s’aventure rarement hors de l’eau et se sert de sa queue, plus longue que son corps, comme d’un gouvernail. Ses grandes pattes arrière palmées font de lui un excellent nageur capable de remonter le courant à toute vitesse. Grâce aux membranes d’obturation de ses narines, il peut plonger en apnée. Le desman était considéré comme exclusivement nocturne, mais on a découvert récemment qu’il peut aussi être actif de jour. Longtemps décrit comme mangeur de poissons, on sait maintenant qu’il est insectivore, avec un faible pour les larves aquatiques telles que les phryganes.
L’animal ne se trouve qu’au nord de la péninsule Ibérique et sur quelques kilomètres en France, le long de la frontière espagnole. En 25 ans, il aurait disparu de la moitié des cours d’eau qu’il fréquentait. Côté français, la situation est particulièrement critique. La faute à la fragmentation de son habitat par des barrages et autres infrastructures humaines, mais aussi à l’expansion d’un prédateur exotique, le vison d’Amérique. Le pauvre rat-trompette subit également les sécheresses à répétition et pollutions multiples. En 2021, il a rejoint la triste liste rouge des espèces en danger.
Cet animal discret et encore méconnu est étudié notamment grâce à ses crottes. Si vous passez dans les Pyrénées, vous aurez bien plus plus de chance de repérer ces tortillons brun-noir de 2-3 mm de diamètre sur un rocher de la berge que de voir l’animal lui-même. Se prend-il pour un dahu ?
2 700 m
Altitude maximale d’observation du desman. Se reproduisant à la saison froide, il n’hiberne pas mais descend si les torrents sont gelés. Plus bas, il peut se nourrir toute l’année d’insectes sous forme de larves aquatiques.
Sens unique
Quasiment aveugle et malentendant, le desman perçoit son environnement grâce à sa trompe frétillante. Il agite en permanence cet organe couvert de vibrisses, puissants détecteurs sensoriels.
18 km
Distance mesurée entre deux observations d’un même desman à un an d’intervalle. L’espèce peut parcourir plusieurs kilomètres par jour.
2
Espèces de desmans dans le monde. En plus du pyrénéen, seul le desman de Russie, huit fois plus lourd, subsiste aujourd’hui. D’autres formes anciennes sont connues de fossiles.
Ne confondez pas desman et musaraigne aquatique
Une musaraigne qui se promène sous l’eau et chasse des poissons, vous voulez rire ? Et pourtant... Alors que leurs cousines terrestres se nourrissent essentiellement d’insectes, araignées, limaces et vers en tout genre, les crossopes préfèrent les crustacés, gastéropodes, petits poissons et grenouilles. Plus grosse musaraigne d’Europe, la crossope aquatique est présente dans la plupart des départements français et des cantons suisses. Elle plonge des centaines de fois par jour pour manger quotidiennement plus que son propre poids !
Bonus
La Salamandre et Baleine sous Gravillon, les podcasts du Vivant, vous invitent à écouter cet épisode dédié au desman des Pyrénées.
Un podcast fascinant dans lequel Hélène Dupuy (naturaliste sfepm) nous parle de cet " étrange " animal, classé vulnérable sur la liste rouge de l’UICN et des causes de sa disparition.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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