Donner aux forêts le temps de vieillir
Avec le projet Sylvae, les conservatoires d’espaces naturels souhaitent étoffer leur réseau de vieilles forêts. Précisions.
Avec le projet Sylvae, les conservatoires d’espaces naturels souhaitent étoffer leur réseau de vieilles forêts. Précisions.
Leur superficie est mal connue en France, mais elle ne dépasserait pas 30 000 ha, soit 1 % seulement du territoire national métropolitain. Les vieilles forêts sont rares et menacées. « Leur richesse en biodiversité, leur rôle de laboratoire témoin et leur capacité de stockage du carbone en font des trésors à préserver absolument », assène Céline Chouzet, responsable communication, vie associative et mécénat au Conservatoire d’espaces naturels (CEN) d’Auvergne.
Le projet Sylvae est né pour protéger ces forêts-là en priorité. « Dès 2018, grâce à du financement participatif et à des fonds européens, nous avons commencé à acheter de telles parcelles forestières privées en Auvergne. Nous en possédons actuellement 163,5 ha », se félicite Céline Chouzet. Un réseau de bénévoles aide à la veille foncière, aux inventaires naturalistes et à la documentation photographique au sein de ces espaces remarquables.
Et c’est quoi exactement une vieille forêt ? Pour entrer dans cette catégorie, le territoire en question doit être ancien et mature, c’est-à-dire boisé depuis au moins 200 ans, et abriter de gros arbres âgés ainsi qu’une quantité importante de bois mort. En pratique, une fois acquis, ces espaces ne feront l’objet d’aucune coupe ni d’aucune intervention sylvicole. L’objectif est de laisser les arbres accomplir leur cycle biologique complet : croissance, maturité, vieillissement puis mort… suivie d’une régénération naturelle. Cela prend plusieurs centaines d’années. « Ces achats de parcelles peuvent être complétés par des suivis scientifiques à long terme », précise la responsable du projet.
“L’objectif est de laisser la forêt en libre évolution.
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Sylvae a fait des émules hors d’Auvergne et le réseau de conservatoires nationaux commence à élargir ses ambitions. En Nouvelle-Aquitaine, le CEN local a acheté des massifs escarpés dans la vallée de la Dordogne. Dans les Pyrénées, le CEN Occitanie s’intéresse de très près au cœur de vieilles forêts de montagne. En Rhône-Alpes, ce sont des boisements des monts d’Ardèche qui sont convoités par l’association. « D’autres régions, notamment celles très boisées du nord-est de la France, sont amenées à rejoindre la dynamique », précise Céline Chouzet.
Aucune intervention dans une forêt, c’est un peu le Graal de tout amoureux du sauvage. Alors, le concept va-t-il jusqu’à stopper la gestion du gibier ? « Actuellement, la chasse n’est pas exclue de ces forêts », concède Céline Chouzet. Pourtant, dans une forêt mature laissée en libre évolution, les populations d’ongulés ne devraient-elles pas être régulées uniquement par leurs prédateurs sauvages ?
Côté Suisse, Ernst Zürcher milite pour le retour des vieilles forêts, découvrez-le dans la Minute Nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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