© Marcello Pettineo

Cet article fait partie du dossier

La salamandre pour de vrai

Que signifient les taches jaunes des salamandres ?

Et ces flammes partout sur leur dos, quelles belles histoires racontent-elles ?

Et ces flammes partout sur leur dos, quelles belles histoires racontent-elles ?

Noir et jaune, l'avertissement est clair. Comme la guêpe, la chenille de l'écaille du séneçon ou d'innombrables rainettes tropicales, la salamandre de feu prévient ses agresseurs avec un contraste visuel extrêmement fort. « Ne me mange pas, tu pourrais le regretter. » Exhiber des couleurs vives pour avertir, c'est ce qu'on appelle l'aposématisme. Curieusement, chez la salamandre, ces taches ont aussi une autre fonction : elles cassent la silhouette de l'animal et contribuent à son étonnante discrétion dans le sous-bois. De loin passer inaperçu, de près mettre en garde. L'intensité du jaune dépendrait de la géologie des lieux, les taches étant en moyenne plus foncées sur des sols tourbeux ou plus éclatantes sur des loess jaunâtres.

Au XIXe siècle, certains savants étaient convaincus que le dessin de ces motifs de camouflage était influencé par l'environnement des animaux. Le zoologue Paul Kammerer se livra à de nombreuses expériences sur des salamandres captives et réussit à prouver que c'était le cas. Sauf qu'il avait triché en maquillant ses pensionnaires à l'encre de Chine. Démasqué, le malheureux se serait suicidé.
Quoi qu'il en soit, la bonne santé de son épiderme luisant est essentielle à la salamandre. A travers sa peau perméable, elle absorbe en effet une grande partie de l'eau et de l'oxygène nécessaires à son métabolisme. D'ailleurs, certaines de ses cousines américaines ont une respiration cutanée si efficace qu'elles ont fini par faire l'économie de leurs poumons.

Signature unique

Chaque individu présente des motifs exclusifs tout comme vos empreintes digitales. Une aubaine pour les scientifiques. Plutôt que d'utiliser des bagues numérotées, on peut suivre les individus d'année en année simplement en observant leur robe. Vous aussi, si vous avez la chance d'avoir des salamandres près de chez vous, photographiez leur dos et vous pourrez les reconnaître à coup sûr.

Allumage progressif

Les magnifiques taches jaunes des salamandres s'illuminent à la fin de leur vie aquatique. Elles apparaissent progressivement par la migration à la surface de l'épiderme de cellules pigmentaires particulières appelées xanthophores. D'abord sombres et diffuses, ces taches gagnent peu à peu en force et en contraste. Elles se déplacent et se découpent pour atteindre une taille et un emplacement définitif au bout de douze à dix-huit mois. De très rares individus peuvent avoir des taches orange… ou alors pas de tache du tout.

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à deux mois

à cinq mois

à huit mois

à onze mois

à quinze mois après sa sortie de l'eau

© Marcello Pettineo

Robes multiples

On trouve des salamandres tachetées dans toute l'Europe sous la forme de 14 sous-espèces révélant une extraordinaire diversité de dessins et de colorations. Les deux formes les plus largement répandues sont la salamandre tachetée à bandes (Salamandra salamandra terrestris) que l'on retrouve dans la plus grande partie de la France ainsi qu'en Suisse, au nord des Alpes… et la salamandre tachetée classique (S. s. salamandra) présente à l'extrême sud-est de la France et en Suisse, au Tessin.

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Salamandra salamandra terrestris

Salamandra salamandra fastuosa

Salamandra salamandra bernardesi

Salamandra salamandra bejarae

Salamandra salamandra almanzoris

Salamandra salamandra gallaica

Salamandra salamandra crespoi

Salamandra salamandra morenica

Salamandra salamandra longirostris

Salamandra salamandra salamandra

Salamandra salamandra beschkovi

Salamandra salamandra werneri

Salamandra salamandra gigliolii

Salamandra corsica

© Carte d'après Herrmann (2009)  actualisée par Wouter Beukema

Refuges sudistes

Lors des glaciations, les salamandres européennes ont survécu essentiellement dans les péninsules italienne, Ibérique et balkanique. C'est dans ces deux dernières zones refuges que l'on trouve la plus grande diversité de robes et de sous-espèces. A la fin du dernier épisode froid, la salamandre tachetée à bandes a recolonisé le nord-ouest du continent à partir de l'Espagne… et la salamandre tachetée classique, l'est de l'Europe à partir des Balkans. Chez nous, ces deux formes butent contre les Alpes qui les séparent. Au sud de l'Allemagne, elles entrent en contact et s'hybrident.

Isolée par la mer

Salamandra corsica
Salamandra corsica / © Marcello Pettineo

On trouve aussi une salamandre tachetée en Corse, sous une forme désormais décrite comme une espèce distincte. Comme le confirment de récentes études génétiques, cet animal a colonisé l'Ile de Beauté il y a moins de six millions d'années, quand la fermeture du détroit de Gibraltar a asséché une grande partie de la Méditerranée. La remise en eau se fit de manière très brutale voilà 5.3 millions d'années, isolant pour longtemps la salamandre corse et deux autres espèces aujourd'hui localisées l'une entre Israël et le Kurdistan et l'autre au nord du Maroc et de l'Algérie.

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La salamandre pour de vrai

Couverture de La Salamandre n°248

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 248  octobre - novembre 2018, article initialement paru sous le titre "Du feu dans la peau"
Catégorie

Dessins Nature

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