Le sauvage à la source
En quête de paysages inaltérés, Jessica Buczek photographie forêts mystérieuses et torrents impétueux. Balade au fil de l’eau à la recherche de la perle rare...
En quête de paysages inaltérés, Jessica Buczek photographie forêts mystérieuses et torrents impétueux. Balade au fil de l’eau à la recherche de la perle rare...
Dès mon enfance à la campagne, j’ai réalisé que les paysages qui m’entouraient n’avaient plus grand-chose de naturel. Les vieilles forêts qui devaient couvrir autrefois ces collines ondoyantes du sud de la Loire ont toutes disparu, laissant place aux prés, aux barrages, aux cultures de résineux. Avec elles s’en sont allées de nombreuses créatures merveilleuses.
Alors, je suis partie en quête du sauvage. J’ai voulu comprendre ce à quoi ressemblait la nature avant que nous ne la transformions irréversiblement. J’aurais pu prendre l’avion pour aller au bout du monde. Dans le Yukon ? En Sibérie peut-être ? J’ai choisi de rester ici, et de chercher le sauvage près de chez moi, en France.
Après avoir visité plusieurs régions à la découverte de nouvelles ambiances, j’arpente le Jura en cette fin d’été 2017. Je parcours la carte pour repérer des zones avec beaucoup d’arbres et de relief. Un ruisseau dans une combe encaissée, peu accessible, annonce souvent un site prometteur, avec peut-être de belles chutes d’eau. D’habitude, j’évite les cascades indiquées sur la carte car elles sont souvent très fréquentées. Mais aujourd’hui, je vais faire une exception. Il ne devrait pas y avoir trop de monde car le ciel est couvert. Cette météo est favorable, les nuages atténuent les contrastes trop forts en pleine journée. Après une petite marche d’approche en sous-bois, j’arrive au bord de la rivière, tous mes sens en éveil.
Toucher la mousse humide. Entendre le chant de l’eau qui court. Humer l’air frais. Goûter les notes acidulées de l’oxalis. La beauté est là, dans cette attention portée à chaque détail. La lumière filtrée par les branchages offre de bonnes conditions de prise de vue. J’opte pour un cadrage large afin de retranscrire au mieux la magie du lieu.
Robert Hainard écrivait en 1970 : « La nature est essentiellement ce que l’homme n’a pas fait, c’est-à-dire la seule chose qui puisse nous enrichir. » Est-ce la raison pour laquelle j’essaie d’immortaliser des paysages intacts ? En réalité, j’atteins rarement mon but. Même quand je crois avoir trouvé une petite poche de naturalité, un détail révèle l’activité humaine. C’est le cas sur cette image où le tronc au premier plan s’interrompt brutalement, trahissant la coupe d’une tronçonneuse.
Bien que l’empreinte d’Homo sapiens soit omniprésente, la destruction du vivant n’est pas une fatalité. Si nous apprenons à vivre en harmonie avec la nature, nous pourrons jouir longtemps encore de son extraordinaire richesse.
L’eau pour modèle
Cascade, torrent ou vaguelettes, l’eau en mouvement offre une multitude de possibilités de rendus. En réglant votre appareil photo sur le mode priorité vitesse, vous pourrez choisir la durée de prise de vue. Si elle est rapide, inférieure à un millième de seconde, l’image figera chaque gouttelette en suspension. Si au contraire le temps de pose est long de plus d’une seconde, vous obtiendrez un filé, créant une ambiance vaporeuse. Enfin, avec une vitesse d’obturation intermédiaire, votre photo laissera deviner la trajectoire des éclaboussures. Pour ces deux dernières options, il sera nécessaire d’utiliser un trépied car le moindre mouvement provoquerait un flou de bougé. Alors, on se jette à l’eau ?
Quand l’or bleu se fait rare
Ces dernières années, les étés sont particulièrement arides. L’eau chantante des rivières laisse place à un lit désertique et la végétation dépérit. Les tapis de mousses et de feuilles humides se muent en un amas sec, prêt à partir en fumée à la moindre étincelle. Qu’ils sont tristes ces paysages désolés où les couleurs ternissent et où la vie trépasse ! Par leurs images, les photographes révèlent la beauté de la nature mais témoignent aussi des changements en cours, participant ainsi au nécessaire éveil des consciences.
Jessica Buczek
Photographe professionnelle, Jessica Buczek focalise notamment son travail sur l’eau et les forêts. Par ses images, elle cherche à partager l’émerveillement et le respect qu’elle a pour la nature.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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