© Cathy Bernot

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Cueillettes gourmandes

L’égopode, une des meilleures plantes sauvages comestibles

Longtemps adoré au potager, aujourd’hui haï des jardiniers… Et si l’on réhabilitait l’égopode ?

Longtemps adoré au potager, aujourd’hui haï des jardiniers… Et si l’on réhabilitait l’égopode ?

Qu’il est loin, l’âge d’or des jardins médiévaux où j’étais chouchouté. Comestible des feuilles jusqu’aux racines, excellent contre les rhumatismes, j’étais très apprécié en tant que plante alimentaire et médicinale. Et puis, petit à petit, je suis tombé dans l’oubli, chassé des potagers comme une vulgaire mauvaise herbe.

Heureusement, vos plates-bandes n’étaient pas mes uniques refuges, je suis tout à fait capable de me débrouiller tout seul. Mais ce n’est pas toujours une mince affaire de trouver un coin accueillant où planter mes rhizomes. Mon plus gros problème, c’est la recherche du soleil. Pas question d’emménager sous une dense futaie de hêtres, sombre comme une cathédrale ! Hélas, en pleine lumière, la plupart des plantes poussent mieux que moi et je n’arrive pas à me tailler une place. Alors je m’installe dans l’entre-deux, sous les lisières et les forêts claires.

Dans la pénombre intermittente des sous-bois, j’ai trouvé un moyen de profiter au maximum des quelques rayons de soleil qui parviennent jusqu’au sol. Mon secret, c’est la façon dont j’utilise mes stomates, des trous microscopiques à la surface de mes feuilles qui servent à capter le gaz carbonique nécessaire à la photosynthèse. Chez la plupart des végétaux, ces orifices s’ouvrent quand les feuilles sont au soleil et se ferment dès que ces dernières sont à l’ombre, pour éviter de perdre inutilement de l’eau par évaporation. Moi, j’ai choisi de garder mes stomates entrouverts toute la journée. C’est vrai, je gaspille un peu d’eau, mais au moins je suis prêt à tourner à plein régime au moindre rayon de soleil. L’opportunisme, c’est la clef !

Ainsi installé, je peux enfin prendre mes aises. Sous terre, je lance une multitude de racines qui colonisent les alentours. L’air de rien, j’augmente mon emprise même quand l’année est trop froide ou trop humide pour que je fleurisse. Petit à petit, je forme de grands tapis, excluant les autres espèces de
mon gabarit.

D’ailleurs, c’est à cause de cette vitalité que la plupart des jardiniers ne me portent pas dans leur cœur.
Eh oui, quand je suis implanté au potager, je m’y répands comme la misère sur le pauvre monde – et courage pour m’en déloger ! Pourtant, une plante exquise, bonne pour la santé et qui pousse toute seule, n’est-ce pas plutôt une bonne affaire ?

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Pétiole creusé en gouttière

Feuilles larges, divisées en trois parties elles-mêmes divisées en trois

Tige creuse et sans poils

© Cathy Bernot

Retrouvez nos deux recettes à base d'égopode.

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Couverture de La Salamandre n°269

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 269  Avril - Mai 2022, article initialement paru sous le titre "L’égopode"
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