L’élégance des mouettes
Défilé au bord de l'eau : les mouettes rieuses y rivalisent de grâce. Tout en polychromie de nuances ocre, blanches et noires, elles affichent en cette saison des plumages variés qu'on ne se lasse pas d'admirer et de comparer.
Défilé au bord de l'eau : les mouettes rieuses y rivalisent de grâce. Tout en polychromie de nuances ocre, blanches et noires, elles affichent en cette saison des plumages variés qu'on ne se lasse pas d'admirer et de comparer.
Malgré son allure fine et distinguée, la mouette ne jouit pas toujours d'une bonne réputation. Criarde, envahissante, pullulante ? Ses populations, réduites au début du XXe siècle, ont certes connu une période d'expansion à partir des années 1960. Des marais et rivages où elle se cantonnait, l'espèce a gagné de nouveaux milieux, souvent créés par l'homme. Ce dernier lui a fourni d'abondantes sources de nourriture par ses déchets et ses rejets de pêche. Mais, depuis les années 1990, les effectifs se sont stabilisés. Ils sont même en déclin dans certaines régions. L'espèce reste sensible au dérangement pendant la nidification et dépend fortement de la présence de zones humides.
Avant son premier hiver, la jeune mouette abandonne son habit juvénile pour arborer un plumage intermédiaire : ses ailes sont encore parsemées des taches brunes de son enfance — qui ne disparaîtront qu'à l'automne suivant —, mais elle présente déjà à l'arrière de l'œil la tache sombre qu'on rencontre chez l'adulte en hiver (l'été, ces dernières arborent un capuchon chocolat caractéristique).
D'un individu à l'autre, le changement progressif de plumage qui débute en fin d'été pourra être plus ou moins rapide. Ce sont d'abord les plumes de la tête, du ventre et du dos qui sont remplacées par de nouvelles, plus pâles. Puis la surface de l'aile s'éclaircit progressivement au cours de l'automne et au début de l'hiver. Les plus grandes plumes (tertiaires et rémiges ainsi que les rectrices de la queue) sont généralement conservées jusqu'au printemps. Les deux mues à venir, au printemps puis à l'automne de l'année suivante, permettront de compléter la transformation. La queue perdra entièrement sa barre noire pour devenir immaculée.
Lorsque de la nourriture est disponible, par exemple lors du retour d'un bateau de pêche, les mouettes rieuses s'assemblent en bruyantes bandes. On peut alors remarquer les acrobaties dont elles sont capables pour dérober leur repas à d'autres. Peu difficiles, elles sont capables de consommer une grande variété de mets : du poisson, qu'elles savent aussi pêcher près de la surface, des insectes, des vers ou des crustacés.
Insolite
Sociable, opportuniste, la mouette rieuse sait s'adapter avec intelligence et ruse. Certains individus vont même jusqu'à tromper leurs congénères en lançant de fausses alarmes. Effrayés, ces derniers les laisseront tranquillement profiter d'un bon repas volé !
Discrète mouette
Les ailes des mouettes et des autres membres de la famille des laridés sont particulièrement claires sur leur face inférieure. Cette particularité facilite la pêche . La silhouette de l'oiseau en approche est en effet peu visible pour les poissons: vue de dessous, elle contraste moins avec le ciel.
A savoir
Sédentaires, certaines mouettes s'éloignent peu de leur lieu de naissance, tandis que d'autres se lancent dans des périples de plusieurs centaines de kilomètres pour gagner des zones d'hivernage plus tempérées. Sur un même plan d'eau peuvent ainsi se côtoyer des individus d'origines aussi variées que la Scandinavie, la Russie et l'Europe centrale.
Toilette
Si la mouette rieuse passe tant de temps à lisser ses plumes, c'est à la fois pour les entretenir et les étanchéifier. L'oiseau récupère au niveau de son croupion un liquide huileux dont il enduit ensuite chaque élément de son plumage. Au bord de la mer, cette graisse peut prendre des nuances rosées qui colorent les plumes. Cette teinte, qu'on observe souvent au printemps, est probablement liée au carotène des petits crustacés que l'animal consomme alors.
Aller plus loin
Place à la pratique ! Voici quelques suggestions pour observer les mouettes.
Oiseaux marins nicheurs de France métropolitaine, B. Cadiou, J.-M. Pons et P. Yésou, Parthénope éd.
Les oiseaux de Suisse, L. Maumary, L. Vallotton et P. Knaus, Vogelwarte et Nos Oiseaux.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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