« Les orchidées sont menacées »

Comment favoriser la présence d’orchidées sauvages ?

Il faut avant tout veiller à maintenir des conditions qui sont propices aux espèces déjà présentes. On peut trouver ces fleurs un peu partout dans des environnements variés, hormis dans des milieux trop salés, très riches en nutriments ou submergés trop longtemps. Si l’apport en ressources change dans le sol, le champignon symbiotique peut alors devenir un parasite de l’orchidée et la tuer. La première chose à faire est donc de limiter les déséquilibres. Pour cela, il faut réduire les intrants chimiques liés à l’agriculture et pratiquer une bonne gestion pastorale.

Qu’est-ce qu’une bonne gestion pastorale favorable aux orchidées ?

Auparavant, il y avait des centaines de milliers d’ovins qui parcouraient le territoire et cela était favorable aux orchidées. Les bergers faisaient pâturer le bétail dans des terrains peu labourables. Le soir, ils déplaçaient et parquaient les troupeaux. Les crottes ne tombaient ainsi pas sur place, mais dans les parcs de nuit. Les nutriments contenus dans les déjections issues de l’herbe consommée durant la journée étaient ainsi exportés. Les orchidées, qui pour certaines affectionnent les sols pauvres, avaient alors moins de compétitions avec d’autres espèces sur le site pâturé, et se développaient mieux.

Restaurer des milieux est compliqué et met du temps. Certains champignons symbiotiques d’espèces rares d’orchidées sont uniquement présents dans des prairies qui n’ont pas été labourées depuis au moins un siècle ! Un labour suffit alors à détruire des espèces présentes depuis la domestication des troupeaux, soient des millénaires. Une protection efficace ne peut se faire qu’à travers des mesures qui favorisent une utilisation durable des parcelles concernées.

Des mesures prises en faveur des orchidées défavorisent-elles d’autres espèces ?

La fauche ou la pâture défavorisent forcément l’apparition de la forêt. Toute gestion d’un espace végétalisé implique de faire des choix, mais nous ne prenons pas vraiment de mesures focalisées sur les orchidées. Exception faite si le plan de gestion, validé par les instances scientifiques, est centré sur une espèce en particulier à cause d’un enjeu fort. Par exemple, l’orchis d’Occitanie, qui existe sur un territoire très restreint, va être prioritaire sur la gestion d’un site où elle est présente. Pour autant, nous hiérarchisons tous les enjeux et nous visons à conserver l’ensemble de la biodiversité présente.

Les orchidées sont-elles menacées ?

Oui, nombre d’entre elles ont une répartition en régression. Elles sont menacées par les activités humaines telles que l’agriculture ou la sylvi­culture. En somme, tout ce qui modifie trop fortement le sol et le couvert végétal comme le labour profond, le drainage ou encore les plantations d’arbres exotiques en monocultures denses par exemple. Cela peut aussi venir de l’urbanisation ou de l’accumulation de certains nutriments dans la composition des milieux. Avec la politique agricole actuelle, les troupeaux de bovins sédentaires ont été favorisés, ce qui conduit à du surpiétinement, qui nuit au développement de ces fleurs. Les populations importantes existent ­toujours dans les paysages protégés ou peu propices aux cultures labourées.