En direct du nid d’aigle
En plein frimas, l'aigle part en quête d'un logis. Il retapera un nid existant ou construira une aire nouvelle. Dans les deux cas, la tâche est rude.
En plein frimas, l'aigle part en quête d'un logis. Il retapera un nid existant ou construira une aire nouvelle. Dans les deux cas, la tâche est rude.
La neige soufflée s'accumule sur les crêtes et masque les crevasses du glacier, en haut de la vallée. Même les pics rocheux, éternels et immuables, sont pris d'assaut par le gel. Au cœur de l'hiver, l'aigle royal cherche un site idéal pour la nidification. Une paroi rocheuse inaccessible aux prédateurs terrestres et éloignée des activités humaines lui convient parfaitement.
Pour éviter que les poussins souffrent de la chaleur et du rayonnement solaire, il préfère les falaises exposées à l'est ou au nord. Le rapace y construit son nid entre 1000 et 2500 m d'altitude, plus bas que ses territoires de chasse. Un choix pas anodin, car voler à la descente avec une marmotte dans les serres est plus aisé qu'avoir à la hisser en haut de la montagne.
Forteresses inexpugnables
L'aire est une structure imposante : jusqu'à 1,5 m de diamètre et 1 m de hauteur pour un volume de matériaux de 1 à 2 m3. Sa construction – ou sa recharge dans le cas d'une réutilisation – demande beaucoup de temps et d'énergie. Le couple s'y consacre dès le mois de novembre et jusqu'en février. L'ossature du nid est constituée de branches effeuillées de 3 à 6 cm de diamètre et longues de plus d'un mètre. La proportion de végétaux utilisés dépend des espèces disponibles à proximité. Pour les ramasser, les deux partenaires piquent sur la cime des arbres et profitent de la violence de l'impact pour arracher l'objet convoité. D'autres fois, ils se posent à l'extrémité d'une branche et la cassent en sautant et en la secouant à l'aide de leurs ailes.
Madame l'architecte
Lors du voyage vers l'aire, l'oiseau transfère le matériel du bec aux serres, ou vice-versa, parfois en le laissant tomber par jeu ou maladresse. Une fois au nid, c'est en général la femelle qui agence méticuleusement les matériaux.
La partie supérieure de l'aire est doublée de brindilles de feuillus ou de résineux, cueillies avec le bec. Quant au revêtement final, constitué de matériaux plus doux comme de l'herbe ou de la bruyère, il assurera le confort des poussins. Une fois l'ouvrage terminé, les deux aigles se tapissent à tour de rôle dans la coupe de ponte. Comme pour vérifier l'aptitude à accueillir les œufs de cette dépression au centre de l'aire. Bientôt, la femelle y passera le plus clair de ses journées. Et pour longtemps.
Maisons de famille
Fidèle à sa noblesse de sang, tel un aristocrate possédant plusieurs châteaux et hôtels particuliers, l'oiseau royal dispose de plusieurs nids, deux ou trois en moyenne. Et même jusqu'à 13 dans un cas observé en Ecosse ! Ces gîtes peuvent être situés à quelques mètres de distance dans la même falaise ou à plusieurs kilomètres. Ils sont ardemment défendus contre les intrus et régulièrement rechargés en branchage pour être un jour réutilisés. Certaines aires sont « historiques » et héritées plusieurs fois avec le territoire. Elles peuvent être imposantes et très anciennes. Le record ? 6 m de hauteur pour un âge de 600 ans. Ce gîte est localisé dans le Montana, aux Etats-Unis .
En début de saison, certains couples rechargent de branches plusieurs aires. Ils marquent de cette façon leur territoire. Les conditions météo et les dérangements humains peuvent influencer le lieu de ponte. Aucun scientifique ne parvient à prédire quelle aire sera finalement choisie par les aigles.
Superprédateur super adaptable
Contrairement aux idées reçues, l'aigle ne niche pas exclusivement dans les falaises. En dehors des zones escarpées, mais parfois dans les Alpes aussi, l'oiseau construit son aire sur un arbre. Un vieux conifère de préférence, plus rarement un feuillu. Dans les vastes plaines tourbeuses de Scandinavie, c'est d'ailleurs la seule option de nidification sûre. Il arrive même que l'aigle royal niche au sol, comme dans certaines régions semi-désertiques américaines. La nidification sur pylônes électriques ou sur plateformes artificielles a aussi été observée.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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