En quête de champignons
Au pied du Jura vaudois, au-dessus de Morges, s’étend une forêt qui réserve bien des surprises. Un paradis de champignons et un précieux marais à découvrir sans attendre !
Au pied du Jura vaudois, au-dessus de Morges, s’étend une forêt qui réserve bien des surprises. Un paradis de champignons et un précieux marais à découvrir sans attendre !
Hêtres, noisetiers et érables sycomores osent quelques parures rouges et jaune-orangé tout en s’accrochant à leur tunique verte en ce début octobre. Comme si la mode automne/hiver avait du mal à s’implanter dans les bois de Ballens. Un léger contretemps qui ne fâche personne, tant l’été indien sied magnifiquement à cette forêt située dans le district de Morges, au pied du Jura vaudois. Personne, sauf les amoureux des champignons qui n’attendent qu’une chose : l’effet conjugué de la pluie et des nuits plus fraîches qui fera émerger les si convoités bolets, lépiotes, tricholomes, clitocybes et autres classiques gastronomiques qui foisonnent d’ordinaire ici.
Contrôle d’identité
Ce n’est toutefois pas « pour la marmite » que Bernard Desponds nous a emmenés ici. En effet, ce mycologue qui contrôle les cueillettes des particuliers pour la commune de Gland ne goûte que très rarement à la chair des champignons. « Ce n’est pas que je ne les aime pas, mais je préfère de loin enquêter sur leur identité », sourit-il. Par conséquent, en plus du panier et du couteau suisse, ce passionné s’équipe aussi d’une loupe et de l’application FlorApp pour téléphone portable du Centre national de données et d’informations sur la flore de Suisse (Info Flora) pour répertorier ses trouvailles. Sans oublier des boîtes pour rapporter des échantillons si la détermination s’avère impossible sur le terrain.
Avec plus de 15 000 espèces estimées en Suisse et de nombreux sosies, on comprend que le recours au microscope est parfois indispensable, même pour le président de la Société mycologique de La Côte. « On n’arrête jamais d’apprendre. C’est un jeu et en même temps un moyen d’étoffer la cartographie fongique de Suisse. Le Graal, c’est de dénicher des espèces rares », s’enthousiasme-t-il.
Manque d’eau
Seulement voilà, il fait trop sec… « Je constate que les champignons sortent de plus en plus tard dans la saison en raison du déficit hydrique toujours plus fréquent en automne », explique le Vaudois, un brin inquiet. Il faudrait « une bonne rincée » pour qu’apparaissent les lutins à chapeau. Faut-il dès lors rentrer chez nous, le panier sous le bras ? « Mais non ! », rassure Bernard Desponds, car les bois de Ballens renferment plusieurs oasis aussi discrètes qu’intarissables. A commencer par un bas-marais situé à moins de 2 km de là. Allons-y !
Le providentiel Paudex
Aucun promeneur ne soupçonne que derrière cette rangée d’aulnes et de saules se cache un remarquable site d’importance nationale. Plusieurs plans d’eau, une roselière et de grandes laîches s’étendent sur 5,5 ha. Inondé une grande partie de l’année, ce marais constitue un refuge pour la rainette verte, le crapaud commun, le muscardin ou encore la musaraigne aquatique. Partiellement asséché en automne, il devient plus facilement accessible par le sud. Attention néanmoins à respecter la faune et la flore.
« Vous sentez cette bonne odeur ? C’est celle de la terre humide », s’exalte notre guide. Les maisons de Schtroumpfs sont au rendez-vous. Principalement des espèces dites saprophytes mangeuses de bois morts et de vieilles herbes, comme le Ganoderma applanatum, une croûte qui pousse sur les vieilles souches, et la Pholiota alnicola, un champignon à pied jaunâtre qui affectionne les branches d’aulnes. De précieux nettoyeurs qui, en plus de faire de la place, recyclent les déchets en humus fertile pour la forêt, souligne l’expert.
Et là, à nos pieds, une touffe de petits chapeaux à lamelles, couleur miel et gros comme une pièce de 5 francs ou de 2 euros. « Il s’agit d’une Pholiota conissans, une espèce intéressante des milieux humides qui préfère quant à elle pousser sur les racines des roseaux vivants. Elle est saprophyte et parasite », annonce Bernard Desponds, loupe vissée sur l’œil.
La fontaine aux merveilles
Nos déambulations nous conduisent à la Fontaine aux Chasseurs, située près de la rivière le Boiron. Cette autre zone garante d’humidité promet de jolies rencontres, selon le mycologue. D’ailleurs, c’est ici qu’il a fait sa plus belle trouvaille de la région. « La lépiote Cystolepiota bucknallii. Je l’ai trouvée ici même il y a deux ans. C’est un magnifique petit champignon peu fréquent qui dégage une odeur repoussante et qui, lorsqu’on le touche, se teinte de violet », raconte Bernard Desponds.
Ce qu’il y a de fantastique dans les bois de Ballens, c’est l’incroyable diversité d’ambiances et de végétation condensées dans un rayon d’à peine 4 km. Tout mycologue rêverait de s’y perdre. Alors en marche, il reste tant à découvrir !
Ne partez pas à la cueillette aux champignons sans notre miniguide !
La forêt dissimule d’étranges chapeaux dans son sous-bois. A l’aide de ce Miniguide, partez sur les traces des amanites, des bolets et autres hygrophores qui poussent parmi les feuilles mortes. Apprenez à distinguer les espèces comestibles de leurs cousines toxiques et découvrez des aspects insolites de leur mode de vie.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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