Enquête sur les couleuvres dans la grande plaine du Seeland
Dans la plaine du Seeland, des scientifiques ont équipé huit couleuvres à collier de radio-émetteurs. Mille observations… et surtout une grande énigme.
Dans la plaine du Seeland, des scientifiques ont équipé huit couleuvres à collier de radio-émetteurs. Mille observations… et surtout une grande énigme.
A quoi ressemble le paradis pour un serpent comme la couleuvre à collier ? A des bords de rivière sauvages, des zones marécageuses, des forêts humides. Même si parfois on la croise à plusieurs kilomètres de l’eau ou en montagne.
Mais le quotidien des couleuvres est aujourd’hui, hélas, bien différent de ce tableau paradisiaque. Les milieux humides disparaissent, drainés au profit des terres agricoles. Alors comment font-elles, quand elles y parviennent, pour survivre en zones d’agriculture intensive ?
Chez les chercheurs
Pour trouver la réponse, des biologistes de l’Université de Berne ont capturé huit couleuvres à collier femelles dans le Seeland, cette plaine agricole du Plateau suisse. Ils les ont équipées de radio-émetteurs, puis relâchées. C’était en 2005 et 2006.
Première révélation de nos huit indics : chaque animal possède un domaine vital bien plus vaste que dans des régions plus naturelles. Dans la plaine drainée, grenouilles et crapauds - nourriture principale de la couleuvre à collier - se font rares. Du coup, il lui faut un terrain de chasse plus grand : trente-neuf hectares par animal en moyenne, contre quinze ailleurs.
Plutôt diurnes
Les bêtes se déplacent surtout de jour, voire à la tombée de la nuit quand il fait très chaud. La plupart du temps, elles font quelques dizaines de mètres par jour. Mais certains individus peuvent parcourir cinq cents mètres. Au soir, chacune regagne son abri pour la nuit. Une souche, un tas de végétaux ou une galerie de rongeur fera l’affaire.
Les couleuvres ont leurs habitudes. Au printemps, elles privilégient lisières de forêt et digues de canal. En mai et en août, ce sont les bordures de champs, de fossés, en juin les clairières et les lisières, et en juillet les cultures.
Où rampent-elles ?
Parmi tous leurs déplacements, il en est un qui reste particulièrement surprenant. Les chercheurs ont découvert qu’une fois par an, toutes les couleuvres convergent vers un même endroit. Quel aimant irrésistible les attire ainsi ? Pour y accomplir quel destin ?
Mystérieux rendez-vous
Un bout de la plaine agricole du Seeland, entre Berne et Neuchâtel. C’est là que vivent nos 8 couleuvres à collier, des femelles, suivies par télémétrie en 2005 et 2006.
Chaque «patate » correspond au domaine vital d’un serpent, estimé d’après les relevés de sa position au cours de l’année. Les zones fréquentées réellement par les serpents ne sont pas aussi géométriques que les polygones tracés sur cette carte pourraient le laisser croire.
Ce document met en évidence le point unique où se sont donné rendez-vous les huit couleuvres. Reste maintenant à comprendre la raison d’être de cette réunion...
Réponse dans notre article.
Les bons coins du Seeland
Les couleuvres ne dédaignent pas les monocultures, à condition qu’elles soient bordées de végétation naturelle. Les champs offrent un refuge contre les ennemis venus du ciel. De plus, les amphibiens n’y manquent pas à certains moments de l’année. En revanche, les couleuvres délaissent la forêt dense.
Mais ce qu’elles aiment par-dessus tout, ce sont les bordures riches en végétation, les clairières en forêt et les lisières. Ces endroits offrent pléthore d’abris et de places pour prendre des bains de soleil. Même si ces corridors biologiques ne représentent que 7 % du territoire, les serpents y sont observés plus de la moitié du temps. Ces lieux sont d’une importance primordiale pour leur survie.
Une couleuvre à collier se cache dans la végétation qui borde le champ de maïs. L’émetteur qu’elle porte a permis à la biologiste Christine Wisler de la repérer à plusieurs centaines de mètres. Chaque émetteur possède une fréquence propre qui permet l’identification du reptile.
Retrouvez la totalité du dossier consacré à la couleuvre à collier : Un serpent ! Sauve qui peut ?
Balu, Turo, Aïsha, B132, Gigotte... Découvrez à travers les vies de sept lynx suivis par des scientifiques autant d'histoires attachantes ici.
Cet article fait partie du dossier
Un serpent ! Sauve qui peut ?
-
Dessins NatureDessins Nature
L’anatomie de la couleuvre à collier en détails
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
Rencontre avec la couleuvre au bord de l’eau
Abonnés -
BiodiversitéBiodiversité
Enquête sur les couleuvres dans la grande plaine du Seeland
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
5 vérités sur les mythes autour des serpents
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
Comment la couleuvre passe-t-elle l’hiver ?
Abonnés -
PhotosPhotos
Club de rencontres de couleuvres
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
La couleuvre à collier, côté appétit
Abonnés -
PhotosPhotos
La maternité de campagne des couleuvres
Abonnés -
ÉcologieÉcologie
Couleuvre cherche compost pour pondre
Abonnés -
ÉcologieÉcologie
Comment sauver les couleuvres des collisions routières
Abonnés -
Dessins NatureDessins Nature
Le bluff de la couleuvre pour échapper aux prédateurs
Abonnés
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
Catégorie
Ces produits pourraient vous intéresser
Poursuivez votre découverte
La Salamandre, c’est des revues pour toute la famille
Plongez au coeur d'une nature insolite près de chez vous
Donnez envie aux enfants d'explorer et de protéger la nature
Faites découvrir aux petits la nature de manière ludique
merci de ne pas les utiliser sans l'accord de l'auteur