4 exemples étonnants d’entraide dans la nature
Fourmi et puceron, bernard-l’hermite et anémone, découvrez à quel point l’entraide est un principe de base précieusement créatif dans le monde vivant.
Fourmi et puceron, bernard-l’hermite et anémone, découvrez à quel point l’entraide est un principe de base précieusement créatif dans le monde vivant.
Au jardin aussi, des liens forts se tissent. La plupart des plantes sont multiconnectées à des bactéries et champignons... Mais ce n’est pas tout. Les pucerons par exemple vivent eux aussi en symbiose avec d’innombrables microbes embarqués qui recyclent leurs déchets azotés pour synthétiser des vitamines et des acides aminés. Des fourmis s’invitent souvent dans cette communauté, attirées par les excréments sucrés des pucerons qu’on appelle miellat. Pour l’obtenir, elles tapotent leur abdomen, ce qui les incite à aspirer davantage de sève et à rejeter encore plus de sécrétions.
Fait extraordinaire, les fourmis protègent leur manne comme un berger son troupeau. Elles déplacent les pucerons pour qu’ils accèdent à de nouvelles ressources alimentaires, ramènent leurs œufs dans la fourmilière avant l’hiver pour les préserver, puis les conduisent sur les végétaux appropriés au printemps. Enfin, elles les défendent en chassant notamment les coccinelles et leurs larves. Elles prennent même soin des plantes nourricières de leur cheptel en repoussant certains insectes herbivores. Ainsi, fourmis et pucerons trouvent des bénéfices à s’entraider. Mais cette association n’a rien d’obligatoire. Et il arrive qu’en cas de pénurie alimentaire, les fourmis sacrifient une partie du troupeau pour s’en nourrir.
L’histoire ne s’arrête pas là, car le miellat non récolté par les fourmis tombe au sol ou sur les feuilles sous-jacentes. Les abeilles et d’autres insectes viennent le récolter. Quand cet enduit collant persiste à la surface des feuilles, il devient propice à la prolifération d’un champignon qui fait le délice d’acariens et même de coccinelles. Autant dire que nous sous-estimons grandement la richesse des relations dans la grande trame du vivant. Et que, dans ces équilibres subtils, nul ne finit par dominer les les autres.
20 kg
Telle est la quantité de miellat produit par des pucerons qu’une colonie de fourmis rousses peut récolter en une seule saison. Une bonne raison pour protéger leurs troupeaux des coccinelles.
Entraide en chaîne
Les orchidées produisent des graines microscopiques, les plus petites du monde. La plante a besoin d’un allié, faute de réserves nutritives pour soutenir la germination et la croissance des plantules. Son salut vient d’un champignon qui colonise les cellules de l’embryon pour le nourrir. Dans le cas d’orchidées poussant à l’ombre ou dépourvues de chlorophylle comme le limodore à feuilles avortées, ce partenariat continue une fois l’orchidée adulte. Comme le champignon est lui-même incapable de photo-synthèse, les sucres proviennent d’arbres voisins en échange d’un approvisionnement en sels minéraux. Arbre, champignon, orchidée, tous connectés.
Baby-sitting réciproque
Un poisson, la bouvière, et une moule d’eau douce perpétuent une extraordinaire alliance. Le frai du premier ne se déclenche qu’en présence de la seconde dans laquelle il pond ses œufs. Les alevins se développent à l’abri du bivalve. Et ils puisent oxygène et nourriture dans le flux d’eau pulsé par le mollusque. La moule de son côté libère ses larves dans l’eau. Mais celles-ci doivent obligatoirement être gobées par la bouvière et se fixer sur ses branchies pour se développer. Ainsi, la moule améliore le succès reproductif du poisson, lequel disperse fort utilement les bébés coquillages loin de leurs géniteurs. Mais cet étonnant mariage n’est peut-être pas totalement équilibré : la moule héberge une douzaine d’alevins, alors qu’une bouvière doit vivre avec plusieurs milliers de larves enkystées sur ses branchies.
Viens sur ma coquille
Malgré la coquille vide dans laquelle il protège son abdomen flasque, le bernard-l’hermite peut quand même être victime d’un prédateur. De son côté, l’anémone de mer possède des cellules urticantes comme celles d’une méduse. Fixée sur l’armure mobile qui abrite le petit crabe, elle le protège contre ses ennemis. Elle profite de ses déambulations pour varier les terrains de chasse. Quand son hôte adopte une coquille plus vaste, il invite l’anémone à le suivre en lui massant le pied avec ses pinces, jusqu’à ce qu’elle se détache, puis la place sur sa nouvelle demeure où elle adhère.
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