Les secrets de l’épicéa, le sapin rouge
La robe pyramidale de l'épicéa est l’archétype du sapin de Noël. Découvrez celui qu'on appelle aussi sapin rouge.
La robe pyramidale de l'épicéa est l’archétype du sapin de Noël. Découvrez celui qu'on appelle aussi sapin rouge.
Seul représentant du genre Picea en Europe, cet arbre est surnommé par endroits sapin rouge en référence à la teinte brique de son écorce. Ses aiguilles pointues et rigides dégagent un parfum de térébenthine avec une pointe de citron. Cette apparence robuste est en parfait accord avec sa nature. En témoigne le plus vieil arbre du continent, un épicéa baptisé Old Tjikko. Ce gringalet d’à peine 5 m de haut, dressé dans le parc de Fulufjället en Suède, brave un froid extrême depuis des millénaires. Il repousse régulièrement à partir de ses racines dont l’âge est évalué à... 9 550 ans.
Imaginez justement que vous survolez le Grand Nord scandinave. Vous voyez les étendues forestières interminables de la taïga, hérissées de résineux et piquetées de bouleaux ? En réalité, vous ne devriez pas distinguer grand-chose. Car l’hiver, cette foule silencieuse est plongée dans une nuit presque totale frisant les - 40 °C. Parmi ces braves conifères, il y a le pin sylvestre aux contours arrondis et l’épicéa commun, en pointe de flèche. Sous nos latitudes plus tièdes, c’est ce dernier qui donne aux paysages un petit caractère nordique : ici les pieds dans une tourbière, là tapissant les flancs de montagne en groupe serré et plus haut, à la limite des forêts, sous forme rabougrie.
Contrairement à son cousin le sapin blanc, il craint peu le gel printanier, car il débourre tardivement. En tant qu’essence de demi-lumière, il tolère l’ombre de ses voisins, tout comme le soleil qui cogne. Et puis, l’épicéa est capable de prouesses dans des conditions de sol et de climat variées. On dit qu’il est plastique. En plaine, il étale de longues branches formant de gracieuses draperies qui captent efficacement la lumière pour une croissance rapide. Dans les rudes conditions qui règnent au-delà de 1 300 m d’altitude, ses rameaux sont courts et rigides pour une moindre prise au vent et à la neige. En raison de cette adaptabilité, cette essence a été massivement plantée en plaine depuis deux siècles, hors de son aire de répartition naturelle. Des choix forestiers qui ont parfois poussé le bouchon trop loin ! Car il y a bien une chose qu’il craint : la sécheresse. Dans des stations trop arides, de nombreux individus dépérissent... Épicéa, santé à toi !
Épicéa commun
(pesse, sapin rouge, faux sapin...) Picea abie
- Répartition : vastes forêts dans toute l’Europe, sauf pourtour méditerranéen. Des Alpes aux Vosges, en passant par le Jura. Largement planté ailleurs.
- Altitude : de préférence entre 1 000 et 1 600 m, jusqu’à 2 400 m
- Associations : peuplements purs ou pessières en haute montagne (parfois avec mélèze ou pin sylvestre), mixtes plus bas (avec hêtre et sapin)
aiguilles tout autour du rameau
écailles minces, coriaces
10-15 cm
cônes pendants en forme d’obus, d’abord rouges (montagne) ou verts (plaine), virent au brun l’automne puis tombent d’une pièce
aiguille vert brillant, rigide, à quatre côtés
généralement jusqu’à 40 m de haut
tronc droit, s’élaguant sur une grande hauteur en futaie
port pyramidal, à rameaux longs et en draperies ou courts et rigides
écorce brun-rouge finement écailleuse, puis grise à violacée et s’exfoliant par plaques
Pas si sapin que ça…
Bien qu’il soit surnommé par endroits sapin rouge, l’épicéa n’est pas officiellement un sapin. Les botanistes réservent en effet cette appellation aux seuls arbres du genre Abies. Pourtant, vestige d’une confusion de longue date, le nom scientifique de l’épicéa, Picea abies, signifie épicéa-sapin. Pire, au XVIIIe siècle, Linné l’avait même baptisé Pinus abies, soit pin-sapin. Malgré leur ressemblance morphologique et leur fréquente cohabitation, à l’origine de ces mélis-mélos, le sapin blanc et l’épicéa sont de lointains cousins dans la famille des pinacées. En effet, le genre Picea est plus proche des pins et des mélèzes que des vrais sapins. Quelle poisse !
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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