Certaines fleurs ne sont pollinisées que par des insectes précis
Une fois l'insecte séduit, revendiquer d'être satisfaite comme il se doit.
Une fois l'insecte séduit, revendiquer d'être satisfaite comme il se doit.
Liaisons dangereuses
Les fleurs du trolle d'Europe sont des coffres-forts dont six espèces de mouches seulement connaissent le code. Seules les heureuses élues qui font partie du genre Chiastocheta savent se faufiler entre les pétales et pénétrer jusqu'au centre de la fleur. Aucun autre pollinisateur n'y parvient.
Mais les chiastochètes prélèvent un lourd tribut en échange de leurs services. Les femelles pondent leurs œufs sur les carpelles de la fleur. Lorsque les larves éclosent, elles se nourrissent de ses graines. Plus il y a de mouches, plus le trolle aura de chances d'être pollinisé, mais plus le risque est important que ses semences passent à la casserole. Quoi qu'il en soit, ce couple exclusif semble fonctionner ainsi en équilibre depuis des millions d'années.


Allumeuses
Chez le muscari à toupet, le sexe suppose une division du travail entre les fleurs. Certaines, suggestives mais stériles, attirent les insectes de manière visuelle et olfactive mais ne fournissent aucun nectar. Elles attirent le client qui, avec un peu de chance, plongera ensuite le long de la tige pour trouver des fleurs brunâtres peu excitantes mais fertiles et gorgées de nectar.

Sado...
L'arum tacheté ne s'embarrasse d'aucun état d'âme lorsqu'il s'agit de la reproduction de son espèce. Il a même mis en œuvre un ingénieux stratagème. Combinée à un dégagement de chaleur, la plante produit une odeur de cadavre qui attire irrésistiblement des petites mouches.
Ces Psychoda tombent la tête la première dans une maison close. Deux rangées d'épais poils et des parois lisses les empêchent de remonter à l'air libre. Massées au fond de la chambre, les fleurs femelles font suinter un liquide qui ravitaille les mouches. Le matin suivant, les étamines mâles mûrissent et couvrent les insectes de pollen. Puis les poils faisant office de barreaux se rétractent et laissent s'échapper les prisonnières. Ces dernières récidivent bientôt et se retrouvent de nouveau incarcérées. En léchant le stigmate des fleurs femelles, elles y déposent quelques attendus grains de pollen.
L'ingénieux stratagème de l'arum en vidéo avec la Minute nature.
... Maso
Le genêt des teinturiers ne fait pas de mal à une mouche. Au contraire, il sacrifie plutôt ses élégants pétales jaunes aux jeux de l'amour. Sa fleur attire de grosses abeilles sauvages qui ne peuvent accéder au nectar qu'en forçant l'entrée. Ce faisant, les insectes la font littéralement exploser, ce qui les couvre de pollen. La mission de la fleur est remplie mais ne pourra se répéter.
Coitus interruptus
Certaines plantes profitent de l'insecte sans rien lui concéder en retour. Les ophrys, par exemple, leurrent purement et simplement des mâles de diverses espèces d'abeilles sauvages en leur promettant une extase sexuelle. Non seulement ces orchidées miment par leur forme, leur couleur et leur pilosité l'aspect d'une femelle, mais en plus, elles produisent un bouquet de substances chimiques qui imitent les phéromones de ces insectes.
Le mâle berné tente de copuler avec le pétale inférieur de la fleur. En vain. Ce faisant, il se colle une ou deux boules de pollen sur le dos ou sur la tête. Frustré, il ira tenter sa chance sur une autre orchidée et, à défaut d'avoir pu se reproduire lui-même, fécondera cette dernière.
Pollinisation de la sauge des prés

Lorsque l'abeille enfonce la tête au fond d'une fleur de sauge, elle presse sur les étamines, qui surgissent et martèlent le thorax de l'insecte pour consteller son dos de grains de pollen.

Chez les vieilles fleurs, les étamines se flétrissent et le pistil s'allonge. Ce dernier balaie alors le dos de la butineuse pour y récupérer le pollen.
Retrouvez les autres stratégies intimes et parfois cocasses des fleurs
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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