Cet article fait partie du dossier
Faucon pèlerin, un chasseur en pleine ville
Le faucon pèlerin, bolide parfait de la nature
Grâce à ses ailes pointues, le faucon pèlerin fend le ciel presque aussi vite qu'un avion de chasse. Découvrez son anatomie en détails.
Grâce à ses ailes pointues, le faucon pèlerin fend le ciel presque aussi vite qu'un avion de chasse. Découvrez son anatomie en détails.
Le jour se lève sur la grande paroi de pierre. En dessous, dans l'éboulis, la brume qui noyait les érables se dissipe dans une lumière rosée. Un geai des chênes survole le vallon en coupant en plein ciel. Soudain, il se laisse tomber comme une pierre pour rejoindre le couvert de la forêt. Ses cris de panique clouent le bec d'une grive draine qui chantait. Qui donc trouble la paix de ce petit matin ?
C'est qu'il vient de s'envoler. Qui ? Le faucon pèlerin évidemment. Aussi impassible qu'une statue de pierre, il guettait depuis son perchoir le réveil de tous les oiseaux. Son œil noir à qui rien n'échappe, son bec acéré et surtout ses serres faites pour transpercer inspirent une sainte terreur. Car le faucon pèlerin est un prodigieux tueur en série. Voici ses adaptations uniques.
Fuselage aéronautique: Ses grandes plumes de la queue et des ailes sont adaptées aux vitesses extrêmes. Courtes, mais à la fois épaisses et rigides, elles améliorent son coefficient de pénétration dans l'atmosphère. Ses plumes de couverture sont très denses, histoire que de l'air ne crée pas de turbulences en s'infiltrant à l'intérieur des ailes.
Leurre anti-duc: Des traces roussâtres sur la nuque forment une sorte de masque qui pourrait effrayer d'éventuels prédateurs attaquant par derrière comme le hibou grand-duc ou l'autour des palombes. Toujours présentes chez les jeunes, elles ne persistent à l'état adulte que chez les faucons des sous-espèces méridionales.
Paravent nasal: Même à haute vitesse, il respire normalement grâce à une sorte de protubérance osseuse située devant ses narines. Le frelon crée une miniturbulence qui évite que l'air ne s'engouffre dans les poumons.
Cisaille dentée: Son bec robuste achève parfois et dépèce les proies. Une dent sur la mâchoire supérieure facilite la cassure des ligaments et des vertèbres cervicales.
Pectoraux ancrés: Tous les oiseaux possèdent une carène osseuse dans la poitrine où s'accrochent les muscles dédiés au vol. Celle du pèlerin est évidemment spécialement renforcée pour permettre une grande surface d'insertion.
Train rétractable: Oui, il a des culottes ! Les grandes plumes qui couvrent ses tarses le protègent d'éventuels coups de bec de ses proies. En vol, il replie ses pattes dans son plumage pour minimiser le frottement dans l'air.
Poignards terminaux: Ses quatre longs doigts portent des pelotes antidérapantes et des ongles noirs recourbés. L'arme fatale pour saisir en vol toutes sortes d'oiseaux.
Empennage de fusée: Sa queue extrêmement aérodynamique est courte et étroite au contraire de celle des rapaces planeurs. Elle lui permet de manœuvrer à très haute vitesse.
Œil de faucon (détails dans l'encadré)
Œil de faucon
- Champ visuel atteignant 300°, élargi par un cou périscopique capable de tourner la tête sur plus de 180°.
- Acuité visuelle 5 à 8 fois supérieure à celle de l'homme, deux fovéas par rétine au lieu d'une seule, excellente vue crépusculaire, capacité à percevoir les UV et probablement les infrarouges.
- Vision binoculaire stéréoscopique à courte distance ou suivi monoculaire à longue portée pour détecter les proies ou défendre son territoire.
- Gouttelettes graisseuses en suspension à l'intérieur de l'œil pour accentuer les contrastes.
- Membrane nictitante balayant la cornée de l'avant à l'arrière pour l'humecter avec les lubrifiants des glandes lacrymales.
- Arcade sourcilière protégeant l'œil du vent et des coups de bec des proies.
- Larges moustaches sous les yeux pour absorber les fortes lumières et diminuer l'éblouissement.
Pèlerin universel
Avec l'homme, le faucon pèlerin est probablement le vertébré le plus largement répandu sur la planète. Toundra groenlandaise, îles volcaniques du Pacifique Sud, forêts humides indonésiennes, âpres falaises jurassiennes ou alpines et même de nombreuses villes... Il est partout ! Extrêmement mobile, ce rapace a simplement besoin d'oiseaux à manger et d'un site de nidification. Seul l'Antarctique lui échappe. L'extrême diversité écologique de ses habitats a conduit au fil de l'évolution à la naissance d'une vingtaine de sous-espèces.
Pour découvrir les coulisses de ce dessin d'une grande précision, rendez-vous dans l'atelier du peintre hyperréaliste Marco Preziosi.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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