© Frank Hecker

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L’orchestre des animaux

Les instruments à vent des animaux

En faisant souffler le vent dans leurs tuyaux, les rois du pipeau espèrent diffuser leur message ou leur humeur.

En faisant souffler le vent dans leurs tuyaux, les rois du pipeau espèrent diffuser leur message ou leur humeur.

La musique du vent est une évidence. Surtout quand il y a un végétal à faire trembler ou une vague à faire rouler. La vie a logiquement exploité le potentiel du courant d'air. D'abord par simple sifflement, en faisant vibrer de l'air dans un orifice. La vipère aspic, par exemple, ne s'exprime pas en tirant la langue mais en inspirant et en expirant fortement avec ses narines. Tout aussi inquiétant, le sphinx tête de mort produit un ronflement aigu lorsqu'il est perturbé.

Dans un registre peu glamour, il y a aussi les vents de la mer. Qu'on se le dise, les anguilles rotent et les harengs pètent ! En expulsant bruyamment l'air de leur vessie natatoire par les orifices dédiés. En mer Baltique, les pétarades des harengs auraient même intrigué la marine suédoise qui pensait avoir affaire à une forme furtive de sous-marin russe.

On le voit, le vent se fait mieux entendre quand il met quelque chose en mouvement. Et pour cela, les cordes vocales de certains animaux sont une petite révolution. Leur muqueuse vibre au passage de l'air entre les poumons et la bouche. Chez certains amphibiens, des impulsions rythmiques produisent les fameux coassements. Les sacs vocaux permettent de mettre en jeu un plus grand volume d'air en circuit fermé. Chez la grenouille agile, ils sont internes et induisent un chant en sourdine qui peut même avoir lieu sous l'eau.
Les mammifères n'ont rien inventé de plus. Leur appareil sonore abrite également des cordes vocales et leur voix résonne dans le pharynx, c’est-à-dire la bouche et la cavité nasale. C'est dans la complexité et la richesse sociale du langage que l'homme a cultivé sa différence majeure, mais cela est une autre histoire.

Amplifier

Quand on mesure quelques millimètres ou centimètres, ce n'est pas tout de faire du bruit, encore faut-il que ça s'entende. Les sacs vocaux des amphibiens sont de parfaits exemples d'amplificateurs. Chez le grillon, ce rôle est assuré par la harpe, une région triangulaire de l'élytre constituée de petites nervures parallèles. Sa cousine la courtilière utilise la cavité d'un terrier pour améliorer la propagation de son chant.

Le vent de la mort

Le ronflement aigu du sphinx tête de mort est produit par la circulation de l'air dans le pharynx, ce qui fait vibrer une membrane souple.

Les instruments à vent des animaux
Sphinx tête de mort / © Mario Cea Sanchez / Bios

Les sans-voix rampants

Avez-vous déjà entendu crier un lézard ? Chez la plupart des reptiles, les cordes vocales sont inexistantes. Cette vipère péliade s'exprime en inspirant et en expirant fortement avec ses narines. Parmi les tortues et les crocodiles, on trouve des membranes vibrantes qui permettent des petits cris, mugissements et grognements.

Les instruments à vent des animaux
Vipère péliade / © Emmanuel Boitier

Le grondement sous-marin

Le maigre comprime en rythme sa vessie natatoire. Le grondement de ce poisson – ici parasité par une lamproie – permet de le pêcher à l'oreille dans l'estuaire de la Gironde. On recense plus de 1200 autres voix dans la banque sonore ichtyologique.

Les instruments à vent des animaux
Maigre parasité par une lamproie / © Paulo de Oliveira / Bios

Le blabla dans la mare

Les chœurs des rainettes sont plus organisés qu'il n'y paraît. Dans le brouhaha, il y a des leaders qui donnent le la, des suiveurs pas très entreprenants qui font écho dans les silences et des malins qui ne disent rien mais profitent de l'afflux de femelles enthousiastes. Sans surprise, les mâles de la première catégorie ont plus de chances de s'accoupler.

Les instruments à vent des animaux
Rainette / © Frank Hecker

Pour ravir les oreilles curieuses

Dégustez les séquences audio proposées par Boris Jollivet !

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L’orchestre des animaux

Couverture de La Salamandre n°227

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 227  Avril - Mai 2015, article initialement paru sous le titre "Flûte, y a du vent"
Catégorie

Sciences

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