© Hélène Tobler

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Portraits de friches

Les bienfaits d’une friche urbaine à Lyon

La friche urbaine devient souvent lieu d'expression artistique ou jardin collectif. A Lyon, Céline Dodelin et François Wattellier y ajoutent une dimension sociale, éducative et écologique.

La friche urbaine devient souvent lieu d'expression artistique ou jardin collectif. A Lyon, Céline Dodelin et François Wattellier y ajoutent une dimension sociale, éducative et écologique.

Depuis le trottoir d'en face, la barrière rouge attire d'emblée l'attention. Derrière elle, des perches, un cadre géant, des bacs à légumes, également peints en rouge, et une étendue d'herbes folles intriguent tout autant. A l'entrée, un panneau accueillant invite à pénétrer dans La Réserve , îlot de verdure situé au cœur des Cités Sociales de Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon. Un quartier aux réalités socio-économiques difficiles où la plasticienne Céline Dodelin et le paysagiste François Wattellier ont imaginé et créé l' Atelier des Friches , une association à vocation écocitoyenne.

Fleurs de bitume

« Notre but est d'attirer et de changer le regard des gens sur la nature spontanée des villes. Nous mettons en scène des friches temporaires et des plantes qui poussent le long des trottoirs. En décorant des façades, en distribuant des graines, en animant des promenades buissonnières, nous essayons de recréer un lien avec la nature en impliquant les écoles et les habitants » , explique la plasticienne. A Gerland, Céline et François travaillent à l'échelle de tout un quartier, avec comme point de rencontre La Réserve, cette friche de 1600 m2 entourée de bitume.

D'abord squatter du terrain, l'Atelier des Friches a été soutenu dans sa démarche par la ville de Lyon et a signé en 2010 une convention immobilière avec les autorités : « Nous sommes tranquilles jusqu'en 2014, mais il est clair que nous devrons partir un jour. La ville encourage la création de jardins éphémères, mais se protège pour éviter les départs difficiles » , note François Wattellier.

Partage et participation

Dès le contrat signé, Céline et François ont investi la friche avec leurs créations colorées. Encadrés par leurs éducateurs, des adolescents exclus du système scolaire classique ont fabriqué le cadre théâtral, les barrières et un abri. La Réserve a été divisée en trois parties : une pour la nature, une pour les activités artistiques et la troisième pour les légumes. « Nous allons encore planter des arbustes pour séparer ces espaces et attirer les oiseaux. Par contre, il nous est interdit de mettre des arbres : leur valeur symbolique est telle que les gens accepteraient mal qu'ils soient arrachés ultérieurement » , sourit notre paysagiste.

L'Atelier des Friches « Ce sont surtout les femmes qui s'impliquent : il y a celles qui ont déjà eu un jardin, et d'autres qui veulent montrer des légumes à leurs enfants. Certaines souhaitent simplement profiter de l'endroit pour faire des rencontres » , s'enthousiasme Céline. La première saison, plusieurs dizaines de kilos de légumes et d'aromates ont été récoltés et partagés : blettes, rhubarbe, pommes de terre, coriandre pour le ramadan... Point de courges ni de courgettes par contre, car celles-ci se sont mystérieusement volatilisées. Céline ne se décourage pas pour autant : « Nous pourrions mettre le terrain sous clé pour éviter les vols, mais ce serait contraire à l'esprit d'ouverture et de rencontre du lieu. Nous sèmerons plutôt à l'avenir des légumes moins tentants ! »

Réseau national

En ville de Lyon, plus de 20 terrains en friche se sont, à l'instar de La Réserve, transformés en jardins de cocagne collectifs. Initié dans les années 1970 par les Community Gardens nord-américains, le mouvement s'est répandu sérieusement en France à partir de 1997, avec la création du Jardin dans tous ses états (JTSE), le réseau national des Jardins partagés.
Si, dans beaucoup de sites, les espèces sauvages et spontanées de la friche ont dû céder la meilleure place aux carrés de légumes, la biodiversité n'est pas perdante pour autant. L'adhésion à la Charte des Jardins partagés implique en effet de cultiver bio, de respecter l'environnement et de favoriser la petite faune sauvage. Autant de clauses que les projets de Céline et François appliquent à merveille.

Fleur d'hibiscus / © Hélène Tobler

Pour vous la friche c'est...

Une couleur ? Le rouge. Elle évoque le coquelicot et se marie bien avec le vert. C'est aussi l'identité de l'Atelier des Friches.

Une odeur ? Celle de la petite armoise, une plante pionnière très présente en ville.

Un bruit ? Le silence. Contrairement à ce qui se passe autour, la friche urbaine ne génère pas de bruit. Avant tout végétale, elle est un endroit très apaisant.

Une saison ? L'été. La friche se démarque alors du jardin potager. Il y a beaucoup de plantes sèches. Son côté sauvage intrigue.

Un élément ? La terre, car l'eau on ne l'a pas.
C'est l'endroit où le sol apparaît en ville. Il y a de l'humus, la vie devient possible.

Aller plus loin

Visitez La Réserve de Gerland

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Portraits de friches

Couverture de La Salamandre n°209

Cet article est extrait de la Revue Salamandre

n° 209  Avril - Mai 2012, article initialement paru sous le titre "Le jardin des possibles"
Catégorie

Écologie

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