Dans le Jura, la gélinotte vit de plus en plus haut
Au moins 1 000 m… C’est l’altitude à laquelle on peut encore rencontrer couramment la gélinotte dans l’arc jurassien français. Là-haut, le Groupe Tétras Jura veille sur elle.
Au moins 1 000 m… C’est l’altitude à laquelle on peut encore rencontrer couramment la gélinotte dans l’arc jurassien français. Là-haut, le Groupe Tétras Jura veille sur elle.
Lorsque les crêtes se succèdent jusqu’à l’horizon, certains panoramas du Jura donnent l’impression que la forêt est partout. Au-delà de l’effet d’optique, les arbres couvrent souvent plus de la moitié du territoire du massif. Un paradis pour gélinottes ? C’est plus compliqué que ça, car l’oiseau marcheur a des exigences qu’un œil non averti ne perçoit pas toujours. C’est une des raisons pour lesquelles sa répartition s’est beaucoup contractée sur la haute chaîne.
Etat des lieux
Pour Alexandra Depraz, directrice du Groupe Tétras Jura, « la gélinotte paye les frais de sa grande discrétion ». Très peu de méthodes d’inventaires existent. Les spécialistes obtiennent localement des résultats précis, à l’aide de techniques rigoureuses mais lourdes telles que les indices de présence par placette circulaire. Mais à l’échelle du massif, il faut énormément de moyens humains pour cerner la situation de cette espèce. L’oiseau est très peu démonstratif, son chant est affaire de spécialiste et les conditions de neige au sol – propices à la recherche de crottes – de moins en moins durables. Résultat, la fourchette de 1 500-3 000 individus pour l’ensemble du massif est bien trop large. De même, si la répartition globale est bien connue et concentrée sur la moitié sud du Jura français, les informations plus fines nécessaires à la conservation de la gélinotte font encore majoritairement défaut.
« Nous avons décidé de faire appel à des bénévoles, formés par nos soins. Ils ont répondu présents et nous travaillons désormais avec une bonne vingtaine de vigiles aguerris », se réjouit la spécialiste. Naturalistes, forestiers et autres volontaires sensibles au destin de la gélinotte se voient ainsi attribuer des mailles boisées à prospecter.
Besoin de détail
« La gélinotte est une petite poule forestière aux exigences fines », selon Alexandra Depraz. Pour se tourner vers les gestionnaires forestiers, la chargée de mission doit pouvoir expliquer clairement les enjeux liés au petit galliforme et les pointer précisément sur une carte. « En plus des prospections de terrain, nous utilisons désormais le système Lidar, très performant », précise-t-elle. Ces images issues de détection laser renseignent sur la structure du couvert forestier et des strates inférieures… autant d’éléments importants pour modéliser les zones de présence théorique de l’espèce.
La technologie de pointe n’est pas de trop pour anticiper certains dangers jusqu’ici sous-estimés. « Nous avons trop souvent considéré que la gélinotte n’était pas sensible aux activités humaines, par rapport aux tétras », regrette Alexandra Depraz. L’ornithologue confie avec tristesse les découvertes récentes de gélinottes écrasées par des dameuses de pistes de ski de fond et tuées par collision contre des câbles de remontées mécaniques ou électriques.
“La gélinotte est une petite poule forestière aux exigences fines qui paie les frais de sa grande discrétion…
„
Alexandra Depraz - Directrice du Groupe Tétras Jura. Les Bouchoux (Jura), France.
Quota zéro
La gélinotte des bois ne bénéficie pas d’une protection nationale. Vingt-deux départements – la plupart aujourd’hui désertés par l’espèce – interdisent sa chasse depuis plusieurs décennies. Le Jura, comme la Haute-Savoie, l’autorise encore théoriquement, mais avec un quota de tir à zéro. Ce gibier est encore tiré en Savoie, en Isère et dans les Hautes-Alpes, avec moins de 50 individus déclarés chaque année.
La présence de la gélinotte est plus facilement trahie en hiver, sur la neige. Les crottes cylindriques de 2,5 cm de long sur 6 mm de diamètre sont bien reconnaissables. Selon les saisons, leur couleur et leur composition varient.
Les tunnels ou igloos caractéristiques de l’espèce sont creusés dans la poudreuse pour se protéger du froid. On peut distinguer un gîte diurne, qui compte moins de 40 crottes, d’un igloo nocturne qui en cumule 60-70.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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