Gypaète barbu, sa situation en Suisse et en France
En 2022, la population franco-suisse du gypaète a dépassé le seuil symbolique des 100 couples. Le point sur la présence du rapace entre les Pyrénées et l’est des Alpes.
En 2022, la population franco-suisse du gypaète a dépassé le seuil symbolique des 100 couples. Le point sur la présence du rapace entre les Pyrénées et l’est des Alpes.
3 questions à…Daniel Hegglin
Directeur de la Fondation Pro Gypaète Zurich
Comment se portent les gypaètes réintroduits en Suisse ?
Très bien depuis ces quinze dernières années. Alors que les premières nidifications n’ont eu lieu qu’en 2007, soit dix ans plus tard qu’en France et neuf ans plus tard qu’en Italie, 138 jeunes gypaètes ont déjà pris leur envol en Suisse. C’est davantage que dans tous les autres pays alpins. De plus, les menaces existantes comme les collisions, le braconnage et l’empoisonnement au plomb ingéré avec la nourriture diminuent.
La réintroduction se poursuit-elle ?
La population suisse poursuit sa croissance sans intervention humaine mais des lâchers ont encore lieu pour lutter contre la consanguinité. En 2023, nous ferons un bilan et déciderons si nous poursuivons ou non les réintroductions après 2024. L’enjeu réside dans un mélange génétique suffisant entre les populations pyrénéennes et alpines.
Espérez-vous voir le gypaète occuper de nouveau toutes les Alpes suisses ?
Les preuves historiques et les modélisations actuelles montrent que l’ensemble du massif alpin suisse présente de bonnes conditions pour le gypaète barbu. Dans ce sens, nous nous attendons à ce que des couples nicheurs s’établissent à nouveau partout sur ce territoire. Autre point réjouissant, grâce aux bonnes populations d’ongulés sauvages, les gypaètes suisses ne sont pas dépendants d’actions de nourrissage par les humains.
3 questions à… Virginie Couanon
Coordinatrice du Plan national d’actions Gypaète massif pyrénéen LPO Aquitaine
Comment se porte le gypaète en France ?
Le gypaète barbu se porte mieux qu’il y a trente ans. Les réintroductions dans les Alpes, les Préalpes et les Grands Causses ont abouti à une population reproductrice et de nouveaux territoires conquis. On peut fêter cette année l’envol du premier jeune dans les Hauts Plateaux du Vercors. Mais ce bilan positif peut être nuancé localement.
Quels sont les bémols dans la progression de cet oiseau ?
En Corse, la situation du gypaète est critique, avec seulement quatre couples contre dix en 2008 et les adultes qui disparaissent ne sont pas remplacés. Dans les Pyrénées françaises, le succès reproducteur de 0,45 jeune par couple est faible comparé au taux de 0,64 chez les gypaètes réintroduits dans les Alpes françaises. Dans le massif pyrénéen, on constate aussi une baisse du taux de croissance, une part importante d’adultes non reproducteurs et de plus en plus de trios. Notre plus grande inquiétude réside dans l’augmentation extraordinaire des activités de pleine nature en montagne ces dernières années, avec tous les enjeux de cohabitation que cela implique.
La connexion des populations européennes est-elle envisageable ?
Grâce aux réintroductions, les différentes populations commencent à entrer en contact. Cela s’illustre par deux exemples récents. Des plumes récoltées dans une aire de gypaète du massif du Mercantour ont en effet montré qu’un des adultes venait des Pyrénées. Et puis, deux des oiseaux réintroduits dans les Grands Causses sont dans les Pyrénées depuis le mois de juin dernier.
Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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