L’hermine adapte son régime à la région où elle vit
Les campagnols ont beau être son péché mignon, l’hermine adapte son régime aux spécialités locales. Tour d'horizon du Canada à la Nouvelle-Zélande.
Les campagnols ont beau être son péché mignon, l’hermine adapte son régime aux spécialités locales. Tour d'horizon du Canada à la Nouvelle-Zélande.
Suisse, Belgique et France
Dodus à souhait, faciles à trouver et à traquer dans leurs galeries, presque incapables de se défendre… les campagnols sont de loin le plat préféré de presque toutes les hermines du monde. Celles qui peuplent nos régions ne font pas exception. Mais attention car il y a campagnol et campagnol et, à l’heure de passer à table, mâles et femelles ont chacun leur préférence.
Pour monsieur, rien ne vaut un bon campagnol fouisseur, le plus gros de tous. Avec ses 100 à 200 g, un seul suffit pour plusieurs repas et ses larges galeries offrent un passage facile. Grâce à sa taille fine, madame se faufile facilement dans des tunnels plus étroits. Ainsi, elle peut varier son alimentation avec des espèces plus petites comme le campagnol des champs, six fois plus léger que son gros cousin.
Pour alimenter son métabolisme hyperactif, l’hermine engloutit des quantités phénoménales de nourriture. Oui mais voilà, un ventre trop gonflé empêcherait le fin mustélidé de se faufiler à travers les galeries de ses proies ou dans un abri contre les prédateurs. Pour éviter ce souci, l’estomac de la prédatrice ne peut contenir qu’une dizaine de grammes de viande à la fois… ce qu’elle compense en prenant cinq à dix repas par jour !
Canada - Apéro musaraigne ou festin d’écureuil ?
Les campagnols sont rares dans les forêts du Nouveau-Brunswick, à l’est du Canada. Les hermines locales se rabattent donc sur les musaraignes et les écureuils. Les premières sont légion mais minuscules. Les seconds sont bien plus difficiles à attraper, mais permettent quelques bons repas en une seule prise.
Royaume-Unis - Gros gibier
Plus grandes que leurs cousines continentales, les hermines anglaises sont de ferventes amatrices de lapins. Mais ceux-ci peuvent peser huit fois plus que les gourmandes et sont capables de se défendre vigoureusement. Pour venir à bout de telles proies, les ambitieuses prédatrices les épuisent par une longue poursuite avant de leur sauter sur le dos et de se cramponner à leur nuque.
Pologne - Cuisses de grenouilles
S’il le faut, l’hermine n’a pas peur de se jeter à l’eau. Marais, tourbières et rivières sont légion dans l’est et le nord de l’Europe, et les hermines s’y installent volontiers. En Pologne, ces opportunistes complètent leur menu en s’attaquant aux grenouilles.
Russie - Poisson surgelé
Les hivers sont rudes dans l’oblast de Magadan, à l’est de la Russie. Quand le froid est extrême, la chasse aux rongeurs peut demander trop d’énergie pour être rentable. Les hermines locales se rabattent alors sur les plats surgelés. Dans le cours asséché des rivières temporaires, elles vont chercher les cadavres de poissons pris au piège par le retrait des eaux et conservés par le froid.
Nouvelle-Zélande - Kiwi ou weta
Au XIXe siècle, les hermines ont été introduites en Nouvelle-Zélande. Or, ces îles n’abritaient aucun rongeur autochtone. En revanche, le pays regorgeait d’oiseaux et d’insectes incapables de voler, comme les kiwis ou les wetas, grandes sauterelles nocturnes. Une aubaine que les mustélidés expatriés mirent aussitôt à profit. Aujourd’hui, les hermines néo-zélandaises sont les seules au monde à ne pas dépendre des rongeurs.
Italie - Corbeille de fruits
Durant l’été, les hermines des Alpes italiennes adoptent un régime moins carné que d’habitude en gobant quantité de fruits sauvages. Baies de genévrier et airelles des marais sont leurs préférés. Des proies moins nourrissantes qu’un rongeur bien dodu, mais bien plus faciles à attraper. Elles sont surtout convoitées par les mâles qui, à cette saison, préfèrent consacrer leur temps à la recherche de femelles.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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