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Intense hermine
Hermine, comment son image a évolué au cours de l’Histoire ?
Symbole de pureté ou nuisible à abattre, l’hermine a connu diverses réputations au fil de l’Histoire. Chronologie d’un destin contrasté.
Symbole de pureté ou nuisible à abattre, l’hermine a connu diverses réputations au fil de l’Histoire. Chronologie d’un destin contrasté.
Au Moyen Age, l’hermine a la cote ! A l’époque, les paysans apprécient beaucoup la chasse assidue qu’elle fait aux rongeurs. Au fil des siècles, l’intérêt qu’on lui porte a pris une autre tournure : ce qui marque les esprits désormais, c’est sa fourrure hivernale.
Tout un symbole
En Europe de l’Ouest, l’hermine est le seul mammifère, avec le lièvre variable, qui porte un costume blanc comme neige en hiver. Or, cette couleur est associée à une symbolique forte dans l’imaginaire religieux de l’époque. Le petit carnivore devient alors une vivante incarnation de la pureté et de l’innocence. Dès le XIIIe siècle, sa fourrure caractéristique apparaît sur les armoiries du duché de Bretagne, rapidement accompagnée de la devise « Plutôt la mort que la souillure ». A la fin du XVe siècle, Léonard de Vinci peint La Dame à l’hermine, où la bête
personnifie la chasteté et l’humilité.
La rançon de la gloire
Paré de tant de vertus, leur pelage blanc devient signe de richesse et de haut statut social au sein de la noblesse, puis de la bourgeoisie. Mais qui dit fourrure dit piégeage... Pour alimenter cette mode, une traque sans merci se développe en Europe, en Sibérie, puis en Amérique du Nord. Pendant plusieurs siècles, des centaines de milliers de peaux sont ainsi récoltées chaque année pour être transformées en vêtements de luxe. En 1937, pic de ce gigantesque commerce, 50 000 fourrures sont envoyées du Canada vers l’Angleterre à l’occasion du couronnement du roi George VI.
Popularité en berne
A la fin du XIXe siècle, alors que sa fourrure est plus recherchée que jamais, l’hermine voit sa réputation se ternir peu à peu. Elle devient l’objet de méfiance, de mépris, voire de haine. Cette déchéance est telle qu’en 1946, le scientifique Kerry Wood n’hésite pas à écrire : « il y a quelque chose de sinistre dans leur apparence [...] et beaucoup d’entre nous ressentent le sentiment du devoir
accompli après en avoir abattu une ». Quel méfait inavouable a bien pu provoquer un tel retournement de situation ?
Touche pas à ma perdrix
A la fin des années 1800, la chasse de loisir connaît un essor considérable. Or, les adeptes de la gâchette apprécient peu la concurrence. C’est alors une véritable croisade qui est lancée contre tous les animaux suspectés de s’attaquer au précieux gibier. L’hermine, qui croque parfois quelques œufs de perdrix ou de faisan, devient une criminelle. Armés de pièges, de fusils et d’appâts empoisonnés, les gardes-chasse lui mènent une guerre effrénée. Les victimes se comptent alors par millions.
Chasse aux sorcières
Pour justifier cette destruction systématique, toutes sortes de crimes sont attribués aux petites chasseresses... et peu importe que la plupart soient pure fiction. Dans l’imaginaire collectif, elles deviennent des créatures démoniaques qui tuent pour le plaisir et boivent le sang de leurs victimes. Des témoignages affirment qu’elles hypnotisent leurs proies en dansant et se regroupent en bandes pour attaquer les promeneurs isolés. Cette mauvaise réputation est entérinée dans la loi avec l’apparition de la notion de nuisible puis susceptible d’occasionner des dégâts. Aujourd’hui, l’acharnement perd de sa virulence et l’hermine est protégée en Suisse, mais ce carnivore reste chassable en France où certaines idées reçues ont la vie dure.
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Cet article est extrait de la Revue Salamandre
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